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"Considérations sur la France" : vous ne regretterez pas de vous accrocher
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Jean-Noël  Dibie pour Culture-Tops

Jean-Noël Dibie pour Culture-Tops

Jean-Noël Dibie est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE

Considérations sur la France

de Jean-Claude Milner, conversations avec Philippe Petit

Editions du Cerf

270 pages

RECOMMANDATION

BON

THEME

Dans ce livre d’entretiens, J.C. Milner, cherche à saisir et anticiper la place de la France en Europe.

Le Prologue permet à l’intellectuel de gauche, de regretter que, dans l’Europe des Vingt-sept, « devenue un principe d’instabilité », la France ait « choisi de nier ses racines révolutionnaires et républicaines ». La dynamique sociétale voulant que, « une société qui ne se transforme pas est une société qui meurt », le philosophe déplore que la société française ne se réforme pas. Oubliant la politique, des réformateurs, à l’écoute des sociologues, se contentent d’adapter les institutions.

Le chapitre 1, A la lumière de Montesquieu, pose la problématique du débat sous l’éclairage des grands principes des Lumières.  La discussion distingue le pouvoir politique, qui crée les règles, du pouvoir des corps intermédiaires qui organisent « la rencontre entre les règles et les individus ». Passant en revue les corps intermédiaires de la société française, Milner constate, notamment : que les enseignants sont devenus « un corps de métier » ; que l’autorité judiciaire constitutionnelle cherche à instaurer un pouvoir judiciaire ; que l’administration, bénéficiaire de l’effacement de l’Eglise et de l’Armée, installe « une société de permissions et d’interdictions ».

Le chapitre 2, Les traces de l’histoire longue, est dédié aux mutations des composantes de la société française des Droits de l’Homme, qui « ne font pas la politique …, mais peuvent imposer des limites à la politique ». La petite bourgeoisie intellectuelle a dû composer avec la bourgeoisie salariée et les notables, élargis à l’élite de l’administration. 

Le chapitre 3, Les traces de l’histoire récente, aborde les ruptures sociales et sociétales résultant de la défaite de 1940 et des guerres coloniales. Parmi celles-ci, le débat fait ressortir la mutation des historiens qui, leur matière étant devenu une science, s’interdisent de juger, alors que les journalistes le font. Il met, également, en exergue l’introduction du modèle méditerranéen dont la solidarité familiale valorise la loi du plus fort.

Le chapitre 4, Les traces résiduelles de l’Etat-Nation, met en lumière l’ambivalence de la France et des français. Ambivalence à l’égard de l’Etat et de la Nation, malmenés par la construction européenne. Ambivalence à l’égard de l’école, chahutée par des « réformologues » qui n’ont pas perçu l’importance qu’il y avait à « séparer radicalement les savoirs et la transmission ». Ambivalences à l’égard de la langue, « le français n’est plus un accélérateur de circulation des idées », mais aussi de la culture et des compétences particulières. Ambivalences à l’égard de la victoire militaire, constante de l’Histoire de France, mais aussi de la réussite économique, « la société française se méfie de toutes les formes de réussite quand elles affectent l’appartenance de classe ».

Après avoir, ainsi, « pris le pouls de la société française », J.C. Milner, relèvant le paradoxe entre « la platitude de l’encéphalogramme socio-politique » et « l’inventivité, l’énergie la combattivité des individus », estime que « la politique aura à réaffirmer en démontrant, si elle le peut, que certaines questions échappent à la technique ».

POINTS FORTS 

Une réflexion riche des travaux antérieurs des auteurs.

POINTS FAIBLES

Je n’en ai pas perçu, si ce n’est : la nécessité d’une attention très soutenue, propre à ce type d’essais ; quelques redites imposées par le plan retenu ; et l’engagement connu des auteurs.

EN DEUX MOTS

Je me suis accroché, je ne le regrette pas.

UN EXTRAIT

Ou plutôt trois:

Page 23.  « Seule la politique rompt avec la force ; plus exactement elle commence quand elle exclut la force comme mode unique d’avoir raison. » 

Page 101.  « …elle (la petite bourgeoisie intellectuelle) ne produit plus d’idées neuves en politique. Or, sa vie était politique. »

Page 168 « La question de la souveraineté … Je ne vois guère que les pays d’Europe occidentale pour avoir fait mine de la mettre en suspend… L’Europe parle comme une grande ONG. Or, elle n’est pas une ONG, elle parle donc nécessairement faux. »

LES AUTEURS

Jean-Claude Milner, né à Paris en janvier 1941, a étudié au lycée Henri IV, à l’Ecole Normale Supérieure et au MIT. Cet intellectuel de gauche, un temps maoïste, docteur d’Etat, professeur des Universités, linguiste, philosophe et essayiste, a beaucoup publié.

- Philippe Petit, né à Neuilly sur seine en 1951, journaliste - Le Monde, Libération, Marianne…-, animateur - « Les chemins de la connaissance » sur France Culture, et philosophe, a publié une trentaine de livres d’entretien.

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