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Cinéma : Fahim : Avec cette histoire vraie, Pef quitte la comédie pour le drame sociétal
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Avec cette histoire vraie d’un jeune immigré bangladais champion d’échecs le réalisateur des Profs et de Gaston Lagaffe, Pierre-François Martin-Laval (dit Pef), quitte la comédie pour le drame sociétal.

De Pierre-François Martin-Laval (dit Pef)

Avec Gérard Depardieu, Assad Ahmed, Isabelle Nanty, Mizanur Rahaman

RECOMMANDATION

Excellent

THÈME

Menacé de persécution dans son Bengladesh natal parce qu’on n’y voit pas d’un bon œil qu’il soit, à huit ans seulement, champion d’échecs,  Fahim (Assad Ahmed) doit quitter son pays. Son père, Nura, l’accompagne. Tous les deux s’envolent pour Paris.

Dès leur arrivée, au début des années 2010, ils entament un parcours du combattant pour obtenir l’asile politique. Sans papiers, avec la menace d’être expulsés à tout moment,  le quotidien est très difficile . 

Grâce à la générosité d’une femme (Isabelle Nanty), Fahim parvient à s’inscrire au club d’échecs de Créteil. Un  de ses professeurs, aussi bourru que brillant (Gérard Depardieu), va lui permettre de progresser encore dans ce jeu. Mais, de mois en mois, la menace d’être expulsion se fait plus pressante… Il faudra que Fahim soit sacré champion de France d’échecs pour obtenir le droit de rester en France… Il devra cette « faveur » au premier ministre de l’époque (François Fillon) qui va juger inconcevable  d’expulser un enfant étranger devenu, paradoxalement champion de… France.

POINTS FORTS

– On pourrait croire que cette histoire d’un petit SDF bangladais devenu champion d’échecs malgré des conditions de vie plus que précaires, relève du conte de fées, et pourtant, elle est authentique. C’est en l’entendant racontée, deux années plus tard, par l’intéressé lui même à la télévision ,que Pierre-François Martin-Laval, dit Pef, a eu envie de la porter à l’écran. 

– Pour Fahim, le cinéaste a changé de registre. Il nous enchantait avec ses films inspirés de BD pour enfants, il nous passionne avec cette histoire de gamin  immigré qui arrive à sortir de l’enfer de la rue, parce que, surdoué. Pour ce biopic sur une intégration réussie, Pef s’est fait documentariste. Il nous montre, les conditions de vie des clandestins et pointe les incohérences du système d’intégration. Cela, sans triche mais sans jamais non plus appuyer sur les ficelles du misérabilisme et du mélo. Son film est tenu. « Aucune séquence n’a été tournée sans que nous l’ayons vérifiée, affirme-t-il. Même la scène de l’interprète qui traduit sciemment n’importe comment est authentique ». Les images d’archives qui débutent le film traduisent d’ailleurs bien le souci de vérité qui a guidé le cinéaste.

– La distribution est à la hauteur de l’ambition du projet. Lui même jeune bangladais immigré, Assad Ahmed qui joue Fahim est sensationnel. Il faut dire que, mis à part qu’il ne pratique pas les échecs, ce jeune garçon  a eu sensiblement le même parcours que son personnage. En directrice de club d’échecs, Isabelle Nanty est, comme elle sait l’être, à la fois solaire et bienveillante, d’une humanité bouleversante. Quant à Gérard Depardieu, il est, lui aussi, éblouissant de douceur, de drôlerie, de gentillesse, d’humanisme, de justesse et de… mauvaise foi. C’est du « grand » Gérard Depardieu. 

POINTS FAIBLES

D’aucuns trouveront  peut-être la facture du film un peu trop classique.

EN DEUX MOTS ...

Il est difficile de ne pas succomber à Fahim car les raisons de l’aimer sont multiples. On peut l’aborder de mille façons et y voir soit un conte de fée (un enfant qui réalise son rêve), soit une histoire d’amour fou (entre un père et son fils), soit  le portrait d’un homme merveilleux (celui du professeur d’échecs) soit encore un récit d’initiation (l’intégration d’un enfant étranger). Autant dire que c’est un film tous publics.

UN EXTRAIT

« Donner ou non à Fahim une allure de fable est une question que je me suis posée au départ. Il s’agissait de relater une histoire magnifique, et les contes de fées sont une de mes passions. Mais avec mon producteur, Patrick Godeau, nous sommes vite tombés d’accord de travailler dans l’hyperréalisme. Donner au film la vérité d’un documentaire était sans doute la meilleure façon de rendre hommage à Fahim et à Nura, son père ».

(Pierre-François Martin-Laval, dit PEF, réalisateur).

LE RÉALISATEUR

Né à Marseille le 25 juin 1968,  Pierre-François Martin-Laval, dit Pef, se forme au métier de comédien sous la direction d’Isabelle Nanty. C’est à son cours qu’en 1990 il rencontre ceux avec qui il va former la troupe des Robins des bois. Cette troupe, qui propose des sketches aussi impertinents que désopilants, va fonctionner jusqu’au début des années 2000, où la troupe explose  pour que chacun puisse prendre son envol en solo. Pef enchaîne alors les rôles, alternant comédies et registre plus dramatique. Tout en poursuivant sa carrière de comédien et de metteur en scène de théâtre, il se lance, en 2004, dans la réalisation. Après deux coups d’essais, il obtient son premier succès commercial en 2013 avec Les Profs, une adaptation de la bande dessinée éponyme. Il signera ensuite, en 2015, les Profs 2, puis en 2018, Gaston Lagaffe.

Fahim est son sixième long métrage.

ET AUSSI

«Camille » de Boris Lojkine – Avec Nina Meurisse, Bruno Todeschini, Grégoire Colin…
Camille Lepage était une reporter photographe passionnée par son métier. Fascinée par la République Centre-africaine, elle avait choisi de s’y arrêter pour en raconter, en images, la violence. Lorsqu’elle a été tuée en 2014 dans un accrochage entre factions, cette jeune femme au cœur tendre et trop inexpérimentée n’avait que 26 ans.
Ce sont ses derniers mois qu’a choisi de raconter le réalisateur Boris Lojkine. Le jeune cinéaste, dont c’est seulement le deuxième long métrage signe un film passionnant, magnifique, très documenté, qui, sans mièvrerie ni sensiblerie, mais avec modestie et rigueur, nous rappelle qui fut Camille. Lepage. Dans son rôle, la comédienne Nina Meurisse est formidable de ténacité, de grâce, de douceur et d’entêtement mêlés. Sa prestation, qui bouleversa le public du Festival d’Angoulême pourrait bien  lui valoir une nomination au César du meilleur espoir féminin.
Recommandation : excellent

« Matthias et Maxime » de Xavier Dolan – Avec Xavier Dolan, Gabriel D’Almeida Freitas, Anne Dorval, Pier-Luc Funk…
Jeune homme tourmenté, Maxime partage ses jours et ses nuits entre sa mère, dont il doit s’occuper, et sa bande de copains. Un jour, pour les besoins d’un court métrage, l’un d’entre eux lui demande d’embrasser son ami Matthias. Pour les deux garçons, qui se connaissent depuis l’enfance, ce baiser, bien que de « fiction », ne sera pas anodin… Si Maxime assume depuis toujours son homosexualité, Matthias, en revanche, marié  à une femme, ne se l’est jamais avouée. Entre Matthias et Maxime, rien ne sera plus vraiment comme avant…
Décidément, Xavier Dolan n’arrive toujours pas à s’aventurer au delà des  limites du terrain de ses expériences personnelles. Dans ce nouveau film, il laboure encore les mêmes terres, celles de l’homosexualité, de l’attachement à la mère, de la suractivité et de la réactivité excessive. C’est dommage ! Car, sauf à être un inconditionnel de ce réalisateur pourtant surdoué, ce film lasse assez vite. Sans doute parce que, bien que brillamment écrit et réalisé, ce Matthias et Maxime peine à produire de l’émotion. Très attendu au festival de Cannes, le dernier opus de l’enfant terrible du cinéma québécois en était reparti bredouille. Cela n’est pas très grave. Xavier Dolan n’a que trente ans et un talent de tous les diables. 
Recommandation : bon.

« La Bonne Réputation » de Alejandra Marquez – Avec Ilse Salas, Cassandra Ciangherotti, Paulina Gaitán…
En bonne place dans la haute bourgeoisie mexicaine, Sofia, mère de trois enfants, mène une vie de luxe et d’oisiveté grâce à la rente, qu’une société verse à son son mari, lui même héritier. Lorsqu’au début des années 8O la crise frappe le pays, les affaires périclitent et avec, le brillant train de vie. Bien que la chute soit irrémédiable, Sofia va tout faire pour sauver les apparences.
Pour son deuxième long métrage, la réalisatrice mexicaine Alejandra Márquez Abella dresse un portrait très vachard de la haute société de son pays, une  société égoïste qui n’a que mépris pour les faibles et les déchus dont l’égoïsme n’a d’égal que sa cruauté et son mépris envers les faibles et les déchus. Peintre, la jeune femme aurait sûrement trempé ses pinceaux dans de la peinture à l’huile et adopté la technique des à-plats de couleurs. Comme elle est cinéaste, elle a choisi de faire évoluer ses personnages dans des décors sublimes, souvent stylisés et baignés de lumières douces, qui les déréalisent. Cette façon de faire n’édulcore pas la virulence du propos. Elle aimante au contraire le regard, et, sans en avoir l’air, rend le discours plus pamphlétaire.   
Recommandation : bon.

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