Turner – Peintures et Aquarelles- Collection de la Tate : la fascinante exposition d’un “Voyageur de Lumière”<!-- --> | Atlantico.fr
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Turner exposition
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L'exposition "Turner – Peintures et Aquarelles- Collection de la Tate" est à découvrir au Musée Jacquemart-André jusqu'au 11 janvier 2021.

Turner – Peintures et Aquarelles- Collection de la Tate

INFOS & RÉSERVATION
Musée Jacquemart-André Ouvert tous les jours de 10h à 18h Nocturnes les lundis jusqu’à 20h30 Tarifs : 14 € L’exposition est prolongée jusqu’au 11 janvier 2021
158, Boulevard Haussmann
75008 Paris
Tél. : 01 45 62 11 59
http://www.musee-jacquemart-andre.com/
Ouvert tous les jours de 10h à 18h Nocturnes les lundis jusqu’à 20h30 Tarifs : 14 € L’exposition est prolongée jusqu’au 11 janvier 2021

RECOMMANDATION

Excellent


THEME
Le grand maître de l’aquarelle anglaise trouve ici un écrin de choix. Dans ce cadre intimiste du musée-hôtel particulier Jacquemart-André, la délicatesse de l’art de l’aquarelle est particulièrement mise en valeur. Grâce aux prêts exceptionnels de la Tate Britain de Londres, on peut admirer 60 aquarelles et une dizaine de peintures à l’huile, certaines jamais montrées en France. On suit l’itinéraire de l’artiste, depuis ses débuts jusqu’aux folles innovations des dernières années, ouvrant une voie vers l’impressionnisme et l’abstraction.

Paysages et Voyages :  formé dans des ateliers de gravures, de topographie et d’architecture, il se distingue comme dessinateur et coloriste. Il apprend l’art de la perspective et commence à cerner des bâtiments londoniens avec grand raffinement. Turner, un observateur appliqué, porte toute sa vie, une attention particulière à la nature. Chaque été, Turner part avec son carnet de croquis explorer les motifs pittoresques que lui offre la diversité des paysages de l’Angleterre, du Pays de Galles, de l’Ecosse et du Kent. Il innove et impose le genre, car à l’époque c’est la peinture d’Histoire qui prédomine comme art majeur. Il se confronte aux maîtres du passé, d’abord à Rembrandt. Mais c’est de Claude Gellée, dit Le Lorrain, qu’il se sent l’héritier légitime. Il fait figure de principal peintre paysagiste dans l’Histoire de l’Art.  L’exposition à Jacquemart-André nous offre de somptueuses aquarelles de Vues, de gorges, de ports, de ponts, de lacs, de châteaux. Le Château de Norham par exemple est l’une des deux grandes études préparatoires exposée à la Royal Academy en 1789. Avec l’instauration d’une paix durable en Europe, Turner se rend en 1817 sur le continent, aux Pays-Bas et dans les Alpes. Un véritable choc visuel pour l’artiste. Les panoramas vertigineux nourrissent une inspiration nouvelle dont témoignent nombre d’aquarelles dans l’exposition. En 1819-20, il effectue son « Grand Tour » d’Italie de six mois, à Rome, Naples et à Venise.

L’eau : « L’Aquarelle, peinture légère sur papier avec des couleurs transparentes délayées dans l’eau » (Le Petit Robert). Avec William Turner, cette expression picturale prend la valeur de chef d’œuvre. Ses sujets préférés, les rivières, les fleuves, les bords de la Tamise…Plus tard, lors de ses voyages sur le continent, c’est la Loire, la Seine, Le Rhin, qui sont ses inspirations de prédilection.  L’élément fluide le fascine, il étudie toute sa vie ses turbulences et ses subtilités lumineuses. 

Lumière , couleur : à la fin des années 1810, Turner travaille à partir d’études en couleurs, dites « ébauches colorées » (colour beginnings). Ces dessins peints ensuite dans son atelier lui permettent de recréer la lumière et la couleur en faisant appel à sa mémoire visuelle particulièrement développée.  Le « magicien de la couleur » comme on le surnomme, par son talent d’observation des phénomènes météorologiques et lumineux,  réussit à créer des univers fantasmagoriques. Une petite aquarelle, remarquable entre d’autres, « Dinant au coucher de soleil » vers 1839, Turner y évoque la lumière irisée du coucher du soleil par une palette très variée, mariant les tons jaune, ocre, écarlate, rouille, vert mousse et violet. Ces couleurs donnent leur forme à la citadelle de Dinant, sur la Meuse, qui surplombe le paysage.

Œuvres de maturité : Turner approche ses soixante- dix ans quand il produit sûrement ses plus belles aquarelles. Et non moins ses plus grandes huiles.  A l’exposition Jacquemart-André, on note une sélection remarquable, comme :  Yacht approchant de la côte, vers 1840-1845, où les motifs figuratifs disparaissent dans un halo dans le ciel et sur la mer créant un effet visuel éblouissant ;  La Visite de la tombe, 1850. Sa dernière oeuvre exposée à la Royal Academy, un an avant sa mort.  Une des quatre toiles consacrées à l’histoire de Didon et Enée de l’Enéide.

Académie Royale : Dès 1798, Turner se fixe pour but d’intégrer la prestigieuse Académie Royale.  A l’âge de 24 ans seulement, il est élu membre de la Royal Academy !  Quelques années plus tard, en 1807, il est élu professeur de perspective à la Royal Academy. En 1845, âgé de 70 ans, il en devient Président. Venise devient l’un de ses thèmes favoris au point qu’il présente chaque année, dès 1832 jusqu’en 1846, une toile sur la ville à la Royal Academy. Parfois, les jours de vernissage précédant les expositions de la Royal Academy, on peut voir Turner, à la stupéfaction de ses collègues académiciens,  finir sa toile restée largement inachevée, avec des touches de couleur spontanées, ou ajouter des coups de pinceaux pour rehausser le sujet, avant de la valider.

POINTS FORTS
La magie de l’aquarelle transposée sur la peinture traduisant même à la spatule les effets fluide de la lumière subtile et impalpable.

n incessant expérimentateur, Turner réinvente constamment toutes les vibrations du spectre de la lumière. Il en résulte un enchantement jubilatoire à immerger son regard dans l’infinie variété de la lumière-couleur,de la plus subtile délicatesse des bleus-gris à la violence incandescente des jaunes-rouges, comme dans L’Incendie des chambres des Lords et des Communes,1835. Coll Cleveland Museum of Art.

L’exposition laisse une large place aux aquarelles et huiles sur Venise. La forte impression que produit la Sérénissime sur le peintre se traduit par une série de vues d’une exceptionnelle liberté et de transparence, où les motifs semblent flotter à la surface du papier…La lumière se reflète à l’infini dans les canaux et les ombres dans ce spectacle à ciel ouvert de la cité des Doges : Venise, la Piazzetta avec la cérémonie du Doge épousant la mer, huile sur toile, vers 1835 ; Venise : vue sur la lagune au coucher du soleil, aquarelle, 1840 ; Quai de Venise, palais des Doges, huile sur toile, exposé en 1844.

POINTS FAIBLES
Pas de points faibles, sinon la gêne de portage de masques … mais ô combien salutaires.

EN DEUX MOTS
Une occasion rare de voir ou revoir des œuvres fascinantes de la gloire nationale parmi les grands artistes anglais, ici à Paris, notamment au moment où les voyages outre-Manche deviennent difficiles.

UN EXTRAIT
“ Turner semble peindre avec de la vapeur teintée tellement sa couleur est évanescente et impalpable.” (John Constable).

“ Turner était aquarelliste avant d’être peintre. Il a appliqué à ses tableaux les leçons de l’aquarelle : diffusion de la lumière et de la couleur, transparence, délicatesse, effets atmosphériques.” (David Blayney Brown, Conservateur senior de l’art britannique du XIXe siècle à la Tate Britain de Londres).

“ Tout le monde me l’avait décrit comme grossier, rustre, vulgaire, le contraire de l’intellectuel… J’ai découvert un homme de qualité à la tournure d’esprit bien anglaise, quelque peu excentrique, qui a en horreur les fumisteries en tout genre, un homme fin, peut-être un peu égoïste, hautement cérébral. » (John Ruskin, son biographe).

L'AUTEUR
Joseph Mallord William Turner (1775-1851) est incontestablement le plus grand représentant de l’âge d’or de l’aquarelle et de la peinture anglaise.

Déjà à 13 ans, il travaille chez l’architecte Thomas Malton et se fait remarquer comme excellent dessinateur et fin coloriste. Il expose ses premiers essais dans la vitrine du barber shop de son père. Un an après, il est admis à l’école de la Royal Academy de Londres.

 En 1802, Turner fait un premier voyage en France profitant de la courte Paix d’Amiens.  Au Louvre il découvre Poussin, Titien, le Corrège et le Dominiquin.

Après avoir parcouru la Grande-Bretagne, il part à la découverte du Continent. En quelques coups de pinceau, il fait jaillir de saisissantes vues des plus beaux paysages de Suisse ou d’Allemagne, et surtout d’Italie, dont il sait comme nul autre rendre la lumière si particulière. Déjà, il reçoit d’innombrables commandes, notamment de l’aristocratie.

 Les trois voyages à Venise sont déterminants dans l’œuvre de Turner. Le premier en 1819, voir Venise : San Giorgio Maggiore – tôt le matin, aquarelle, 1819. Le second en 1833 avec sa première huile du Pont des soupirs. Son dernier séjour en 1840, à l’âge de 65 ans,  est sûrement le plus marquant. 

 Sur le plan personnel, Turner, de condition modeste, et servi par un physique ingrat, est connu comme brusque, pingre, arrogant. Cependant, quelques intimes trouvaient en lui un être jovial, fin d’esprit, capable de se moquer de lui-même.

Le Legs Turner est en grande partie conservée à la Tate Britain qui abrite des centaines de peintures et des dizaines de milliers d’œuvres sur papier : aquarelles, dessins et carnets de croquis laissés dans son atelier.

 Il s’éteint le 19 décembre 1851. Il est enterré le 30 de ce mois dans la crypte de la Cathédrale Saint-Paul, à côté de Joshua Reynolds et de Sir Thomas Lawrence, selon son vœu « d’être enterré parmi ses frères d’art ».

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