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Un hosanna sans fin : était-ce bien nécessaire?
©Statista

Atlanti-Culture

Bien sûr, nous recevons cet ouvrage posthume comme un hommage à Jean d'Ormesson. Mais ce livre n'est pas l'un des meilleurs de celui qui restera comme l'une des grandes figures culturelles et sociales de la France des 50 dernières années.

Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE
Un hosanna sans fin
de Jean d’Ormesson

Ed; Héloïse d’Ormesson


RECOMMANDATION
         BON


THÈME

Dans cet ultime ouvrage posthume, Jean d’Ormesson met un point final à la trilogie existentielle de ses dernières années. Un livre frontalier de la mort qu’il n’a pas eu le temps de relire tout à fait et d’y marquer le mot « fin ». Béni et doué de naissance, consacré très jeune et couverts d’honneurs jusqu’à la fin, c’est justement ce destin – naître - et sa suite inexorable – mourir - qui interpelle Jean d’O. , figure pétulante de la culture et de l’esprit français, le bien aimé de nos lettres. Il se sait, comme les autres, vieux mortels ou faux immortels de l’Académie, condamné à brève échéance. 

Ce court livre, testament temporel habité d’une souriante mélancolie, est un petit journal de l’adieu.

POINTS FORTS

Mourir à 92 ans donne du temps à un écrivain. Le temps des romans de l’insouciance, de la légèreté, des sagas familiales, des fresques historiques et des héros ramenés à la vie; le temps d’une histoire personnelle de la littérature; puis le temps des retours vers l’essentiel. Ce « bréviaire de la fin » touche plus qu’il impressionne. Ce n’est pas une œuvre d’absolu, c’est une méditation qui emprunte des bouts au Tout et aux riens, à la science, à la philosophie, à l’histoire, aux religions. Sans résultat pour cette enquête sur les responsabilités respectives du hasard, de la nécessité, du Big bang, des dieux pluriels et de Dieu, au singulier. Et tout ce chemin mène soit au vide soit à la foi. Tous ces bonheurs, cet optimisme patiné, cette espérance bonhomme s’arrêtent à la frontière du croire. Sans vouloir y entrer vraiment, pour de bon.

POINTS FAIBLES

Aux derniers mois de sa maladie, affaibli, Jean d’Ormesson affiche, entre fulgurances et évidences, la gravité émerveillée du penseur. Il fait, en survolant la question et en donnant trop de place à l’homme dans l’univers, le pèlerinage du vieux sage qui cherche à rabouter le fil de sa vie à son origine et à l’issue qui pointe. Sans y parvenir tout à fait, en nous laissant sur notre fin en quelque sorte. Je retire de cette lecture une espérance fatiguée par le doute, une hésitation entretenue par la raison, une forme de manque de courage à refuser de choisir entre personne et quelqu’un et entre rien et « autre chose ».

EN DEUX MOTS 

Cet adieu est plutôt un au revoir et d’Ormesson, en bon gentilhomme, a donné à Dieu sa chance.


 UN EXTRAIT
Ou plutôt trois:

-"Notre vie ne nous appartient pas. Ni voulue, ni choisie, ni même acceptée, elle nous est donnée – et même prêtée – de force."

-"Un grand avenir se prépare en silence"

- "Très capable d’apaiser notre curiosité, la science est incapable d’apaiser notre angoisse."

L'AUTEUR

Jean d’Ormesson, 1925- 2017, issu d’une famille aristocratique, normalien, a été professeur, écrivain et journaliste. Elu dès 1973 à l’Académie française, son œuvre variée et abondante, a été révélée par le succès de « La gloire de l’Empire ». Son charme, son érudition et sa verve lui ont valu d’être familier des plateaux télévisés et de connaître une grande popularité tant chez ses lecteurs que dans le grand public. Mais sa mort a été un peu éclipsée par celle, le lendemain, de Johnny Halliday.

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