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Saif al Islam Kadhafi, 
réformateur ou aussi extrémiste que son père ?
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Ambigu

Le deuxième fils de Kadhafi, personnage ambigu : modéré ou complice ?

Saif al-Islam, le second fils de Kadhafi, longtemps regardé comme son successeur potentiel fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité depuis le 27 juin dernier. Est-il un réformateur frustré, un modéré, ou un fervent supporter du jusqu'au-boutisme de son père ? Qui est-il ?

Kadhafi aurait eu huit enfants issus de deux mariages, plus deux adoptés. L'aîné des fils Kadhafi, c'est "Saif al-Islam « sabre de l'islam », né le 25 juin 1972. Il est architecte-urbaniste de profession, il est le plus impliqué sur le plan politique et il est surtout connu pour son rôle dans l'indemnisation des familles des victimes des attentats de Lockerbie et du vol d'UTA commis par des Libyens. Il dirige actuellement la Fondation Kadhafi pour le développement," explique RFI.

C'est lui, Saif, qui avait accusé le Sénégal d'avoir été payé par le Qatar pour reconnaître le Conseil National de Transition animé par les rebelles libyens. Sans oublier que le président sénégalais, Wade, fut le premier chef d'état étranger à aller à Benghazi, le quartier général de la rébellion.

Philippe Sands, un avocat fait son portrait dans le magazine Vanity Fair, après avoir rencontré certains des proches de ce fils étrange, et le procureur qui le vise. Sands rappelle que Saif a fait un discours télévisé le 20 février dernier, à la télévision libyenne, qui n'était pas du tout celui de la réconciliation, bien au contraire. 

Ceci alors que la répression des forces de l'ordre aux ordres de son père avait commencé, faisant plus de 200 morts selon l'ONG Human Rights Watch. Saif a fait un discours guerrier, dénonçant un complot étranger, et terminant de manière claire "Nous nous battrons jusqu'au dernier homme, à la dernière femme, à la dernière balle".

Depuis 2004 Saif était apparu comme le plus fréquentable de la famille Kadhafi. Après des études universitaires à Tripoli, suivies d'un MBA, il avait continué ses études à la London School of Economics (L.S.E.). Puis en 2008, il avait défendu une thèse sur "Le rôle de la société civile dans la démocratisation des institutions de gouvernance" avant de participer à la conférence de Davos en Suisse.

Saif a créé une fondation qui versa des indemnités aux victimes de l'attentat contre un avion américain de la cie Panam, qui avait explosé au dessus de Lockerbie. Un attentat qui a toujours été attribué aux autorités libyennes.

Certains voyaient alors en lui, le futur Premier ministre. Il représentait l'espoir d'une démocratisation, même timide de la Libye. On lui attribue la libération de quelques prisonniers politiques. Un professeur de la LSE a été longtemps en contact avec lui. il le considère comme un jeune homme sérieux, même s'il était toujours entouré de jeunes femmes. 

Selon cet homme, David Held, qui a vu Saif pour la dernière fois en décembre dernier, le fils Kadhafi était sous pression. Il aurait été obligé de retirer les droits de l'homme des objectifs de sa fondation, et aurait été un fervent partisan de la démocratie, aussi bien en Tunisie qu'en Libye, mais il aurait été incapable de rompre avec son père.

Selon Held, le discours de Saif le 20 février 2011, lui aurait été imposé, et n'avait rien à voir avec celui qu'il avait préparé. Mais il l'a finalement assumé auprès d'un de ses amis avec qui il a parlé par téléphone, et il marque en tout cas officiellement un vrai changement dans son attitude.

Vanity Fair cite aussi le procureur du TPI, Luis Moreno-Ocampo, rencontré par l'auteur de l'article. Le procureur dit avoir des preuves irréfutables accusant Saif d'avoir été en charge de la logistique qui a permis de faire venir des soldats mercenaires, entre autres du Tchad, qu'il aurait même financés. Des hommes qui ont tiré sur la foule et commis des massacres.

Saif semble avoir choisi le mauvais camp au mauvais moment, alors que ses études et sa formation lui auraient permis d'avoir un autre destin. Le démocrate potentiel est-il devenu un criminel par solidarité familiale ?

Ce jeudi matin, une dépêche de l'agence AP indique Saif déclare être dans les faubourgs de Tripoli, et que son père va bien signale le Washington Post.

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