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Psychogénéalogie : l'impact du milieu social et de la culture familiale
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Bonnes feuilles

Tout l'été, Atlantico met en avant des ouvrages remarquables publiés dans l'année. Aujourd'hui, "La Psychogénéalogie" d'Isabelle de Roux et Karine Segard, aux éditions Eyrolles. Extrait 2/2.

Aborder les « habitus », l’intériorisation des normes et des valeurs du milieu familial et social, c’est comprendre l’intrication, l’interaction des facteurs psychologiques et socioculturels dans l’histoire du consultant. Distanciation et implication seront en jeu dans ce travail thérapeutique particulier, car il s’agira tout autant pour le consultant de prendre du recul en relativisant sa propre histoire et celle de sa famille par rapport à des événements, une époque, une culture, etc., que de s’interroger  et de revisiter cette histoire. Introduire les dimensions sociale et culturelle dans un travail thérapeutique provoque souvent un moment de désillusion chez le consultant, voire un temps dépressif, pendant lequel celui-ci se sent écrasé par une sorte de déterminisme pesant. Il découvre la répétition de situations et de comportements chez certains membres de sa famille à travers les générations et se surprend lui-même à reproduire, plus ou moins fidèlement, la trajectoire de ses ancêtres. De fait, cette désillusion tempère une illusion solidement ancrée en chacun de nous, qui consiste à croire à la totale liberté de tout individu dans ses choix. Un travail thérapeutique transgénérationnel permettra d’intégrer cette contradiction entre déterminisme et liberté et de comprendre en quoi chacun est libre de choisir parmi un éventail de possibles, au regard des déterminants sociaux et historiques. Le consultant a donc la possibilité de « décider » de son histoire mais seulement après avoir analysé en quoi et comment celle-ci a pu être conditionnée par les divers facteurs culturels et sociaux.

Le projet social des parents


La succession des générations ancre chaque enfant dans un contexte social et culturel. Autrefois, celui-ci était en quelque sorte immuable avec des classes bien répertoriées, différenciées et hiérarchisées : « chacun à sa place ». Aujourd’hui, le changement de position sociale est devenu possible sur fond de rivalité entre les différentes classes. Cette mobilité sociale nouvelle affecte le projet parental mis en œuvre dans toutes les familles et le rend souvent porteur de nombreuses contradictions et de conflits. Ce projet recouvre la place sociale souhaitable et souhaitée pour l’enfant et il est donc important de l’expliciter avec le consultant pour savoir s’il était plutôt inscrit dans une stratégie d’ascension, de promotion sociale ou, au contraire, dans une crainte de « descension ».

La référence à l’histoire familiale et à la position sociale des parents est nécessaire car elle permet de comprendre en quoi ce projet contient et actualise celui des générations précédentes. Il n’est d’ailleurs pas rare d’observer chez certains consultants la mise en acte de souhaits de grands-parents ou d’arrière-grands-parents encore non réalisés jusque-là, ce qui montre bien le poids des aspirations de la famille et leur transmission à travers les générations. De plus, ce « programme » parental a obéi le plus souvent à des attentes contradictoires : il a fallu que le consultant devienne « quelqu’un » mais qu’il reste également « comme ceux de la famille ». Il a dû à la fois se différencier et répéter, accéder à l’autonomie et accepter une certaine forme de soumission. La situation est encore plus complexe lorsque le projet maternel a différé du projet paternel. Le consultant a-t-il alors été soumis à une guerre, explicite ou sourde, opposant les lignées maternelles et paternelles ? Laquelle s’est imposée ? Y a-t-il eu des compromis ? Cette lutte aura été d’autant plus problématique que l’écart social, culturel, religieux, idéologique était marqué entre les parents. De fait, de véritables rapports de domination-soumission se sont parfois joués à l’intérieur de la famille ; le consultant, confronté à ce système contradictoire, a pu y rester enfermé et même s’être senti contraint de le reproduire à l’identique ultérieurement.

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