L’Afrique francophone préfère l’anglais<!-- --> | Atlantico.fr
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Comment la France perd-t-elle son influence sur les africains au profit des USA ?
Comment la France perd-t-elle son influence sur les africains au profit des USA ?
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Les Africains francophones sont de plus en plus nombreux à se mettre à l’anglais. Ils sont aussi attirés par les États-Unis, pays d’émigration vers lequel ils se tournent. Comment la France perd-t-elle son influence sur les africains au profit des USA ? C’est la question à laquelle G.Pascal Zachary correspondant du Wall Street Journal a tenté de répondre.

C’est le scandale Dominique Strauss-Kahn qui a mis la puce à l’oreille de l’auteur. La nationalité de la plaignante en particulier. Comment cette Guinéenne s’est-elle retrouvée aux États-Unis plutôt qu’en France ? Car, comme le souligne G. Pascal Zachary elle aurait pu être sénégalaise, camerounaise, gabonnaise ou beninoise…

C’est au cours d’un voyage au Cameroun que l’auteur a noté et s’est étonné une première fois de ce rapprochement de l’anglais pour ces francophones d’origine.  Ces hôtes avaient un anglais parfait tout comme leur équipe. Alors, il est vrai que le Cameroun compte une région anglophone. Mais la principale raison pour laquelle les Camerounais délaissent le français est surtout que l’anglais leur permet de trouver de nouveaux capitaux notamment américains. Surtout, ils se rapprochent de l'anglais afin de s’émanciper de la domination économique française un peu trop importante pendant de nombreuses années.

Par ailleurs, les Africains francophones ayant poursuivi leurs études dans les universités françaises sont aujourd’hui plutôt attirés par les pays anglo-saxons car, jugent-ils, il n’y a pas de vraies perspectives d’évolutions dans les entreprises françaises. Dans ce sens, selon G.Pascal Zachary, ils ne sont pas très reconnaissant envers le gouvernement français qui a payé leurs études afin de créer de vrais liens entre les différentes élites de chaque pays.

Après le Cameroun, c’est le Rwanda qui permet de visualiser l’évolution de l’attirance des africains francophones pour la culture anglo-saxonne. A la base, le Rwanda est un pays francophone. Mais peu après le génocide de 1994, le nouveau président Paul Kagamé a choisi comme troisième langue officiel l’anglais. Lui qui a passé de nombreuses années en exil en Ouganda n’y a jamais parlé le français. C’est pour cette raison qu’il s’est tourné vers les États-Unis pour suivre un entrainement militaire. Et c’est encore pour cette même raison qu’il monte un nouveau groupe de médias uniquement en anglais. Mais la principale cause de cette émergence de l'anglais reste sans doute le fait que beaucoup de Rwandais s’étaient réfugiés aux États-Unis pendant le génocide et sont revenus dans leur patrie originelle.

L’attachement des sub-sahariens envers la politique des États-Unis à l'égard de leurs pays se concrétise facilement dans les sondages. Ainsi on apprend que les pays d'Afrique noire approuvent à 75% minimum cette politique américaine à l'égard de leurs pays. Le chiffre monte à 85% dans plusieurs pays francophones (Tchad, Côte d'Ivoire, Sénégal, Mali, Burundi).

Enfin, la religion est aussi un des éléments d’une appréciation grandissante de l’univers anglo-saxons chez les Africains d’origine francophone. L’auteur cite l’exemple d’un de ses amis marié avec une femme musulmane d’origine sénégalaise. S’il est malvenu de lui serrer la main, le femme de son ami étant musulmane, G.Pascal Zachary remarque aussi qu’elle s’exprime très librement et il s’étonne de l’entendre dire qu’elle a choisi ce mariage car cela lui ouvrait la voie des États-Unis qu’elle préfère à la France.

Il est vrai qu’aujourd’hui la géopolitique sera de plus en plus influencée par les diasporas. Les Cubano-américains par exemple ont une influence certaine sur la politique américaine envers Cuba tout comme la diaspora juive peut en avoir une sur les relations israélo-américaine.

Au-delà du pétrole, de la guerre contre le terrorisme ou des questions humanitaires, la politique des USA envers le continent noir est forcément influencée par la présence sur son sol de plus d’un millions d’immigrés naturalisés étant nés en Afrique.

Lu sur The Atlantic

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