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"Le vieil homme qui vendait du thé. Excentricité et retrait du monde dans le Japon du XVIIIe siècle" de François Lachaud : le confinement volontaire d’un sage japonais, plein de surprises et de poésie
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Atlanti Culture

François Lachaud a publié "Le vieil homme qui vendait du thé. Excentricité et retrait du monde dans le Japon du XVIIIe siècle". Culture-Tops propose depuis fin mars 2020 des chroniques de livres et de BD "hors actualité"."

Françoise Thibaut pour Culture-Tops

Françoise Thibaut pour Culture-Tops

Françoise Thibaut est chroniqueuse pour le site Culture-Tops.
 
Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"Le vieil homme qui vendait du thé. Excentricité et retrait du monde dans le Japon du XVIIIe siècle" de François Lachaud

Editions du Cerf - Conférences de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, 1ère édition juin 2010, 133 p. 16 €

RECOMMANDATION
Excellent


THEME
Le confinement volontaire d’un sage japonais : plein de surprises et de poésie.

A l’image très négative de la « retraite » en Occident, souvent imposée à l’individu en le marquant du stigmate de l’inutilité, François Lachaud oppose le “retrait volontaire” du monde, assimilé à une “excentricité”, dans le sens d’une “position hors du cercle” social conventionnel. Ce “ retrait”, lié à la réflexion et à la méditation, est un cheminement vers un bien-être intérieur, fait de vacuité, d’humilité envers soi-même et de compassion envers autrui.

Ce peut être plus ou moins religieux (le bouddhisme n’est jamais loin) mais ce peut être aussi “au delà” du religieux, strictement dans le cercle de la sagesse intérieure.

La civilisation d’Edo (futur Tokyo) aux 17e et 18 e siècles, est une société de lettrés, raffinée, au despotisme doux, aux goûts prononcés pour les beaux arts et une réforme non autoritaire des normes et des mœurs. Couvert d’honneurs, jugeant son parcours social suffisant, le lettré Ko Yugai de l’Ecole Obaku, renonce à son logis (confortable) et à tous ses biens terrestres pour déambuler le long des routes en proposant du thé aux voyageurs qui le souhaitent.

POINTS FORTS
Récit recherché, souvent drôle ou pince sans rire, persillé de propos très bienvenus mettant en parallèle notre civilisation occidentale.

La reproduction d’estampes et de calligraphies agrémente la lecture.

Ce livre est fluide bien qu’érudit, enrichissant, plein de surprises et de poésie.

POINTS FAIBLES
Evidemment c’est asiatique : l’entrée dans le livre peut être un peu besogneuse. Si vous pataugez trop, allez directement au chapitre 3 qui donne les clés, puis recommencez du début.

En tous cas, excellent pour lire en avion, en croisière, en vélo dans Paris (bien qu’imprudent !) ou en gardant les vaches dans le Cantal…

EN DEUX MOTS
Un magnifique exemple “d’excentricité et retrait du monde”, sans solitude ni égoïsme : ascèse, dépouillement, mais aussi attention à autrui, rythmée par le rite du thé, boisson divine, bienfaisante dont la dégustation provoque l’extase.C’est à la fois beau, original et érudit. 

UN EXTRAIT
Un poème très doux,  dédié au rite du thé, évoquant  en ses derniers vers le poète Lu Tong disparu méditer dans les montagnes . Méfiance : le thé peut donner l’ivresse

Ma porte de broussailles bien close : nul visiteur vulgaire.
Un chapeau de soie ceint ma tête, j’infuse et bois le thé.
Nuages de fumée bleue, au vent emportés, point ne se déchirent….
Un premier bol : gorge et lèvres humectées.
Un second bol : enfuis les maux de la solitude.
Un troisième bol parcourt mon ventre vide.
Un quatrième bol : une légère sueur perle
Les injustices de mon quotidien
Par tous mes pores s’échappent.

….

Un sixième bol je communique avec les immortels.
Où est le Mont Penglai ?
Le Maître de la Rivière de Jade y retourne, juché sur un vent pur.

L'AUTEUR
François Lachaud, japonisant de langue française parmi les meilleurs, est directeur d’études à l’Ecole Française d'Extrême Orient. Il occupe la chaire de bouddhisme et civilisation japonaise. Dans le cadre de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, il donne des conférences. On peut mentionner par exemple “La jeune fille et la mort. Misogynie ascétique et représentations macabres dans le bouddhisme japonais” (2006). On lui doit aussi une étude d’expert parue pour le catalogue de vente à l’Hôtel Drouot “Autour de l’Empire” (novembre 2011) sur les armes, mobilier, objets d’art, tapis et souvenirs historiques japonais. 

Sur le Japon et de ce chroniqueur, voir aussi sur le site Culture Tops :

- Les cent objets du Japon

- Le dernier des yakuzas

- Vivre le Japon

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