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"Astérix et la Transitalique" : La potion n'est plus magique
©wikipédia

Atlanti Culture

Alors que la relève est plutôt bien assurée pour Blake et Mortimer, Largo Winch, Corto Maltes, Valerian, par contre ça ne va pas pour Astérix: le troisième volet de la nouvelle série ne casse vraiment pas quatre pattes à un canard, même romain.

Dominique  Clausse pour Culture Tops

Dominique Clausse pour Culture Tops

Dominique Clausse est chroniqueur pour Culture Tops

Voir la bio »

BD

Astérix et la Transitalique

de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad

Les éditions Albert René

46 p.

 9.95

RECOMMANDATION

A LA RIGUEUR

THEME

Le responsable des voies romaines, Lactus Bifidus, organise une grande course de chars à travers l’Italie pour redorer le prestige de ce réseau routier. Rapidement, César fait de la victoire à cette course un enjeu de la suprématie romaine sur les autres peuples de la péninsule italique et de tout son empire. Mais Astérix et Obélix, nos deux illustres Gaulois, vont se mettre en travers de ses plans, en participant eux-mêmes à cette épreuve.

POINTS FORTS

Cette bande dessinée est le troisième opus de la série des Astérix menée par le duo Ferri et Conrad. Un des principaux intérêts de cette nouvelle aventure est la chasse aux jeux de mots que Ferri distille, avec plus ou moins de finesse, tout au long des pages. Je suis à peu près sûr qu’il est impossible de tous les attraper en une seule lecture. J’ai une petite préférence pour l’affranchissement des Cimbres...

POINTS FAIBLES

Hélas, ce point fort est à peu près le seul de cette BD. Dans leurs deux précédents albums, Ferri et Conrad nous avaient donné l’espoir d’une renaissance du petit Gaulois moustachu et de son compagnon livreur de menhirs. Et pourtant, on n’imaginait plus cela possible après l’indigent « Le ciel lui tombe sur la tête », dernier album dessiné par Uderzo, qui était comme un testament négatif de l’œuvre.

« Astérix chez les Pictes » était un premier pas intimidé, « Le papyrus de César » avait ajouté un scénario plutôt bien fait et une histoire qui se tenait bien, mais la Transitalique casse ce début de dynamique.

Ici, point de scénario, cette course de chars nous laisse sur la ligne de départ, et on se désintéresse très vite de son issue. Les jeux de mots ou les allusions convenues à la culture italienne (les pizzas, le chianti, De Vinci et sa Joconde) ne sauvent pas l’album de cette impression de grand vide. Et pour couronner cette sensation d’échec, la chute de l’histoire est plutôt ridicule.

EN DEUX MOTS

1 - René Goscinny, le scénariste original d’Astérix, et pur génie de la Bande Dessinée, s’est éteint le 5 novembre 1977, il y a  40 ans mois pour mois. Il laisse derrière lui, entre autres, 24 albums d’Astérix, et presqu’autant de chefs-d’œuvre . Presque, car après la sortie du 20ème, "Astérix en Corse", il y a comme un faiblissement.

Dès son premier album réalisé en solitaire, "Le grand fossé", Albert Uderzo, devenu un dessinateur orphelin, montre ses limites scénaristiques, et aucun des albums qu’il dessinera ensuite (10 au total) n’a réellement rallumé la flamme des aventures du petit Gaulois.

Et pourtant, le succès commercial ne se démentira pas, les ventes record s’enchaîneront, comme une injustice faite à tous les auteurs talentueux qui ne perceront jamais. Un chiffre pour illustrer l’ampleur du phénomène, ce dernier album est tiré, au niveau mondial, à 5 millions d’exemplaires !

Le mythe s’est éteint une triste journée de 1977, avec la disparition de Goscinny. Souhaitons juste que Conrad et Ferri puissent retrouver dans leurs prochains albums un peu de leur indiscutable talent pour, à défaut de rallumer la flamme, souffler encore un peu sur les braises.

2 - Ce dernier album des aventures d'Astérix illustre bien le défi qui consiste à faire survivre des héros de BD à leurs créateurs. Les chroniques récentes ou à venir prochainement de l'équipe BD de Culture-Tops en témoignent.

Si l'arrivée d'un nouveau scénariste Largo Winch (chronique de Nicolas Autier) a redonné du souffle à la série, les "repreneurs" d'Astérix semblent marquer le pas (chronique de Dominique Clausse). Il semblerait que le nouveau Corto Maltese ait réussi à s'affranchir de la tutelle de son père Hugo Pratt, tout en marchant avec fidélité dans ses pas (chronique à venir de Bertrand Devevey).

Enfin, le deuxième Valérian "par" - carte blanche donnée à des auteurs pour faire vivre, à leur façon, Valerian et Laureline - reste fidèle à l'esprit de son créateur, Jean-Claude Mézières, tout en affirmant son identité propre (chronique à venir de Adeline Devevey). 

UN EXTRAIT

OU PLUTOT QUELQUES JEUX DE MOTS PRIS CA ET LÀ:

- Ave Bifidus, sois actif ! (César)

- J’ignorais qu’on pouvait déplacer les bornes (Obélix)

- Ce vin, un enchiantement ! (Obélix)

 Etc …

LES AUTEURS

- De Ferri, je garde en premier le scénario du « Retour à la terre », où il donnait corps aux angoisses de Manu Larcenet. Franchement, si vous ne connaissez pas, allez acheter un album tout de suite pour combler cette grave lacune. Astérix représente une aventure nouvelle pour lui qui l’éloigne un peu de la ruralité qu’il affectionne particulièrement. Il est le créateur, par exemple, du mythique, et néanmoins peu connu, Aimé Lacapelle, policier du BIT (Bureau d’Investigation Tarnais).

- Conrad, le dessinateur, est décidément un homme de duos. Avant celui qu’il crée avec Ferri, tous les amateurs de BD ont en tête les albums réalisés avec son complice Yann. Citons Bob Marone, parodie du célèbre aventurier, Bob Morane, ou encore la série des « tigresse blanche » qui nous plongeait dans un exotisme fantasmé. Sa marque de fabrique était un trait vif et original, très différent de ce qu’il fait ici, en respectant les codes du dessin d’Astérix.

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