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Danse avec une star : Jorge-Luis Borges
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Vent d’ailleurs

Pauline de Préval nous entretient toutes les deux semaines de ses pérégrinations parmi les meilleurs auteurs de littérature étrangère.

Pauline de Préval

Pauline de Préval

Pauline de Préval est journaliste et réalisatrice. Auteure en janvier 2012 de Jeanne d’Arc, la sainteté casquée, aux éditions du Seuil, elle a publié en septembre 2015 Une saison au Thoronet, carnets spirituels.

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De Jorge-Luis Borges (1899-1986), on a voulu retenir l’image d’un aède aveugle, de l’Homère de Buenos-Aires, habile à chanter les tours et détours des Ulysse modernes. Son œuvre reprend l’image qu’il affectionnait du labyrinthe. Labyrinthe de mots, de symboles, de situations, où si une issue existe, c’est seulement entre les mots – le temps de les rêver. De là, on a pu conclure d’une part que Borges était pessimiste, d’autre part qu’il était intellectuel. Rien de faux dans ce jugement. Mais si Borges continue à nous toucher, à travers ses Fictions, ses Enquêtes ou ses innombrables Dialogues, c’est pour avoir trempé sa lucidité dans l’humour, et, malgré ce qu’il a parfois d’abstrait, pour avoir su écrire un poème comme celui-ci : 

Moi qui ai été tant d’hommes, je n’ai jamais été
Celui dont l’étreinte faisait défaillir Mathilde Urbach.

De fait, Borges a aimé les westerns de John Ford et a chanté les exploits de Martin Fierro, ce « gaucho », ce cow-boy de la pampa, dont José Hernandez a écrit le roman épique au XIXe siècle. De même, il a célébré le tango, comme un recueil de quatre conférences éditées par Gallimard vient nous le rappeler. Le tango ? « Le tango nous donne l’impossible souvenir d’avoir été tué dans une rixe par de mauvais garçons », précise Borges. Dans ces conférences, il rappelle l’histoire de cette danse, faite d’une mesure à deux ou quatre temps, et en profite pour délivrer l’hommage de la plus haute culture - Hugo ou Lugones, parmi d’autres, sont convoqués - à la culture la plus populaire. Car le tango vient des bas quartiers et s’en fait une gloire : celle d’une noblesse née de la vie. Mais la métaphysique n’est jamais loin, le tango étant aussi apparenté à la mort, avec l’idée d’un pas de deux avec le destin, avec ce qui est sauvage. « Peu importe que les individus soient morts. En écoutant un vieux tango, nous savons que les hommes ne furent pas seulement courageux, mais aussi courageux dans leur joie », écrit-il. A mettre en pratique !

Jorge-Luis Borgès, Le tango. Quatre conférences, [El tango], Trad. de l'espagnol (Argentine) par Silvia Baron Supervielle, Collection Arcades (n° 116), Gallimard

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