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"L’héritage des espions" de John le Carré : Quelle santé, ce John!
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Son dernier roman en témoigne: à 86 ans, John le Carré reste le maître du roman d'espionnage. Chapeau. Profitez-en.

Serge Bressan pour Culture-Tops

Serge Bressan est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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 LIVRE
« L’héritage des espions » de John le Carré. Seuil. 320 pages, 22 €.
RECOMMANDATION
           EXCELLENT
>THEME
              En ouverture de « L’héritage des espions », le narrateur précise : « Ce qui suit est le récit authentique et aussi précis que possible de mon rôle dans l’opération de désinformation britannique (nom de code Windfall) montée contre la Stasi, le service de renseignement est-allemand à la fin des années 1950 et au début des années 1960, qui a provoqué la mort du meilleur agent secret anglais avec lequel j’aie jamais travaillé et de la femme innocente pour laquelle il a donné sa vie ». Complément d’info : l’espion s’appelait Alec Leamas et son amie, Liz Gold. Ils sont morts en 1961 au pied du mur de Berlin en un temps qu’on a appelé « la guerre froide ». 
En 2017, on est plongé en Bretagne, dans un village où s’est retiré Peter Guillam. Lui, il a bossé pendant des années avec George Smiley, déjà croisé dans huit romans de John le Carré. Tous deux, ils ont été des pointures du « Cirque », surnom des services de renseignement britanniques. Guillam est convoqué à Londres, il va être entendu sur ses activités d’agent secret durant la guerre froide. A la tête des services de renseignement, il y a une nouvelle équipe, une nouvelle génération qui n’a rien à faire des luttes menées par les Occidentaux contre les régimes communistes. « Quelqu’un doit payer pour le sang des innocents sacrifiés sur l’autel de l’intérêt général », lit-on…
>POINTS FORTS
-Avec cet « Héritage des espions », John le Carré, en virtuose, fait des allers et retours entre le passé et le présent, la guerre froide, la présidence de Donald Trump et le Brexit…
-Une plongée saisissante dans le monde des espions, hommes et femmes discrets, si loin du clinquant de James Bond et consorts.
-Un mix très réussi de certitudes, de mélancolie, de tristesse, de questionnements sur les choix et les actes.
-L’écriture toujours formidablement alerte, tout en demeurant d’un classicisme et d’une pureté exemplaires.
>POINTS FAIBLES
Les deux jeunes agents qui demandent des comptes sur la mort de leurs parents sont, par bien des points, trop caricaturaux, trop « cliché »…
>EN DEUX MOTS
         En maître du roman d’espionnage, John le Carré prouve avec « L’héritage des espions » qu’hier ne meurt jamais. Il demeure l’un des rares à pouvoir, à savoir glisser dans une affaire d’espions des questions politiques, intimes, éthiques… On y ajoutera une écriture, un style toujours aussi riches et vigoureux. 
Espions, prenez garde, à 86 ans John le Carré est vivant et toujours bien vivant, il n’a pas l’intention de vous lâcher de sitôt !
>UN EXTRAIT
Ou plutôt deux:
- « L’ennui avec vous, les espions, et ceci n’a rien de personnel, c’est que vous êtes infoutus de reconnaître la vérité même quand vous l’avez sous le nez ».
         - « La recherche de responsabilités historiques fait rage, à l’heure actuelle. C’est notre nouveau sport national. La génération immaculée d’aujourd’hui face à votre génération coupable ».
>L'AUTEUR
Né David Cornwell, le 19 octobre 1931 à Poole, ville portuaire du sud de l’Angleterre, John le Carré  a travaillé, dans les années 1950- 60, pour le MI5 et le MI6, les services secrets de Sa Royale Majesté.
Il a publié son premier roman, « L’appel du mort », en 1961, puis enchaîné les best-sellers dont « L’Espion qui venait du froid » (1963). Publiant donc à 86 ans son 24ème roman (« L’héritage des espions »), il précise : « Dans le temps, il était bien commode de m'étiqueter « espion devenu écrivain », même si c'était totalement faux. Je suis un écrivain qui, dans sa prime jeunesse, a passé quelques années inefficaces mais très formatrices dans le renseignement britannique ». Il affirme également qu’il n’envisage pas d’arrêter d’écrire (même s’il n’est pas publié !), refuse toujours toute mondanité et concède de temps à autre quelques confidences, parmi lesquelles : « Je suis un menteur. Né dans le mensonge, éduqué dans le mensonge, formé au mensonge par un service dont c'est la raison d'être, rompu au mensonge par mon métier d'écrivain ».

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