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Toi, Jane (Austen)
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Vent d’ailleurs

Des photos de la famille de l’écrivain britannique Jane Austen, auteur du fameux Orgueil et Préjugés, ont été découvertes dans un vieil album photo, acheté par une passionnée d’histoire sur eBay.

Pauline de Préval

Pauline de Préval

Pauline de Préval est journaliste et réalisatrice. Auteure en janvier 2012 de Jeanne d’Arc, la sainteté casquée, aux éditions du Seuil, elle a publié en septembre 2015 Une saison au Thoronet, carnets spirituels.

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Après avoir analysé les photos, l’acheteuse et des historiens affirment que Jane Austen se serait inspirée de ses trois nièces pour décrire les personnages de son célèbre roman. L’occasion de revenir sur cette femme de génie.

Le cinéma en a fait une star. Son étoile n’a pas besoin d’être gravée sur Hollywood boulevard : elle brille au plus haut, depuis le Hampshire, entre Winchester et Southampton. On ne compte plus, en effet, les adaptations de ses chefs d’œuvre romanesques, voire de ses nouvelles ou de sa correspondance. Les plus grandes icônes - Emma Thompson, Kate Beckinsale, Kate Winslet, Gwyneth Paltrow, Keira Knightley, Hugh Grant, naguère Laurence Olivier – ont prête leurs traits aux héros tour à tour ironiques et passionnés de « Orgueil et préjugés », « Raison et sentiment » ou « Emma ». A quoi il faut ajouter d’autres classiques : « Persuasion », « Le Parc de Mansfield » ou « L'Abbaye de Northanger ». Sa brève vie de 41 ans – une vie pourtant, dénuée de tout romanesque, de tout pittoresque, située entre 1775 et 1817 - a même donné lieu à plusieurs biopics : « Jane » avec Anne Hataway et James McAvoy ou « Le choix de Jane » avec Olivia Williams. Le choix ou plutôt l’absence de choix tournée en renoncement au mariage ! De fait, si Shakespeare a pu être qualifié de plus grand scénariste d’Hollywood, Jane Austen doit être tenue pour son ex-aequo, au pire sa dauphine. On rêve de pareil destin pour nos gloires : Racine ou Molière.  

Nul besoin de mentir, nous avons tous aimé ces films pour ce qu’ils révèlent de charme anglais, de sentiments terrestres et d’amours inquiètes. Si on compare Jane Austen à Emily Brontë, son univers est humain : il n’est question que d’unions heureuses, d’amours qui trouvent leur finalité, de supériorité féminine équilibrée par une supériorité masculine. Et pourtant, s’il est un univers cruel entre tous, ce n’est pas celui de la lande où Heatcliff et Catherine crient leurs amours maudites, c’est bien celui de Jane Austen où des jeunes filles pauvres, qui redoublent le malheur de leur sexe par celui d’être intelligentes, doivent frayer leur chemin dans une société de classes où les rangs sont serrés et les places gardées. En bref, être une femme, être pauvre, être brillante : autant de malédictions ! Mais autant de malédictions que Jane Austen aime à tourner et retourner dans tous les sens pour nous ravir. On tremble et on s’amuse, pris que nous sommes entre compassion pour les héroïnes et satisfaction de les voir déjouer leurs maladresses ou, pire, leurs malédictions natives. La vie de ces gens simples, celle des classes rurales d’antan, qui sans être fortunées, ne sont pas sans bien, tout cet univers qui n’en est pas encore à l’âge industriel, en même temps qu’il est déjà engagé dans l’âge moderne a pourtant quelque chose de rassurant : les récoltes sont comme les mariages, à savoir des choses inscrites dans une nature qui se perpétue. Sauf pour qui s’interroge sur sa place, comme le font les héroïnes de Jane Austen, qui, à leur manière, sont annonciatrices des révolutions à venir. Assurément, mais sans rien non plus de violent non plus : ces interrogations ont le charme faussement naïf de jeunes filles qui, sans être maîtresses de leurs destins, se remettent à l’amour pour mener l’aventure.

Ecoutons ce qu’en disait Edmond Jaloux pour mesurer la vraie grandeur de notre romancière : « Nos réalistes les plus véridiques, un Champfleury, un Duranty, un Henry Céard, ont, vis-à-vis de leurs personnages, un parti pris de dénigrement et d’aigreur : ils ne veulent les voir que mesquins, desséchés, appauvris. Jane Austen, au contraire, laisse passer dans ses livres un courant chaud, tendre et riant ; c’est ce qui leur donne cette vertu qui les fait paraître aujourd’hui aussi frais qu’à l’origine. Ils valent par le goût, la mesure, la sincérité, la rapidité du récit, un certain humour qui leur est habituel et qui est la moquerie malicieuse d’une jeune fille. » Mon conseil du jour sera donc radical : si vous vous sentez triste, en proie à la mélancolie, si rien ne va, si tout est noir, arrêtez de vous lamenter et courez acheter n’importe quel livre de Jane Austen : il est impossible qu’ils ne vous remettent pas d’aplomb. Jane est un professeur d’énergie. Elle montre que l’intelligence du cœur est le plus grand des Sésame.

Retrouvez les photos sur le site du Daily Mail

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