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"Le multiculturalisme comme religion politique" de Mathieu Bock-Côté : attention, essentiel
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Atlanti Culture

Mathieu Bock-Côté a publié "Le multiculturalisme comme religion politique". Pour fêter ses 7 ans, Culture-Tops lance "7 ANS DE COUPS DE CŒUR" : une sélection des meilleurs livres publiés depuis 2013, proposés pendant toute cette période de confinement. Bonne (re)lecture !

Arnaud Joly pour Culture-Tops

Arnaud Joly pour Culture-Tops

Arnaud Joly est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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"Le multiculturalisme comme religion politique" de Mathieu Bock-Côté

Editions du Cerf

RECOMMANDATION
En priorité


THEME
Attention: essentiel.

MBC analyse dans cet ouvrage ce qu'est le multiculturalisme et comment il s'est répandu, à gauche d'abord, pour devenir, aujourd'hui, une sorte de "religion politique" occidentale, porteuse de "valeurs primordiales, universelles et incontestables".

Il en fait remonter la naissance aux années 1960, à la perte de vitesse du marxisme, à un ralliement des élites à l'économie de marché et au développement des radicalismes culturels et identitaires. De l'ouvrier on passe à l'exclu.

Le drame se serait noué ainsi :

- La diversité étant une richesse primordiale, le multiculturalisme a modifié le sens de la modernité qui ne correspond plus à un équilibre entre héritage et progrès, entre mémoire et utopie. Seuls comptent le progrès, incompatible avec l'idée d'héritage, et l'utopie d'un monde sans frontières.

- Il faut alors déconstruire le récit national pour libérer les mémoires minoritaires enfouies et nous jeter dans le post-modernisme. Ce qui conduit progressivement à la disqualification de la souveraineté populaire et à la judiciarisation du politique, en substituant les droits de l'homme à la souveraineté démocratique.

- Il faut viser substantiellement comme symboliquement une égalité entre groupes victimisés et groupes dominants. Il faut accueillir la diversité et non pas vouloir l'assimiler. La logique du contractualisme doit l'emporter sur celle de l'héritage. L'éducation doit participer à ce mouvement en prônant la déconstruction  plutôt que la transmission.

- Le conservatisme est, au mieux, une fragilité psychologique, mais plus probablement une pathologie liée à des phobies diverses. Son point de vue est irrecevable. Le multiculturalisme, seul discours valable, est devenu une religion.

- L'Etat-nation, les frontières et l'autorité sont désuets, l'Europe doit être le modèle de gouvernance d'une forme de communauté potentiellement mondialisée.

POINTS FORTS
MBC est convaincu que la toute-puissance du multiculturalisme explique en grande partie les difficultés que nous avons à constituer une communauté unie et solidaire pouvant se construire un avenir. Prenant appui sur l'histoire, la sociologie et la politique, son discours  est facile à suivre et percutant.

Effectivement, nous semblons avoir oublié depuis 50 ans l'idée simple que pour qu'un projet soit convaincant et fédérateur, il faut tout simplement qu'il produise quelques effets jugés positifs et sorte de l'expiation permanente des crimes passés et présents.

POINTS FAIBLES
On serait facilement convaincu de la lourde responsabilité de la gauche française si nous étions le seul pays à nous retrouver dans cette panne de projet, sans ambition.

On peut malheureusement craindre que ce soit un des symptômes d'une maladie plus profonde de l'Occident tout entier dont "les lumières" ternissent et qui n'éclairent plus grand monde, à part les déshérités...

Et, grande question : après presque 50 ans de multiculturalisme, avons-nous réellement d'autre choix que de nous y résigner?

EN DEUX MOTS
Cioran disait :"La politique c'est l'art de discerner parmi les nuances du pire". 

Haut les cœurs !

L'AUTEUR
Mathieu Bock-Côté (MBC), 36 ans, est né au Québec; son père est  professeur d'histoire. Il est diplômé en philosophie et titulaire d'un doctorat (PHD) en sociologie de l'Université de Montréal. Ses recherches portent principalement sur le nationalisme québécois et la démocratie occidentale depuis les années 1960.

MBC est républicain et conservateur, inspiré par les œuvres de Raymond Aron, Hannah Arendt et Alain Finkielkraut. Il ne cache pas ses « profondes convictions souverainistes » en dénonçant la dénationalisation et l’oubli de la dimension identitaire. Il soutient que l'homme a besoin d'une relative stabilité anthropologique et d'ancrages dans la durée historique. Il est favorable à un conservatisme apte à renouer avec une certaine idée de l'homme et de la civilisation à laquelle il appartient. Sa pensée est en opposition radicale avec un individualisme de type néolibéral et avec un progressisme désireux d'en finir avec un monde trop vieux jeu et, in fine,  inévitablement tenté par la table-rase.

MBC a enseigné à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université de Montréal. Il collabore à différents journaux, blogs et médias et est actuellement un essayiste renommé du Québec.

Chronique publiée le 8 juin 2016.

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