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"Rosa Luxembourg" de Viviane Théophilidès : une comédienne sauve – de justesse - Rosa Luxemburg d’un second assassinat...
©Crédit : Pascal Gely / Les Déchargeurs

Atlanti Culture

"Rosa Luxembourg" 

De Viviane Théophilidès
Mise en scène : Viviane Théophilidès
Avec Sophie de la Rochefoucauld (Rosa), Anna Kupfer, Viviane Théophilidès, Bernard Vergne

INFOS & RÉSERVATION
Théâtre des Déchargeurs
3 rue des Déchargeurs
75001 Paris
Tél. : 01 42 36 00 50
http://www.lesdechargeurs.fr
Du 7 janvier au 2 février

RECOMMANDATION
A la rigueur


THÈME
 • Rosa Luxemburg était, avec Karl Liebknecht, la figure de l’aile gauche du parti social-démocrate allemand fondé à la fin du XIXe siècle. Ce personnage, du calibre d’une Louise Michel, en remontrait aux chefs marxistes de son époque, Lénine en tête, qu’elle traita un jour de « coq de basse-cour »...

• En dehors de son radicalisme révolutionnaire et de son obsession pour le « but final du socialisme », Rosa Luxemburg, d’origine juive polonaise, était également une personnalité aussi attachante que curieuse, dans sa vie amoureuse comme dans sa passion pour les oiseaux.

• Un siècle et un an après son assassinat (14-15 janvier 1919) - lors de l’échec du mouvement et du soulèvement spartakistes, brisé par les sociaux-démocrates au pouvoir s’appuyant sur les milices de corps francs - un groupe de comédiens lui rend hommage sous l’aspect d’un spectacle de cabaret.

POINTS FORTS
 • Ils tiennent essentiellement à la manière dont Sophie de la Rochefoucauld prend possession du personnage de Rosa Luxemburg : tour à tour désarmante, sincère, décidée et révoltée contre le régime, les socialistes de l’aile droite réformiste et toutes les formes d’oppression, la comédienne occupe pleinement la place centrale qui lui est due.

POINTS FAIBLES
• On sait que Rosa Luxemburg, amie de Luise Kautsky et de Sonia Liebknecht, femmes de chefs socialistes de son époque, entretint avec elles une correspondance magnifique lors d’une captivité qui dura toute la Première Guerre mondiale. Une partie, traduite par Laure Bernardi, fut sélectionnée, dite (2006) puis publiée par Anouk Grinberg (Rosa, la vie, L’Atelier, 2009). Hélas ! De ce matériau de première qualité, il ne reste pas grand chose dans la tentative à laquelle nous assistons. 

• On conçoit bien que l’auteure du texte ait voulu proposer une présentation un peu originale du parcours de Rosa Luxemburg, et que l’immédiate après-guerre pouvait appeler le cabaret, un genre très prisé à l’époque de part et d’autre du Rhin. 

• Pour autant, ce qui nous est présenté comme « un cabaret à l’allemande » n’a qu’un lointain rapport avec ce genre, tant sur la forme - un piano électrique étant ici le seul instrument – que sur le fond, puisque le cabaret était un lieu et un genre particulièrement mordant, subversif, virulent, dénonciateur et prompt au rire sarcastique, à la mesure du désespoir vécu et ressenti de part et d’autre de la scène. 

• En fait de cabaret, quelques chansons sont interprétées, les unes en Allemand et en Yiddish (non sous-titré), d’autres en Français - avec un rapport variable avec l’époque censément abordée - et amenées sous des prétextes assez spécieux. Chacun pousse sa chansonnette, et se trouve bien désœuvré et embarrassé une fois celle-ci achevée : comme ils sont quatre sur une scène assez petite,  le statisme auquel tous sont contraints achève de nous éloigner d’un spectacle de cabaret.

• De plus, trois des quatre protagonistes sont censément de notre époque, qui s’adressent à leur chère disparue, et lui prêtent des dons quasi-divinatoires : qui, sinon Rosa, avait prévu que la guerre de 1914-18 serait une épouvantable boucherie, que le nazisme adviendrait, etc, etc.. ? 

• Bref, le dialogue tenté entre personnages d’un siècle sur l’autre ne donne pas toujours des résultats probants, et la candeur - sur l’air de « Les amis, écoutez moi ! Il faut cacher Rosa dans notre cabaret sinon les méchants vont la trouver et la tuer ! » - le dispute parfois à une lourdeur (cf. la pesante parabole de la mésange) tout aussi regrettables l’une que l’autre.

EN DEUX MOTS
De bonnes intentions et une fidélité mémorielle ne font pas forcément bon ménage avec le théâtre, ni avec le cabaret.

UN EXTRAIT
Rosa : « Peut-être êtes-vous arrivés jusqu’à moi sur un nuage ? D’où venez-vous au juste ? »

Bernard (Vergne) : Du XXIe siècle.

Rosa : Rien que ça ! Et où en est l’opacité du monde ?

Viviane : Elle est à son comble. »

L'AUTEUR
• Viviane Théophilidès est une auteure, metteuse en scène et interprète, qui a travaillé sur les auteurs classiques (Molière, Musset) et contemporains (Claudel, Garcia Lorca), et porté à la scène des textes d’Aragon (Le fou d’Elsa), Hélène CIxous, Marguerite Duras ou Gertrude Stein. 

• Elle a enseigné aussi bien au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris qu’auprès de lycéens d’Argenteuil, Montreuil ou Aubervilliers.

• Rosa Luxemburg Kabarett a été créé et donné pour la première fois au théâtre des Carmes lors du festival d’Avignon 2018.

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