Chien-loup : Parfois maladroit et répétitif, mais original<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Chien-loup : Parfois maladroit et répétitif, mais original
©DR

Atlanti-culture

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Laroque Latour est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

Voir la bio »

LIVRE

CHIEN-LOUP

de Serge Joncour

Ed. Flammarion

480 pages

21 €

RECOMMANDATION

           BON

THÈME

 Eté 1914 : La faune sauvage des collines du Lot hurle à la mort autour du village perdu  d’Orcières comme en  écho à l’annonce de la mobilisation qui va priver les fermes de tous les hommes valides et laisser les femmes s’épuiser seules sur les terres.

Eté 2017 : Franck, producteur très parisien, et son épouse, Lise, actrice en fin de carrière, végétarienne, limite vegan, décident,  pour vivre un vrai retour aux sources,  de louer dans cette région inaccessible un gîte sans confort qui, en fait,  abrita durant la grande guerre un dompteur allemand déserteur avec ses huit fauves. Le résultat va dépasser leurs espérances, ignorants qu’ils sont du passé tragique de l’endroit. Mais l’inhumanité qui règne encore dans cette contrée oubliée est-elle pire que la férocité qui préside actuellement à leur monde dit  civilisé ?

POINTS FORTS

- La description saisissante -et un brin fantasmée- d’une nature vierge et dangereuse, plus proche de la forêt équatoriale que des collines boisées du centre de la France.

- L’évolution non exempte d’humour d’un Franck qui passe du bobo hyper connecté, cramponné à son smartphone et terrorisé par l’absence de réseau, à  « l’aventurier fragile », puis au coureur infatigable,  avide de la chair rouge dont il fait l’hommage au chien qui l’a choisi.

- L’exploration systématique de tout ce qui relève des  sens, l’ouïe, la vue, l’odorat,  le goût,  le toucher, en bref, l’étude des sensations concrètes immémoriales au rebours du virtuel actuel.

- Une esquisse intéressante du phénomène de la rumeur : la conclusion de l’histoire diverge selon les quelques bribes qu’en possèdent les différents interprètes.

- L’amour fusionnel de deux couples à un siècle de distance : l’un s’étreint au-dessus de la cage aux lions,  l’autre s’épaule autour d’une salade...

POINTS FAIBLES

- Des longueurs et beaucoup de répétitions

- Des personnages échafaudés comme  des archétypes : le producteur has-been qui puise dans l’ingestion de viande la force de contrer  ses prédateurs du tout-numérique, l’épouse compréhensive parée de tous les dons,  le maître des fauves et  la veuve esseulée, le boucher « puissamment sanguin » et les chasseurs aux chiens de sang…

- Des rapports hommes-bêtes très intellectualisés

- L’alternance méthodique des chapitres 19015/2017 présente un côté artificiel qui finit par tourner au procédé

EN DEUX MOTS

Une fable sur la violence et la cruauté naturelles à toutes les époques, illustrée par deux périodes-clés distantes d’un siècle et symbolisée par  un animal mi-chien, mi-loup. Sujet original mais parfois maladroitement et trop longuement ressassé.

UN EXTRAIT

Ou plutôt quelques pointillés des pages 187-188, au cours desquelles Franck et Lise évoquent leur première nuit au Mont d’Orcières :

« Je te jure que cette nuit il y avait des bêtes en bas, plein de bêtes qui faisaient un bruit de dingue, ça foutait les jetons et par reflexe j’ai dit au chien « va chercher », et il y est allé (…) il a dû les courser jusqu’à l’aube, je l’entendais qui hurlait au loin, il aboyait de l’autre côté des collines et puis après, plus rien.

Ah bon parce qu’il était déjà là cette nuit ?

Oui, il m’a tenu compagnie.

Tu en parles comme d’un être humain !

(…)

Lise, tu as vu…

Quoi ?

Il n’a pas de collier !

Et alors ?

Ça veut dire qu’il n’est à personne… »

L’AUTEUR

Né à Paris en 1961, Serge Joncour a exercé différents métiers, dont celui de  rédacteur publicitaire, avant de se consacrer à l’écriture. En 1998, il publie un premier roman, Vu, qui le projette sur la scène littéraire, et sera suivi d’une douzaine d’ouvrages dont L’Idole, L’Ecrivain national et Repose-toi sur moi pour lequel il reçoit le Prix Interallié en 2016.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !