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Richard Millet le maudit…
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Requiem pour le monde d’avant

Son « Journal » est un chef-d œuvre de lucidité et de rage.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Il y eut un avant Breivik. Et un après Breivik. Avant Richard Millet se promenait avec succès d’un éditeur à l’autre : Balland, P.O.L, Gallimard. Puis il écrivit un « Eloge littéraire de Breivik ». La mise à mort fut immédiate.

On le chassa de chez Gallimard. Tous les éditeurs qui l’avaient choyé auparavant se détournèrent de lui. Les caméras de télévision boycottèrent cet écrivain devenu infréquentable. Tous les micros le quittèrent pour se tourner vers des auteurs qui ne pensaient pas mal.

Richard Millet savait ce qu’il faisait en manifestant de la compréhension pour le suprémaciste norvégien. Il faut dire qu’il avait déjà très mal commencé. Dans les années 70, Millet était au Liban où il fit le coup de feu. Du mauvais côté comme toujours : pas de celui des Palestiniens mais dans les rangs des Phalanges chrétiennes de Pierre Gemayel.

Richard Millet est un imprécateur dans la tradition de Bossuet. Son « Journal » oscille entre la colère et le désespoir. Ce catholique fervent est hanté par le suicide. Tout cela dit avec des mots admirables qui font honneur à la langue française.

Quand on s’immerge dans le texte de Millet, son « Journal » où chaque journée est consignée, on finit par regretter qu’une année ne compte que 365 jours. Avec lui, nous sommes en bonne compagnie.  Il nous fait rencontrer Victor Hugo, Barrès, Barbey d’Aurevilly, Montherlant, Greene.  Nous communions en même temps que lui avec Mahler, Boulez et des chants religieux.

Puis vient la colère.

« Alors que la France, culturellement avilie, colonisée, stupide, abjecte, fête Halloween malgré la mise en garde de l’Eglise j’écoute « missa pro defunctis » de Victoria. »

Suit le mépris. Il cite François Nourissier qui, « inspiré sans doute par Jack Lang», déclare ceci :

« il est possible que de jeunes écrivains issus de l’immigration s’emparent du thème de la société multiculturelle. Je crois que le renouveau du roman français viendra de là. Je ne serai pas étonné de voir surgir d’une banlieue un grand roman beur ».

Des propos, et là Millet hurle, qu’il juge « serviles ».

Et page 98 cette phrase qui résonne comme un épitaphe. « Finir en beauté (celle de l’honneur) ». On adopte ces mots. Et on se dit que le livre de Millet aurait pu s’appeler «  Il était une fois la France ».

* « Journal ». Richard Millet. Editions Pierre-Guillaume de Roux

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