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"Amamonde" de Marion Delplancke : Amazon au pilori
©Karim C.

Atlanti-culture

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THEATRE

Amamonde

Ecrit par Marion Delplancke et l’ensemble de l’équipe artistique

Mise en scène: Marion Delplancke

avec Anna Carraud, Gonzague Van Bervesselès et Gaétan Vettier

INFORMATIONS

Théâtre de Belleville

94 rue du faubourg du Temple, Paris, XIème

Jusqu’au 31 mai 

Durée : 1h20

Réservations : 01 48 06 72 34

RECOMMANDATION

           BON


 THEME

Le propos de la pièce est de dénoncer les conditions imposées par Amazon dans ses entrepôts, dont la mécanisation des gestes et des rapports humains conduisent à une sorte « d’asservissement » de ses employés. 

La pièce est portée par un texte co-écrit par Marion Delplancke et l’ensemble de l’équipe artistique.Une démarche qui crée un théâtre politique, porteur d’un message sociologique.

POINTS FORTS

Amamonde réussit à transformer un matériau remarquablement bien documenté sur la situation dans les entrepôts logistiques d’Amazon pour mettre en scène et interroger la folle logique d’un capitalisme sauvage qui mécanise nos gestes et distord notre rapport au temps.

La pièce se présente comme une dystopie, un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Les réalités exposées deviennent ainsi effroyablement spectaculaires et théâtrales : on voit les hommes s’épuisant à courir après le temps et à déplacer les objets pour finir par perdre leur humanité dans le but insensé d’emballer des marchandises prêtes à être livrées.

Le spectacle mêle différents langages scéniques, incorporant chaque interprète dans un même processus de création : il devient l’auteur de ses propres propositions scéniques, créant une collision des langages et des esthétiques, mêlant théâtre, musique, danse, poésie, mime, vidéo.

L’utilisation de quelques dizaines de cartons crée un dispositif scénique mobile, porteur de toutes les  situations que la pièce met en scène. La matière du carton apporte son ambivalence : à la fois matière organique et symbole de l’emballage manufacturé, elle porte les deux faces de notre société marchande, l’emballage des richesses qui s’accumulent  et l’habitat de fortune des plus démunis. La mise en scène tire joliment parti de ses capacités d’empilement, d’accumulation, de légèreté, de fragilité …

POINTS FAIBLES

La multiplicité des discours, des sources et des moyens d’expression crée un spectacle protéiforme. Mais cette dynamique a son revers de la médaille : un manque d’unité qui s’exprime à différents niveaux du spectacle : dans le ton qui oscille entre le comique génial de Jerry Lewis, l’absurdité loufoque de Romain Bouteille et les premières créations du café de la Gare, la parfaite mise en abîme des films de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon ou le réalisme quasi poétique des documentaires de François Ruffin. Mais ce manque s’exprime aussi dans la composition des acteurs, qui semblent parfois jouer leur propre partition en solo, ou le passage d’une scène à une autre, parfois un peu abrupt.

EN DEUX MOTS

Après « la légende de Bornéo », récemment à l’affiche du théâtre de l’Atelier, le théâtre s’attaque à nouveau à un sujet ouvertement politique, exposé grâce à un dispositif romanesque. Les histoires personnelles racontées rendent compte d’une réalité sociologique et montrent l’absurdité, la violence et les effets dévastateurs d’un capitalisme effréné sur ses employés.

UN EXTRAIT

« Plongé au cœur de cette abyssale forêt métallique où la poussière réfléchie par une aveuglante lumière jaune tourbillonne, sans le moindre repère, vous êtes plongés dans un angoissant chaos de lignes, de vide et de matière. Peu importe que les allées soient toutes numérotées, j’arpente ce théâtre répétitif où ma propre marche me semble vaine, statique. Je ne perçois plus l’espace. Ce dédale enivre par sa démesure, démesure à l’échelle de laquelle votre réalité matérielle est comparable à celle d’une coccinelle perdue dans un supermarché ». Jean-Baptiste Mallet

LES AUTEURS

Marion Delplancke n’est pas la seul auteure puisqu’il s’agit d’une œuvre collective, dont la source et l’inspiration sont multiples : des romans, signés Herman Melville, Gogol ou Borges, des ouvrages politiques comme le Capital de Marx ou plus actuels, signés Malet ou Gaborieau. Mais l’inspiration vient également de musiques, ou de films de Chaplin, Kaurismäki ou Pasolini.

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