Supermarchés obsédés par les marges, légumes espagnols à bas coûts...et aux pesticides : qui souhaitons-nous vraiment financer avec notre argent ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Style de vie
Supermarchés obsédés par les marges, légumes espagnols à bas coûts...et aux pesticides : qui souhaitons-nous vraiment financer avec notre argent ?
©Reuters

Bonnes feuilles

Nous sommes tous des consommateurs et nous pouvons orienter nos achats en fonction de nos valeurs les plus profondes. Que vous soyez novice en la matière ou déjà engagé dans cette démarche, vous trouverez dans cet ouvrage un programme sur mesure pour consommer en conscience et de façon équitable. Extrait de "J'arrête de surconsommer" de Marie Lefèvre et Herveline Verbeken aux Editions Eyrolles (2/2).

Marie Lefèvre

Marie Lefèvre

Marie Lefèvre est l'auteur du blog "La Salade à Tout", dans lequel elle partage son quotidien et son aspiration à une vie plus saine et plus simple.

Voir la bio »
Herveline Verbeken

Herveline Verbeken

Herveline Verbeken est l'auteur du blog "Sortez de vos conapts", dans lequel elle échange sur les questions environnementales et sociétales.

Voir la bio »

Posons-nous cette question lorsque nous achetons nos fruits et légumes : qui souhaitons-nous financer avec notre argent ? Plus les consommateurs se tourneront vers les produits respectueux, plus les fermes qui les produisent pourront embaucher des personnes en reconversion !

Même si la vente directe est encore inégale selon les régions, il est aujourd’hui facile de trouver des producteurs locaux en faisant une petite recherche sur Internet. Tapez « producteurs locaux + votre département » dans votre moteur de recherche écologique préféré12, et le tour est joué !

Oui, mais faire ses courses à plusieurs endroits prend plus de temps… Et mes journées ne font que 24 heures !

C’est sans compter la simplification de votre liste de courses opérée au jour 9, qui a pour effet de réduire énormément le temps passé dans les supermarchés ! Vous pouvez désormais mettre à profit ce temps libéré pour chercher vos fruits et légumes chaque semaine chez un producteur à deux pas de chez vous ! Cela peut devenir un véritable plaisir, et même l’occasion d’une sortie en famille !

Les Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) sont également une bonne alternative : vous pouvez commander un panier de fruits et légumes bio et locaux chaque semaine. Cela ne vous prendra que le temps d’aller récupérer votre panier. Certaines proposent même la livraison à domicile ! Rendez-vous sur le site www.reseau-amap.org pour trouver la plus proche de chez vous !

Plus loin de nous

Connaissez-vous le secret des légumes espagnols à si bas prix que nous vendent les supermarchés, ces prix qui leur servent de référence pour étrangler les producteurs français ? Ils viennent pour la plupart des serres d’Almeria. Vu d’en haut, ça ressemble à une gigantesque mer de plastique qui recouvre 40 000 hectares — 400 km2. Pas de forêts. Pas de nature. Pas de sol à l’air libre. Ces serres d’Almeria sont le premier producteur de fruits et légumes des pays du Nord et particulièrement en saison froide : leur business réside dans notre volonté à manger ce qu’on veut, quand on veut.

Mais comment des fruits et légumes subissant 2 000 km de transport, avec le coût associé, peuvent être la référence des prix les plus bas du marché ? Bien au-delà des pesticides, engrais et herbicides qui arrosent les cultures, et dont on trouve régulièrement les traces sur les légumes, ce qui les rend si concurrentiels, c’est le « modèle social » : la majeure partie de la main-d’œuvre est composée de migrants clandestins, dont le statut illégal les rend corvéables à merci. Paiement partiel du salaire, insuffisance, voire absence d’une couverture sociale digne de ce nom, travail journalier sélectif et sur appel, irrespect de la personnalité, racisme ouvert, tracasseries multiples et répétées, sans parler des conditions de logement déplorables et trop souvent scandaleuses, auxquelles s’ajoutent les nombreux accidents de travail dus à l’utilisation inadéquate des produits phytosanitaires. Déjà, en 2007, un rapport tirait la sonnette d’alarme à propos des conditions de travail de ces êtres humains.

En France, le salaire est garanti : un travailleur, même au salaire minimum, coûtera forcément plus cher qu’un travailleur clandestin exploité, cela se répercutera inévitablement sur les coûts de production et donc, sur le prix final. S’aligner sur des prix très bas nécessite pour les producteurs français d’avoir recours à une forme d’exploitation beaucoup plus pernicieuse mais non moins réelle. En effet, pour pouvoir rembourser leurs emprunts, les agriculteurs doivent se soumettre à un rendement tel qu’ils ne voient plus le jour. Dans ce système, leur survie et celle de leur famille dépendent de leur autoexploitation.

Cette problématique, nous l’avons abordée au jour 10 avec l’extraction du mica par des enfants, ou au jour 11 pour les vêtements avec, entre autres, le travail des enfants ou la manipulation de produits toxiques sans aucune protection : dans de nombreux pays en voie de développement, nos produits du quotidien sont fabriqués sans aucune considération pour les « petites mains ».

Il faut produire toujours davantage et à moindre coût pour répondre à une demande pressante du consommateur qui considère de plus en plus ses objets du quotidien comme étant jetables : il faut changer de garderobe tous les ans, il faut renouveler notre téléphone portable tous les deux ans, il faut acheter toujours de nouveaux jouets pour les enfants, il est tout à fait normal de posséder des dizaines de fards à paupières différents (ou pas !).

Salaires de misère, conditions de travail déplorables, travail des enfants, est-ce cela que nous voulons cautionner par nos achats ? Notre portemonnaie peut être le moyen de financer ou non des modes de production et tout un système économique. Mais pour en arriver à se poser ce genre de questions, il faut se demander l’origine de chaque produit.

Faisons un petit test : levez la tête du livre et regardez les objets qui vous entourent. Où et par qui ont-ils été produits ? Pensez à toutes les personnes qui ont contribué au fait que vous puissiez porter cette chemise : qui a dû produire le tissu, le teindre, qui l’a découpé, assemblé, qui l’a conditionnée, transportée, qui l’a mise en rayon, qui l’a vendue ?

La deuxième partie de ce livre vous a proposé de nombreuses alternatives concrètes pour consommer plus éthique et plus sain, alors plus d’excuses !

Extrait de "J'arrête de surconsommer" de Marie Lefèvre et Herveline Verbeken aux Editions Eyrolles

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !