


Et pendant ce temps-là, qui finance notre assurance chômage... ? La Chine
Dans l’indifférence générale, les partenaires sociaux poursuivent leur négociation sur la sécurisation de l’emploi. Derrière ce mot barbare, les syndicats voudraient mettre plus de droits pour les salariés tandis que le patronat cherche davantage de flexibilité. Le gouvernement, qui n’a aucune envie de devoir légiférer dans une matière où il n’y a que des coups à prendre, pousse en faveur d’un accord a minima, qui permettrait d’afficher un succès début 2013.
Pourtant, la situation du marché de l’emploi n’est pas bonne en France. Avec la crise, le chômage dépasse les 10 % de la population active. Mais la crise n’explique pas tout. Depuis le début des années 1980, ce taux n’a jamais été inférieur à 8 % (2% en 1960). Le marché du travail français, ultra-réglementé, est scindé en trois : un secteur public où l’emploi est garanti à vie, un secteur privé où le contrat à durée indéterminé (CDI) est très difficile à rompre et un dernier marché, très flexible, où l’emploi est précaire (CDD et intérim).
Cette situation n’est pas optimale. Les effectifs de la fonction publique ne peuvent être réduits qu’à la marge avec les départs en retraite. Les personnes en CDI s’accrochent à leurs postes, de peur de ne rien retrouver derrière. Enfin, les personnes en contrats précaires (15 % de la population active du privé) rencontrent des difficultés d’insertion sociale (achat d’un logement par exemple). Quant aux entreprises, elles hésitent beaucoup à embaucher en CDI de peur de ne pas pouvoir débaucher en cas de ralentissement de leurs activités et préfèrent payer cher des entreprises d’intérim.
Pourtant, rien ne bouge. A quelques timides exceptions près (2008 : possibilité de rupture à l’amiable du CDI, dite rupture conventionnelle), la plupart des initiatives politiques ont visé à durcir encore la protection des CDI et donc à booster les contrats précaires. La dernière en date concerne les « licenciements boursiers », que le gouvernement veut interdire. L’idéal de la France, catholiques et socialistes réunis, reste une économie figée quelque part dans les années 1960 où chacun trouverait un métier idéal qu’il conserverait sa vie durant.
Si rien ne bouge, c’est aussi que chacun trouve un intérêt dans l’affaire. Reflet de ce monde immobile et stable auquel les Français aspirent, la fonction publique regorge de candidatures. Au-delà des affaires très médiatisées, les personnes en CDI ne souffrent que rarement des licenciements : les licenciements économiques représentent 2,5 % des entrées à Pôle Emploi, dix fois moins que les CDD. Les personnes en emplois précaires, les plus mal loties, sont souvent des jeunes peu qualifiés et d’origine étrangère, donc peu audibles.
Au fond, la seule victime de cette situation est le système d’assurance chômage. Il verse une allocation aux nombreux chômeurs et même à ceux, de plus en plus nombreux, qui exercent une activité réduite (moins de 25 heures par semaine). Un système au départ conçu pour ne pas trop éloigner les chômeurs du marché du travail mais qui n’incite pas vraiment à la reprise d’un emploi permanent. Le régime d’assurance chômage est donc en déficit (2,5 Md € en 2012), accumulant une dette de 14 Md €. Seule « bonne » nouvelle : le financement de cette dette est assuré par les investisseurs étrangers (un tiers des détenteurs) dont, depuis l’an dernier, la Banque centrale de Chine !