"L’Inconscient de l’Islam" de Malek Chebel : un nouvel éclairage aux contradictions de l’Islam aux prises avec le monde contemporain<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"L’Inconscient de l’Islam" de Malek Chebel : un nouvel éclairage aux contradictions de l’Islam aux prises avec le monde contemporain
©

Atlanti Culture

Malek Chebel avait publié "L'Inconscient de l'Islam". Pour fêter ses 7 ans, Culture-Tops lance "7 ANS DE COUPS DE CŒUR" : une sélection des meilleurs livres publiés depuis 2013. Bonne (re)lecture !

Jean-Noël Dibie pour Culture-Tops

Jean-Noël Dibie pour Culture-Tops

Docteur en droit, Jean-Noël Dibie a une très longue expérience de l'audiovisuel et des médias : directeur de la SFP (Société française de production), responsable des affaires européennes à France Télévision, conseiller du directeur général de l'UER (Union européenne de radio-télévision). 

Aujourd’hui consultant, il s’investit dans les activités de recherche, notamment au sein d’EUROVISIONI, et d’enseignement (président du conseil pédagogique de l’EICAR, l’Ecole des métiers du cinéma de l’audiovisuel et des nouveaux médias, et chargé de cours à l’EDHEC).

Jean-Noël Dibie est l'auteur d'un A-book en six parties paru en 2014 sur Atlantico éditions : Communication politique, le plus vieux métier du monde

 

Voir la bio »

"L’Inconscient de l’Islam" de Malek Chebel 

CNRS Editions - 117 pages

RECOMMANDATION
En priorité


THEME
Remontant aux racines, dans l’Arabie ancienne, de cette religion marquée par les interdits, la faute et la transgression, Malek Chebel s’interroge sur «l’inconscient de l’islam», qui n’est pas celui des musulmans. Il organise sa réflexion en cinq chapitres :

- « La guerre pour les femmes ». La genèse du jihad est éclairée par l’organisation élémentaire du harem qui, comme le gynécée, n’est pas propre aux arabes et aux turco-ottomans. Toutefois, l’impératif nataliste du clanisme, dominant dans le monde islamique, contribue à faire de la femme un objectif de guerre. Le Coran, qui enferme les femmes entre la faute et la transgression, légitime la recherche de concubines et d’esclaves.

- « Idéologies du kamikaze ordinaire ». Comment peut-on tuer ou mourir au nom d’Allah « dispensateur du salut » ? Pour autant, par une interprétation abusive d’un verset  - « Ne dites pas que ceux qui meurent au service de Dieu sont des morts, mais des vivants…. » (II,154), des intégristes justifient le geste du kamikaze qui donne conjointement sa vie et son corps.

- « Du Ma(n)ternel ». En installant ce concept Malek Chebel cherche à expliciter la violence symbolique qui, depuis la fondation mythique de la nation d’Ismaël, régit le couple mère/enfant. L’enfermement des femmes, conjugué avec une idéologie nataliste, fondent la course à l’enfant sauveur que caractérise l’insécurité de la mère et la sécurité excessive de l’enfant-garçon. Socialement, ce n’est pas tant la mère qui donne naissance à l’enfant mâle, mais celui-ci qui donne naissance à l’épouse devenue mère, à la mère devenue grand-mère et, partant, à l’individu femme mère.

- « Livres interdits et autodafé ». L’analphabétisme religieux et doctrinal des masses a facilité l’installation du Coran comme « Le livre ». Jusqu'au début du XXème siècle, cette exclusive a évité le débat public sur la séparation du politique et du religieux. L’écrivain, particulièrement s’il organise la vie et la mort de personnages, mêmes imaginaires, prend le risque d’être considéré comme un «anti-prophète».

 - « Immolation ou sacrifice ». La circoncision des garçons, immolation symbolique, relie le sacré à la pureté biblique et coranique, comme les ablutions symbolisent la purification spirituelle.

POINTS FORTS
Cet essai qui tente de percer un inconscient nié et redouté, donne un nouvel éclairage aux contradictions de l’Islam aux prises avec le monde contemporain. A titre d’exemple, l’auteur souligne les pratiques de maquis intégristes ayant réinventé « le mariage de jouissance », servitude sexuelle d’origine shiite, proche du « repos du guerrier » des chrétiens.

POINTS FAIBLES
Si c’est un point faible, la profondeur de la réflexion nécessite une lecture attentive.

EN DEUX MOTS
La lecture de cet essai est venue étayer ma réflexion sur les mutations du monde islamique, trop longtemps figé, face aux défis de la modernité.

UNE PHRASE
(Page 111) «…la contemplation d’une femme, d’un homme ou d’une simple rose, disent les soufis, n’a rien de profane en soi, étant donné qu’elle symbolise la vénération que l’on porte à Dieu…».

L'AUTEUR
Anthropologue des religions, philosophe, psychanalyste, universitaire et écrivain, Malek Chebel est né, en 1953, à Skikda, Algérie. Connu pour sa nouvelle traduction du Coran et ses approches intellectuelles, culturelles et historiques, originales, il se veut héraut d’un ‘’islam des Lumières’’.

Chronique publiée le 24 février 2015.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !