Retour raté d'Arnold Schwarzenegger au cinéma : existe-t-il encore une place pour Terminator dans l'Amérique post 11-Septembre ? <!-- --> | Atlantico.fr
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"ll be back !", depuis son rôle culte de cyborg dans Terminator, la fameuse réplique colle à la peau d’Arnold Schwarzenegger.
"ll be back !", depuis son rôle culte de cyborg dans Terminator, la fameuse réplique colle à la peau d’Arnold Schwarzenegger.
©Reuters

I'll be back

Le gouverneur de Californie a retrouvé du travail... mais pas son public.

Alexandre  Devecchio

Alexandre Devecchio

Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro. Il est responsable du FigaroVox. 

Il a notamment publié "Recomposition" aux éditions du Cerf

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"I'll be back ! ", depuis son rôle culte de cyborg dans Terminator, la fameuse réplique colle à la peau d’Arnold Schwarzenegger. Après des années d’absence au cinéma et un discret retour dans la franchise Expendables avec son ami Stallone, l’ex governator fait son come-back en solo dans Le Dernier rempart réalisé par le Sud-coréen Kim Jee-Woon qui sort sur les écrans français ce mercredi.

A 66 ans, l’acteur, qui a refermé sa parenthèse politique, est déterminé à reprendre du service. « J’ai vu des patrons de studio prendre leur retraite à 60 ans ou des politiciens tout arrêter à 65 ans et je constate que ces gens sont perdus… Je cherche les défis, je veux être actif, impliqué, voyager dans le monde entier et travailler » explique-t-il dans le magazine cinemateaser. Reste maintenant à savoir si les spectateurs ont vraiment envie de retrouver Schwarzy dans de nouvelles aventures cinématographiques….

Au vu du bide historique enregistré par le Dernier rempart lors de sa sortie américaine, rien n’est moins sûr. Certaines critiques, trop contentes de pouvoir enfin l'enterrer, argueront sans doute que le public a simplement ouvert les yeux sur les réels talents d’acteur de l’ancien champion de culturisme dont l’expressivité est parfois, il est vraie, inversement proportionnelle à  la taille des biceps.

Mais, réduire Arnold Schwarzenegger à son statut de Monsieur muscle serait injuste au regard de son CV. Conan le Barbare, Predator,Total Recall, l’acteur, aujourd’hui "semi-has-been" était une véritable icône culturelle dans les années 80. Et c’est peut-être, paradoxalement, parce qu’il a marqué son époque que l’éternel Terminator aura beaucoup de difficultés à revenir dans un monde qui a changé.

Shwarzy, héros typique des années Reagan

1985, Arnold Schwarzenegger, alors au sommet de sa carrière, joue dans Commando de Mark L. Lester. Il y  incarne John Matrix, un ancien combattant d’élite qui affronte un dictateur déchu. Avec son ami et rival Sylvester Stallone, qui durant la même période triomphe dans Rambo et Rocky, Schwarzy incarne le héros d’action typique des années Ronald Reagan.

En 1981, l’arrivée à la maison blanche de l’ancien acteur de série B et de son « America’s back » marque un tournant : les traumatismes de l’après Vietnam laissent place au patriotisme exacerbé d’une nation qui déborde de confiance en elle-même. Stallone et Schwarzenegger deviennent les symboles de cette Amérique conquérante dont la violence est justifiée par la lutte du « Bien » contre le « Mal ».

Après la chute du mur de Berlin en 1989, l’Amérique, qui a terrassé son vieil ennemi soviétique, semble plus puissante que jamais.Ce n’est qu’une illusion. La guerre du Golfe et la crise économique succèdent à la Guerre froide. L’équilibre des deux superpuissances laisse place à un monde multipolaire encore plus incertain. Sylvester Stallone connaît son dernier vrai succès en 1985 avec le manichéen Rocky IV dans lequel Balboa affronte Ivan Drago, un boxeur russe dopé aux stéroïdes. En 1990, Rocky V est un échec cinglant. Arnold Schwarzenegger résistera plus longtemps, notamment grâce à son personnage mythique de Terminator.

Le tournant du siècle et surtout les attentats du 11 septembre seront néanmoins fatals pour la star. Dans Dommage  collatéral sortie en 2002, Arnold Schwarzenegger incarne un pompier marié et père de famille, qui voit sa vie brisée par la mort de sa femme et de son fils dans un attentat, et décide de se venger des terroristes. Mais après la chute du World Trade Center, l’Amérique, colosse au pied d’argile en partie victime de sa propre arrogance, doute d’elle-même. Le héros des années Reagan qu’est resté Schwarzy apparaît étrangement anachronique. L’époque a changé, le cinéma aussi. Arnold Schwarzenegger se fait élire gouverneur de Californie en 2003, un poste qu’il occupe jusqu’en janvier 2011.

Jessica Chastain plus forte que Terminator

Lors de son premier week-end d’exploitation aux Etats-Unis, Le Dernier Rempart a été largement devancé au box-office par Zero Dark Thirty de Katheryn Bigelow. La réalisatrice de Démineur a donc mis la fessée à Terminator. Fondé sur important travail documentaire, Zero Dark Thirty raconte la traque d’Oussama Ben Laden par une unité des forces spéciales américaines... Ici pas de héros musclé, le personnage principal est une femme incarnée par Jessica Chastain. Pas de méchants non plus, le chef terroriste Al-Qaïda n’apparaît jamais physiquement à l’écran.

Juste le portrait saisissant d’une Amérique post-11septembre qui affronte ses démons intérieurs (la torture) et se révèle  presque impuissante à vaincre ses ennemis : il aura fallu dix ans pour trouver et abattre Ben Laden. Le pitch du Dernier rempart est digne d’un épisode de la série Walker Texas Ranger avec Chuck Norris : un shérif américain vivant près de la frontière mexicaine affronte seul le chef d'un cartel de drogues. Arnold Schwarzenegger aurait peut-être mieux fait de continuer la politique…

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