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"Terminus Berlin" d’Edgar Hilsenrath : le livre testament d'un grand témoin du XX° siècle
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Atlanti-Culture

Auteur d'une oeuvre fortement marquée par l'Holocauste, Edgar Hilsenrat, mort l'année dernière, laisse quelques textes importants dont le dernier paru, "Terminus Berlin", est absolument remarquable. A découvrir, si vous ne le connaissez pas encore.

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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LIVRE

Terminus Berlin

d’Edgar Hilsenrath

Traduit de l’allemand par Chantal Philippe

Ed. Le Tripode

240 pages

19 euros

RECOMMANDATION

           EXCELLENT

THEME

Joseph Leschinsky, dont le personnage est fortement inspiré de la vie de l’auteur, décide de rentrer chez lui en Allemagne après avoir passé la majeure partie de sa vie aux USA.

Il peine à retrouver sa place à Berlin, dans un pays qui ne semble ne plus être – ou plutôt n’avoir jamais été – le sien. Il vit la résurgence glauque du nazisme comme une oppression, qui prend le pas sur toute autre forme de retrouvailles avec sa « patrie ».

Terminus Berlin est le dernier livre publié par Edgar Hilsenrath, en 2006. Il décréta ensuite que son œuvre était close car il n’avait plus rien à dire.

POINTS FORTS

Terminus Berlin résume parfaitement en deux mots la raison d’être du livre. C’est à la fois le dernier qu’écrira Edgar Hilsenrath  et la destination finale d’une vie de « juif errant », marqué par les persécutions de la Shoa et les multiples lieux de vie où il tenta de s’installer sans jamais réussir à s’intégrer.

L’écriture est restée malgré les ans d’une incroyable vigueur et vivacité. Toujours grinçante et directe, portée par un humour cru et un ton volontairement provocateur, elle est le reflet de l’insatisfaction permanente de l’auteur dans sa quête de devenir un écrivain à succès pour sortir de la spirale infernale de la pauvreté qui l’a poursuivie presque toute sa vie (son succès fut très tardif).

Son héros, Joseph Leschinsky, vit son retour en Allemagne de manière tonitruante mais ses aventures littéraires, sexuelles, amicales pâtissent de la peur du retour de la persécution des Juifs. Il enquête aussi sur le génocide arménien – comme Edgar Hilsenrath qui y a consacré un roman – pour que jamais on n’oublie …

POINTS FAIBLES

Edgar Hilsenrath vient de mourir. Laissons-le reposer en paix...

EN DEUX MOTS

C’est poignant de lire, quelques mois après sa mort, le testament d’un homme dont l’œuvre se confond aussi étroitement avec la vie que celle de Philip Roth avec son double de fiction Nathan Zuckerman.

Les deux trajectoires, celle de Edgar Hilsenrath et celle de son avatar, s’épousent sans se quitter et créent une œuvre de fiction qui se construit et s’épanouit dans la durée.

UN EXTRAIT

 (page 116)

-          C’est seulement en Allemagne que j’ai vraiment pris conscience que j’étais juif. Je crois que dans un autre pays au monde on ne vous le fait pas aussi nettement sentir.

-          Et vous voulez quand même rester en Allemagne ?

-          Tout le monde me pose la question. Et ma réponse est toujours la même. Je suis un écrivain allemand et j’ai besoin de la langue allemande. Je ne suis pas revenu pour retrouver les Allemands mais ma patrie linguistique.

L’AUTEUR

Edgar Hilsenrath est né en 1926 en Allemagne. Issu d’une famille juive déportée pendant la seconde guerre mondiale dans un camp en Roumanie, il s’installe en Palestine en 1945 avant d’émigrer aux Etats-Unis au début des années 50. Il est l’auteur d’une œuvre fortement marquée par l’Holocauste, qui connaîtra d’abord le succès en Amérique avant d’être publiée en Allemagne où il retournera s’installer à partir de 1975. Ses huit romans, traduits en 18 langues, se sont vendus à 5 millions d‘exemplaires. Il est mort l’année dernière, à 92 ans.

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