"Le Bureau des légendes" de Éric Rochant : Mille sabords, quelle série !<!-- --> | Atlantico.fr
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Le bureau des légendes Canal + série culte espionnage services secrets
Le bureau des légendes Canal + série culte espionnage services secrets
©DR / Xavier Lahache / Canal +

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"Le Bureau des légendes", une série de Éric Rochant. "Au sein de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure), un département appelé le Bureau des légendes (BDL) pilote à distance les agents les plus importants des services de renseignements français : les clandestins".

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann d’abord professeur d’histoire en collège, est actuellement enseignant-chercheur en histoire contemporaine à l’université de Lille – Charles de Gaulle. Le théâtre est une passion qui remonte à sa découverte du Festival d’Avignon ; il s’intéresse également aux séries télévisées. Il est, avec Charles Edouard Aubry, co-animateur de la rubrique théâtre et membre du Comité Editorial de Culture-Tops.

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"Le Bureau des légendes" de Éric Rochant

My Canalplus (production Canal +) Cinq saisons depuis 2015 (50 épisodes au total)
Avec Mathieu Kassovitz, Sara Giraudeau, Florence Loiret-Caille, Artus, Gilles Cohen, Jean-Pierre Darroussin, Mathieu Amalric, Jonathan Zaccaï, Louis Garrel...

RECOMMANDATION
En priorité

THEME
 • Il existe, au sein de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), un service appelé Bureau des légendes (BdL), où des agents du renseignement sont sélectionnés, formés puis envoyés en mission en zones sensibles. Chacun d’entre eux porte un nom de code tiré du répertoire des injures du capitaine Haddock, et doit assimiler puis préserver coûte que coûte sa « légende » pour mener à bien son opération.

• Le BdL, d’abord dirigé par le débonnaire Henri Duflot (J.-P. Darroussin), a pour maître-espion Guillaume Debailly, alias Malotru (M. Kassovitz). L’histoire d’amour que ce dernier noue en Syrie avec la belle Nadia El Mansour (Zineb Triki) introduit dans la belle machine à renseigner le grain de sable qui, de proche en proche, met en péril tout le service.

POINTS FORTS
• Éric Rochant réussit un triple tour de force : montrer de manière probante un monde par définition voué au secret ; rendre touchants - voire sympathiques - une galerie d’agents restitués dans leur humanité face à des opérations et à des choix qui souvent la menacent ; enfin, articuler constamment et de manière très pertinente les théâtres (Proche et Moyen-Orient, Maghreb, Asie, Russie, etc...) et les enjeux (renseignement, espionnage informatique, terrorisme...) avec l’actualité la plus brûlante et percutante, mais sans racolage ni intrigues tirées par les cheveux pour coller à l’Histoire.

• Pour incarner des personnages constamment confrontés à des choix quasi-cornéliens, la série s’appuie sur des valeurs sûres – Gilles Cohen, Jean-Pierre Darroussin, ou Mathieu Kassovitz, - tout en laissant toute la place qu’elles et ils méritent à des comédien-ne-s qui ne laissent jamais leur part aux chiens : ainsi de l’apparente ingénue Marina Loiseau (Sara Giraudeau), de la tenace Marie-Jeanne Duthilleul (Florence Loiret-Caille), ou du serial séducteur et impénitent gaffeur Raymond Sisteron (Jonathan Zaccaï), pour ne rien dire du placide Jonas (Artus). Tous les rôles sont pareillement soignés et nécessaires à l’édifice, de « Moule à gaufres » (G. Cohen), le colonel qui dirige les Renseignements, à « la Mule » (Irina Muluile), impavide exécutrice de tâches aussi diverses (accompagnatrice, filocheuse, nounou...) qu’elles sont obscures et indispensables.

POINTS FAIBLES
• La série, produite par Canal +, ne connaît pas vraiment de moment faible : tout au plus regrettera-t-on quelques invraisemblances, et la disparition de personnages assez réjouissants, comme Pépé et Mémé, les deux filocheurs de la DGSE durant la première saison...

• On peut également douter de la véritable utilité du personnage de « Mille Sabords » interprété par Louis Garrel dans la dernière saison. Peut-être était-il voué à jouer un rôle plus substantiel ultérieurement, mais le refus (définitif ?) d’Éric Rochant de rempiler plus celui de Jacques Audiard de reprendre le flambeau semblent avoir scellé son destin...

EN DEUX MOTS
Une série à flux tendu qui n’égare jamais le spectateur, et le confronte, au-delà des canons du genre, aussi bien au quotidien d’un service qu’à des enjeux internationaux et intimes d’importance.

LE REALISATEUR
• Éric Rochant, né en 1961, est l’homme orchestre du BdL. Issu de l’IDHEC, il débute par des courts métrages dès 1984, et remporte avec Présence féminine (1987) le César du meilleur court métrage l’année suivante. Son premier long métrage - Un monde sans pitié - remporte un vif succès et esquisse un portrait doux-amer de la jeunesse d’alors, qui aime se reconnaître en Hippolyte Girardot. Rochant touche au genre de l’espionnage une première fois avec Les Patriotes, consacré aux services secrets israéliens, mais l’accueil est mitigé, de même que pour les films qui s’ensuivent. Il revient au film d’espionnage avec Möbius (2013), sans plus de succès, en dépit d’un casting relevé (Jean Dujardin, Cécile de France). 

• Entretemps, dès 2008, Rochant s’est tourné vers la télévision (Mafiosa), où il accompagne l’essor des séries sur le petit écran, dans des productions soutenues par Canal +. Le Bureau des légendes qu’il écrit, réalise et produit à partir de 2015, est l’un des fleurons de cette catégorie, c’est à ce jour son plus grand succès, couronné par toutes sortes de distinctions et suivi par un public croissant, dont une bonne part en a d’ores et déjà fait une “série-culte“.

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