Etats-Unis : l'économie crée trop d'emplois, la Fed veut la freiner pour éviter les hausses de salaire

C'est un problème que de nombreux pays - dont la France - aimeraient avoir à résoudre : comment gérer une économie qui crée trop d'emplois ? La question semble absurde, mais se pose réellement aux Etats-Unis où la croissance économique, de 3% environ cette année, a fait chuter le taux de chômage à 3,7% en septembre... son plus bas niveau depuis 1969.

Tirée notamment par les baisses d'impôt décidées par Donald Trump, l'économie américaine a créé environ 3 millions d'emplois cette année. Et cette dynamique devrait perdurer en 2019 puis en 2020, et le chômage continuer à baisser. Or, la population active ne croît pas suffisamment vite pour absorber ce besoin de main-d'oeuvre et les salariés pourraient manquer, ce qui pourrait entraîner une augmentation des salaires, et donc de l'inflation. Ce que refuse la banque centrale américaine, la Fed, dont la mission est d'assurer la stabilité des prix (soit une inflation proche de 2%).

En 2020, la population en âge de travailler ne pourra absorber que 950.000 créations d'emplois dans l'année, et si l'économie américaine continue d'en créer plus de deux millions, "il n’y aura plus assez de population active pour les pourvoir", prévoit Anton Brendern chef économiste de Candriam. Et puisque Donald Trump n'envisage pas de compenser ce manque par l'immigration, le pays sera en manque. Pour freiner l'économie, la Fed a donc augmenté ses taux d'intérêt quatre fois en 2018 et prévoit de le faire deux fois l'année prochaine, pour contracter l'offre de crédit et décourager les Américains d'investir.

Donald Trump, lui, est "en désaccord complet" avec la politique de la Fed et ne cesse de critiquer son patron, Jerome Powell. Il aurait même demandé à ses conseillers si la loi l'autorisait à le limoger.