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Et dans la nouvelle ruée vers l’or de l’intelligence artificielle, le leader issu des géants de la tech est...
©Allociné / Universal Pictures International France

Tous derrière et lui devant

Dans cette très ambitieuse course à l’IA, un mastodonte se démarque de quelques autres. Encore largement à la traîne, la France possède, quant à elle, des atouts pour se faire une place de choix dans la compétition.

Jean-Paul Pinte

Jean-Paul Pinte

Jean-Paul Pinte est docteur en information scientifique et technique. Maître de conférences à l'Université Catholique de Lille et expert  en cybercriminalité, il intervient en tant qu'expert au Collège Européen de la Police (CEPOL) et dans de nombreux colloques en France et à l'International.

Titulaire d'un DEA en Veille et Intelligence Compétitive, il enseigne la veille stratégique dans plusieurs Masters depuis 2003 et est spécialiste de l'Intelligence économique.

Certifié par l'Edhec et l'Inhesj  en management des risques criminels et terroristes des entreprises en 2010, il a écrit de nombreux articles et ouvrages dans ces domaines.

Il est enfin l'auteur du blog Cybercriminalite.blog créé en 2005, Lieutenant colonel de la réserve citoyenne de la Gendarmerie Nationale et réserviste citoyen de l'Education Nationale.

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Atlantico : La course à l'intelligence artificielle apparaît comme étant la nouvelle ruée vers l'or pour les entreprises de la tech. Aujourd'hui Alphabet (Google) semble dominer cette course. Comment expliquer cette position dominante (entre les investissements de la firme et l'écosystème favorable au deep learning) ?

Le sujet n’est pas nouveau, on a déjà beaucoup parlé sur l’intelligence artificielle durant les dernières décennies. Tout d’abord par des philosophes comme Leibniz avec son calculus ratiocinator, ils essaient de décrire le processus de la pensée humaine comme la manipulation mécanique de symboles, sans pour autant vouloir fabriquer des spécimens. Puis on parle d’ordinateur programmable dans les années 1940. Mais ce n’est qu’en 1956 que la recherche en Intelligence Artificielle a vraiment commencé après une conférence tenue sur le campus de Dartmouth.

Depuis tout le monde connait ou a entendu l’histoire de Garry Kasparov en Mai 1997. Ce dernier a battu Deep Blue, un superordinateur construit par IBM spécialisé dans le jeu d’échecs. Mais la revanche doit avoir lieu. Dans le premier match, Deep Blue fait un mouvement qui perturbe Kasparov, qui pense alors que la machine a une stratégie qu'il ne parvient pas à comprendre. Dans la deuxième, le Russe perd ses moyens et, alors qu'il peut faire match nul, concède la partie.

Il fallut attendre quelques années pour apprendre que le mouvement qui a tant perturbé le meilleur joueur mondial était en fait dû à un bug et non à une stratégie élaborée de l'ordinateur. Au bout des six parties, Kasparov s’est finalement incliné. Pour la première fois, le meilleur joueur du monde perdait face à une intelligence artificielle.

Aujourd’hui nous vivons une période d’accélération technologique et scientifique sans précédent et un nouveau sursaut a eu lieu.

Le Deep Learning ou système d’apprentissage et de classification basé sur des réseaux de neurones artificiels numériques permettant à un ordinateur d’acquérir certaines capacités du cerveau humain a basculé en 2012.

Depuis ce temps l’actualité foisonne autour du sujet avec les écrans tactiles, la voiture sans chauffeur, le programme Watson d’IBM (Jeopardy), l’application Siri d’Apple, le programme AlphaGO de Google, Agilus (Ping-pong), Jeu de GO, etc.

Bref les robots à qui le Parlement Européen songe à donner un statut de personne morale, le fait que  le sujet devait même être au cœur de la présidentielle nous invite à croire qu’est venue la véritable heure de l’Intelligence Artificielle et que les machines pourraient enfin devenir  intelligentes même si on s’accorde encore à croire que l’on ne peut vraiment parler à ce jour d’une Intelligence Artificielle Forte.

Les entreprises et les start-up sont ainsi sur le pont  dans des secteurs comme la reconnaissance faciale, les assistants intelligents, la voiture autonome, la médecine et la justice prédictive, la traduction automatisée, l’anticipation de nos désirs pour ne pas tous les citer.

Quand aux grands de la tech comme les GAFAMI (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ils n’ont pas attendu ce sursaut pour investir le sujet.

Le chiffre d’affaires cumulé de ces mastodontes est comparable au PIB du Danemark, et que leur capitalisation boursière est d’environ 2 000 milliards de dollars signale ce site.

Le plus Grand d’entre eux « Google » vient ainsi d’élaborer sa propre IA, qui surpasserait tout ce qui a été fait jusqu’à présent par les humains. En effet Google détient comme les autres grands des quantités de données qui mises bout à bout peuvent générer des algorithmes de plus en plus intelligents.

Une sorte d’intelligence artificielle sur l’intelligence artificielle, un algorithme apprenant en se nourrissant de grandes quantités de données. Le processus demande tout de même énormément de temps et de calculs. En automatisant le processus de création de systèmes d’IA précis et efficaces, une IA capable d’en concevoir une autre, prend en charge ce travail conséquent signale

N’ayant pas oublié les BATX , véritables GAFAMI chinois (Baidu,Alibaba, Tencent et Xiaomi). Ces firmes sont parties à la conquête d’un marché européen vulnérable et déjà colonisé par les géants américains du digital Google vient  d’ouvrir un laboratoire dédié à l'intelligence artificielle à Pékin. Ce dernier servira de tête de pont pour recruter les plus grands spécialistes locaux du secteur, avidement convoités par les champions nationaux du Web Alibaba, Baidu et Tencent. L'équipe de Pékin travaillera en collaboration avec d'autres experts du monde entier, répartis dans les bureaux de New York, Toronto, Londres et Zurich.

Quatre autres grande entreprises emblématiques de la « disruption » numérique formant les « NATU »: Netflix, Airbnb, Tesla, et Uber sont en phase de les rejoindre dans cette grande.  Chacune d’entre elles est ou sera en effet source et terreau d’innovation dans le monde de l’Intelligence Artificielle.

Après avoir battu à plates coutures les meilleurs humains au jeu de go, le programme d’intelligence.

Quel va être le rôle et la position de la Chine avec ses BATX dans le court et moyen terme ?

Sur la base de toutes les données déjà connectés par les BATX la Chine envisage d’investir et de jouer un rôle mondial dans l’IA. Chez Baidu, le Google chinois, le patron de l’intelligence artificielle compte en effet déjà aujourd’hui sous sa responsabilité 2 500 chercheurs ». Le BATX pourrait donc avec cet arsenal être la conquête chinoise de l’Europe !

En 2022 c’est 550 millions de consommateurs de la classe moyenne (Deux fois l’Europe), un véritable relais de croissance pour la Chine qui viendra grossir les capacités de développement d’applications autour de l’IA.

Rappelons que les BATX se sont battis sur les mobiles et on voit là le vivier que cela constituerait en termes d’applications en IA. Les BATX ont aussi un avantage c’est de s’être bâtis sur des sociétés en cours de croissance.

La Chine a aussi commencé à investir en Indonésie, aux Philippines, en Thaïlande dans ces domaines.

Beaucoup disent que le futur de l’IA se jouera dans une guerre entre la Chine et les États-Unis. Le bras de fer a commencé avec Tencent qui vient d’atteindre les 500 milliards de valorisation en Bourse. Le groupe chinois a ainsi détrôné Facebook.

Dans ce blog on peut lire que le Président de la publicité de Tencent, Seng Yell a expliqué lors d’une récente interview parue dans Les Echos que WeChat investissait lourdement dans l’intelligence artificielle :

« Avec l’intelligence artificielle et le cloud computing, nous allons passer d’un marketing de précision à un marketing prédictif. Et cela va se passer en Chine car c’est ici qu’il y a la plus grande quantité de données ».

Face à cette compétition n'est-il pas illusoire de penser que la France avec ses très maigres moyens et l'absence manifeste d'effort national (au-delà des beaux discours) ou européen dans le domaine a encore son mot à dire ou une carte à jouer dans cette course à l'IA alors que l'intelligence artificielle forte n'est même pas née ?

La France a toutes ses chances dans le domaine de l'IA et doit se saisir vite du contexte international précédemment décrit et des enjeux de l'Intelligence artificielle car tous les secteurs de la société seront impactés. Le fait que Facebook s’installe en France a aussi fait réfléchir un certain nombre de gens

Elle a un vivier de compétences dans le domaine en raison des très bonnes formations en mathématiques, statistiques et logique, explique Bertrand Braunschweig, directeur du centre de recherche Inria Saclay, coordinateur du Livre blanc d'Inria sur l'IA. 

Il existe aussi plusieurs "living labs" en France où tester la coévolution machine/ humain

C'est pourquoi Emmanuel Macron a confié à Cédric Villani, mathématicien émérite et député (LREM) de l'Essonne, une mission sur l'IA, dont les conclusions seront dévoilées à la fin du mois du janvier.Aidé par Marc Schoenauer, directeur de recherche à l'Inria et pointure mondiale de l'IA, Cédric Villani a rencontré ces derniers mois 250 experts (chercheurs, entrepreneurs, élus, entreprises...), venus de 13 pays. L'objectif ? "Définir une stratégie pour la France."

Les six axes de travail du rapport, présentés mercredi 29 novembre avec le secrétaire d'Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, lors d'un point de mi-parcours sont les suivants :

- Mettre la puissance publique en ordre de bataille

- Une véritable politique de la donnée

- Anticiper et maîtriser les impacts de l'IA sur le travail et l'emploi

- Maîtriser l'impact environnemental de l'IA

- Un cadre éthique à définir

- Développer absolument la recherche et éviter la fuite des talents

"L’Europe doit se sensibiliser aux enjeux de souveraineté et de modèle social", préconise le PDG de l'Inria. "Prenons l’exemple de la médecine, où l’on pourra prédire les risques. D’un côté, c’est formidable, mais de l’autre, cela posera des problèmes. Aura-t-on envie d’être solidaires avec des gens dont on se dira qu’ils sont responsables de leur pathologie? On ne fera pas les mêmes choix en Chine, aux États-Unis et en Europe".

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