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"Ils vont tuer Robert Kennedy ": un procès maladroit contre les Etats Unis
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Dans son dernier roman, partant de la mort des frères Kennedy, Marc Dugain revisite de manière véhémente, caricaturale, pour ne pas dire simpliste, l'histoire récente des Etats-Unis. Il est parfois dangereux de se laisser emporter par de bons sentiments.

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE

Ils vont tuer Robert kennedy

de Marc Dugain

Ed. Gallimard

RECOMMANDATION

A LA RIGUEUR

 THEME

Un professeur d’université canadien, plutôt raté et psychologiquement fragile, est persuadé que la mort brutale de ses parents est un dommage collatéral de l’assassinat des frères Kennedy. Seul contre tous, ses alliés disparaissant mystérieusement les uns après les autres, il parvient à démonter les mécanismes des complots qui auraient couté la vie à JFK et à son frère Bobby, ainsi qu’à ses parents. C’est pour Marc Dugain une manière de revisiter l’histoire américaine des années 60, marquée par de nombreux assassinats de personnalités, de JFK à Martin Luther King en passant par Malcom X., comme de stigmatiser celle de Donald Trump.

POINTS FORTS

- La construction du roman, entrelaçant la petite et la grande histoire, est habile. Elle tient le lecteur en haleine, au moins pendant une grosse moitié de l’ouvrage.

- L’analyse du meurtre des deux frères Kennedy est précise, manifestement appuyée sur des faits et résultat d’une recherche assez fouillée.

- Le tableau des années 1960, celui de l’émergence de la contre-culture dont notre auteur déplore qu’elle se soit métabolisée en consumérisme, est bien brossé.

POINTS FAIBLES

Autant le début est prometteur, autant la fin de l’ouvrage déçoit : dès que le lecteur a compris l’essentiel de l’intrigue, ne reste qu’un portrait, plus ennuyeux que tragique, de Bobby Kennedy, sorte d’Hamlet spectral et dépressif dont on voit mal comment il aurait pu gouverner les Etats Unis, si cette description correspond effectivement à la réalité, encore moins accomplir cette révolution progressiste que M.Dugain appelle de ses vœux.

Car l’ouvrage sous revue est en fait un roman très politique. O’Dugain –c’est le nom du héros (sic)- fait un procès sans nuances de l’Amérique des consommateurs et des boutiquiers, de la CIA et du complexe militaro-industriel, des politiques vendus aux lobbys et des dirigeants qu’il exècre, Johnson, Nixon, Ford et les Bush père et fils qu’il accuse implicitement d’avoir été parties prenantes dans l’assassinat de JFK. Les minorités, les déshérités, les pacifistes, les gauchistes de tous poils sont l’objet de toute la sollicitude d’O’Dugain qui tartine consciencieusement la confiture doucereuse de ses bons sentiments à longueur de feuillet.

Ce roman enfin a de quoi réjouir tous les partisans de la théorie du complot. La CIA mène le monde –à sa perte- et fait la pluie et le beau temps en supprimant tous les individus gênants. Le complot est immense ; les mêmes qui assassinent Bobby ont déjà trempé dans le meurtre de Martin Luther King… Le père du héros est victime d’un complot en France, puis aux Etats Unis, il est d’ailleurs lui-même agent secret. Le ridicule est achevé lorsqu’il apparaît, in cauda venenum, que la mère du narrateur serait elle-même un agent secret irlandais.

EN DEUX MOTS

Sur le thème rebattu des assassinats Kennedy, un roman, certes lisible, mais qui ne tient pas ses promesses initiales. C’est dommage !

L’AUTEUR

Manifestement atteint de la fièvre obsessionnelle du mythe Kennedy sur lequel il a déjà beaucoup publié, M. Marc Dugain est un romancier reconnu, de 60 ans. Sa carrière a été lancée avec La Chambre des Officiers, roman sur les “gueules cassées“ de la guerre de 1914. Plusieurs de ses ouvrages ont été adaptés au cinéma. Il a lui-même une activité dans ce domaine.

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