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Le train d'Erlingen ou la métamorphose de Dieu : Frustrant
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Atlanti-Culture

Valérie de Menou pour Culture-Tops

Valérie de Menou pour Culture-Tops

Valérie de Menou est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

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LIVRE

LE TRAIN D’ERLINGEN OU LA METAMORPHOSE DE DIEU

DE BOULEM SANSAL

Ed. GALLIMARD

248 pages

RECOMMANDATION

          A LA RIGUEUR

THÈME

Dans une trame duelle, Boualem Sansal nous livre une histoire multiple dont les fils conducteurs sont l’inquiétude, la violence et les dangers de l’extrémisme religieux.

La première partie est épistolaire. Ute Von Ebert, héritière d’un empire industriel, écrit à sa fille le quotidien d’une ville imaginaire -Erlingen- où la population, assiégée par un mystérieux envahisseur, attend, avec anxiété, l’arrivée d’un hypothétique train destiné à les évacuer.

Une seconde partie retrace le destin d’Elisabeth Potier, victime collatérale de l’attentat islamiste du 13 novembre 2015 à Paris.

POINTS FORTS

-        Deux couples mères-filles attachants et aux relations intenses. Tout d’abord, Ute et Hannah, même si Hannah est une confidente invisible; puis Elisabeth et Léa, qui assiste, médusée, au combat de sa mère. On pourra penser qu’Elisabeth aura sans doute inventé l’incisif personnage d’Ute et laissé des notes afin que sa fille s’en inspire pour écrire et dénoncer  ce monde de brutes qui nous cerne.

-        Des réflexions intéressantes sur l’insidieux pouvoir de l’oppresseur, la lâcheté des politiques sans vision à long terme et la soumission par allégeance.  A transposer, bien entendu, avec ce que nous vivons aujourd’hui et la menace de l’envahisseur, « qui est partout et nulle part » page 58.

-        Dans la seconde partie, une description angoissante de la situation en Seine Saint-Denis qui peut se transposer à bien d’autres zones de non-droit. On le sait, mais il est utile que  l’auteur nous injecte une  piqûre de rappel.

-         L’histoire de l’émigration européenne en Amérique, du XVIIIe  au XXe siècle, est décrite avec précision, nous permettant de réaliser qu’elle a peu de similitude avec  les migrations actuelles vers l’Europe, qui représentent un réel danger pour la démocratie.

POINTS FAIBLES

-        L’auteur nous prévient dès la page 14: « la construction de ce roman s’éloigne des cadres habituels de la narration romanesque et peut dérouter, mais ainsi est le chemin de la vérité, bien fait pour nous perdre ». Il a raison sur le premier point, j’ai été  déroutée par la forme de ce roman, mais il a tort sur le second point, ce n’est pas forcément le chemin de la vérité que de se perdre dans les méandres d’une pensée trop confuse et trop fantasmagorique. Le message en est fort malheureusement brouillé et ne permet pas de délivrer au mieux la pensée de l’auteur sur les ravages de l’islam radical.

-        On reste sur notre faim à de nombreuses reprises, particulièrement au sujet d’un livre obscur- seulement évoqué- qui dénoncerait les trois impostures de Moïse, Jésus et Mahomet et qui justifierait des exactions. On s’attend à un rebondissement, une révélation qui ne viennent pas.

-        Trop de pages pseudo- philosophiques qui se présentent comme une compilation de fiches cartonnées d’un bon élève au bac français. Dommage pour Kafka, Buzzati et Henry David Thoreau, abondamment évoqués.

La lecture en devient agaçante alors que certaines phrases pourraient être des pistes de réflexion fondamentale hors du contexte.

EN DEUX MOTS

Passée à côté de « 2084 » dont la  lecture me fût laborieuse, notamment après le choc du remarquable « Soumission » de Houellebecq,  j‘ ai entamé ce nouvel ouvrage avec curiosité. Emporté, avec soulagement par les 100 premières pages, mon intérêt est  tristement retombé.  J’ai regretté que les prises de position, aussi lucides que courageuses, de Boualem Sansal passent mal dans ce roman souvent confus. Je l’ai refermé avec frustration.

UN EXTRAIT

« Notre amour de la vie, de la liberté et de la paix a fait de nous de pauvres diables effrayés, aptes à toutes les lâchetés, quand la haine de la vie, de la liberté et de la paix a donné à notre diabolique ennemi le goût de l’éternité et de la toute-puissance, et la détermination pour les obtenir par tous les moyens. Quel drame que d’en être arrivé à penser que la défaite et la soumission  seraient pour nous une solution satisfaisante. » Page 28

L’AUTEUR

Boualem Sansal est un romancier et essayiste algérien, francophone, censuré dans son pays d’origine- où il réside toujours- en raison de sa position critique à l’égard du pouvoir en place. Il ne cesse de dénoncer, dans la presse et par l’écriture, l’ordre islamique qui tente de s’installer en France.

Il a publié de nombreux ouvrages, distingués à plusieurs reprises. Son précédent roman, « 2084 : la fin du monde », inspiré de « 1984 » d’Orwell, dénonce le pouvoir religieux extrémiste. Il a reçu le grand prix du roman de l’Académie française. 

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