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"Par les routes" de Sylvain Prudhomme : une histoire d’amitié, sous le signe de la liberté, prix Femina 2019
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Atlanti Culture

Marie De Benoist pour Culture Tops

Marie De Benoist est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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"Par les routes"

De Sylvain Prudhomme
L’arbalète Gallimard 296 p. 19 euros

RECOMMANDATION
A la rigueur


THÈME
A l’aube de ses quarante ans, Sacha, libre de tout lien, décide de quitter Paris pour « renaître » dans une petite ville du sud-est de la France, qui lui offrira la solitude, le calme et la lumière indispensables à l’écriture de ses romans. Il y retrouve par hasard “l’auto-stoppeur”, un ami de jeunesse perdu de vue depuis presque vingt ans, qui semble heureux avec Marie et leur fils Agustin. Cet auto-stoppeur n’a pas renoncé cependant à sa folle passion. Il ne pense qu’à s’aventurer sur les routes de France, poussé par le goût des rencontres et la découverte de nouveaux lieux. Il s’enrichit de la multiplicité des automobilistes, avec lesquels il partage une sorte d’intimité éphémère, sans se lasser de ce vagabondage, sans jamais assouvir non plus ce besoin de partir. Marie, d’abord fière de son anticonformisme, apprécie leur liberté à tous les deux, puis la tristesse et  la colère s’emparent d’elle au fur et à mesure de ses départs de plus en plus nombreux. Quant à Sacha, il se substitue à son ami auprès d’Augustin, puis auprès de Marie, dont il est épris depuis le début.

POINTS FORTS
• Une idée originale, celle de consacrer un roman au charme de l’auto-stop à l’époque du covoiturage organisé. Les descriptions de l’univers des  autoroutes, de la variété des paysages ou des coins les plus perdus nous valent les meilleures pages de ce livre. 

• Ce fameux auto-stoppeur, dont on ne connaîtra jamais le prénom, est dépeint comme une force qui va : ouvert à toutes les opportunités, il se passionne pour ces existences différentes de la sienne. Il déteste la routine, il préfère le côté récréatif de ces moments partagés dans l’habitacle d’une voiture ! 

• La question posée par ce récit : partir ou rester ? Comment concilier l’ouverture aux autres avec l’intimité nécessaire du cocon familial ? 

POINTS FAIBLES
• Un désaccord profond a existé entre Sacha et l’auto-stoppeur dans le passé, mais le lecteur n’en saura rien. Pourquoi ?

•Le personnage de l’auto-stoppeur manque de vraisemblance. Présenté comme élégant et altruiste, il se montre, en fait, égoïste, capricieux et inconséquent par son comportement puéril. Son besoin impérieux de quitter les siens prime sur tout le reste, jusqu’à abîmer sciemment  son histoire d’amour avec Marie. Comble de la désinvolture, il laisse ou plutôt il offre sa place à Sacha, conscient, lui, d’usurper le rôle de son ami !

• Un style plat. Des phrases courtes juxtapos

EN DEUX MOTS
L’hommage à la France des clochers ne laisse pas insensible – l’énumération des noms de villages en dit long sur notre pays. En revanche, cette histoire d’amitié, sous le signe de la liberté, nous laisse croire que ces trois personnages ont trouvé un équilibre, qui tient un certain temps avant de tanguer, comme si l’auto-stoppeur était un double fantasque des deux autres. Ce roman de l’errance et sa fin utopique rappellent les rêves  évanescents des soixante-huitards. Un prix Fémina qui surprend !

UN EXTRAIT
« J’ai vu peu de gens, dans ma vie, pour lesquels autrui n’était jamais un poids, jamais une fatigue, jamais un ennui. Toujours au contraire une chance. Une fête. La possibilité d’un supplément de vie. L’auto-stoppeur était de ces êtres. » p.110

« Je pars précisément parce qu’il ne faut pas. Avec la conscience très claire de faire une bêtise. .. Parce que. Tout va trop bien. Tout est trop parfait. Quelque chose en moi veut casser ça. S’en libérer. Quitte à décevoir. Quitte à tout foutre en l’air. » p.123

L'AUTEUR
Né en 1979, Sylvain Prudhomme est l’auteur de Là, avait dit Bahi, Prix Louis-Guilloux 2012, Les Grands Prix Georges-Brassens 2014, Légende, Prix Révélation de la Société des gens de lettres 2016, L’affaire Furtif (2018). 

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