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Fashion Freak Show : C'est vraiment un mec extra, ce Jean-Paul !
©DR

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Quoi qu'il entreprenne, ou presque, Jean-Paul Gauthier a cette magie de le faire avec autant d'empathie que de talent. Résultat: le client ou, en l'occurrence, le spectateur est presque toujours sous le charme.

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann d’abord professeur d’histoire en collège, est actuellement enseignant-chercheur en histoire contemporaine à l’université de Lille – Charles de Gaulle. Le théâtre est une passion qui remonte à sa découverte du Festival d’Avignon ; il s’intéresse également aux séries télévisées. Il est, avec Charles Edouard Aubry, co-animateur de la rubrique théâtre et membre du Comité Editorial de Culture-Tops.

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SPECTACLE

FASHION FREAK SHOW

DE JEAN-PAUL GAULTIER

MIS EN SCÈNE PAR JEAN-PAUL GAULTIER ET TONIE MARSHALL

AVEC Maud’Amour, Fanny Coindet, Anna Cleveland, Lazaro Cuervo Costa, Julie Demont, Mike Gautier, Patrick Kuo (J.-P. Gaultier), Grégoire Malandain, Nacer Marsad, Marie Meyer, Mounia Nassangar, Demi Mondaine, Anouk Viale, Lea Vlamos, Jean-Charles Zambo.

INFORMATIONS 

 FOLIES BERGÈRES, 32 rue Richer 75 009 Paris

Jusqu'au 30 décembre (15h00 et 20h00)

Réservations : 08 92 68 16 50 / www.foliesbergere.com

RECOMMANDATION

EXCELLENT

THÈME

La revue, conçue par Jean-Paul Gaultier et exécutée par une troupe cosmopolite d’acrobates-danseurs-chanteurs-comédiens-mannequins, nous invite à retracer le cheminement du célèbre styliste et nous embarque pour un voyage dans sa tête.

Outre son ourson Nana, on croise les personnes qui ont le plus compté pour lui (de la grand-mère adorée à Catherine Deneuve), mais aussi les lieux (Palace), influences artistiques – cinématographiques (de Falbalas au Rocky Horror Picture Show) et musicales (de James Brown à Bronsky Beat en passant par les B 52’s) – majeures du créateur. 

L’ensemble est montré dans un mélange judicieux de chorégraphies, de défilés, de projections et montages sur écran en arrière-plan de la scène.

POINTS FORTS 

• Les divers écueils (célébration mégalomaniaque et sans recul, multiplication de clins d’oeil pour initiés) qui guettaient cette biographie introspective mise en revue ont été évités avec brio.

• Le Fashion Freak Show fait montre d’une belle capacité de distanciation vis-à-vis de son milieu professionnel (une parodie de conversation téléphonique incendiaire à propos de Gaultier entre Anna Wintour et Karl Lagerfeld, surnommé Karlit) et d’autodérision (la reconstitution de son tout premier défilé de 1976 sur le fil du rasoir), sans parler de l’irruption en incrustation de Rossy de Palma en institutrice persécutant le jeune Jean-Paul, ou d’un Antoine De Caunes gravement perlousé en reine Elizabeth freaky...

• Ce spectacle s’adresse à tous à des titres divers, mais pas forcément exclusifs les uns des autres : si certains s’attacheront au parcours du couturier et voudront percer les secrets de son goût prononcé pour les corsets et autres bustiers en forme d’obus, d’autres (parfois les mêmes) s’intéresseront à l’évolution de la mode, pour ne rien dire de ceux qui retrouveront l’ambiance de folles soirées des seventies aux nineties via une reconstitution des boîtes anglaises et française (Le Palace) et des morceaux incontournables de l’époque…

• Ce Fashion Freak Show est aussi inventif dans son exposition - servie magistralement par une troupe venue de tous horizons et de toutes traditions chorégraphiques - que construit, réfléchi et pensé dans les grandes lignes comme dans les moindres détails, comme il sied dans l’univers de la mode.

• Gaultier était attendu sur ses points forts – costumes, défilés, transcription visuelle de son univers personnel – et son inventivité en la matière n’est jamais prise en défaut.

• Quelques chorégraphies (assurées par Marion Motin) sont particulièrement réussies, qui oscillent du comique (la leçon de défilé pour une néophyte) au tragique (la mort de Francis, premier grand amour et compagnon de J.-P. Gaultier), pour culminer avec un “final“ enlevé, enthousiaste et euphorisant.

POINTS FAIBLES 

• Je n’en vois guère, si ce n’est que la chanteuse (Demi Mondaine) est parfois un peu en dedans sur certains morceaux qu’elle interprète. Il est vrai qu’elle s’attaque à forte partie (Light my Fire, Walk on the Wild Side).

• Le mieux étant l’ennemi du bien, il n’est pas certain que le strip tease qui suit le défilé sur le même fond musical (Man’s Man’s World de James Brown) n’exprime pas plus de longueur que de langueur…

• Le soir ou j'y suis allé, un incident technique a retardé le lancement du second acte, et failli casser l’ambiance; heureusement, la troupe a repris sur des chapeaux de roue, comme si de rien n’était !

EN DEUX MOTS 

Une revue tout à la fois inventive, enthousiaste et maîtrisée, qui prône une salutaire tolérance envers l’excentricité et, par-delà, envers les différences.

UN EXTRAIT 

« Il faut souffrir pour être belle, et être belle pour faire souffrir »

L’AUTEUR 

Jean-Paul Gaultier, né en 1952 dans une famille modeste et aimante de petits employés de la Région parisienne, fait ses premières armes dans des maisons prestigieuses (Jean Patou, Pierre Cardin), avant de lancer sa première collection en 1976. Avec le soutien du groupe japonais Kashiyama, il rencontre le succès à partir des années 1980, fonde sa propre marque (Jean Paul Gaultier), réhabilite le corset, emblématise la marinière, et, fort de ces succès, lance sa propre gamme de parfums la décennie suivante.

Ce couturier, qui émerge au même moment que le mouvement punk, rompt avec les codes en vigueur dans la haute couture (défilés, choix des mannequins) et n’hésite pas à habiller les hommes en jupes, à utiliser le plastique, y compris les sacs poubelle... L’eclectisme de son inspiration, une activité et une imagination débordantes ont vite fait de lui l’un des symboles les plus visibles de la mode française aux yeux du monde.

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