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"Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée" : un texte d'une modernité folle, et superbement interprété
Même si la mise en scène est un peu minimaliste et tristounette, la version proposée par la Comédie-Française d'"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée", l'un des chefs d'oeuvre de Musset, vaut vraiment le détour. On a l'impression de découvrir un texte écrit aujourd'hui, avec une élégance malheureusement trop rare.
THEATRE
Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée
d'Alfred de Musset
Mise en scène : Laurent Delvert
Avec Jennifer Decker, Christian Gonin
INFORMATIONS
Studio Théâtre de la Comédie française
18h30
Galerie du Carousel du Louvre
99 rue de Rivoli
75001 Paris
Jusqu'au 7 mai
Réservations: 01 44581515
L’AUTEUR
Poète, romancier et auteur dramatique du 19e siècle ( 1810-1857) , Alfred de Musset publie ses pièces dans "La revue des deux mondes » puis les regroupe dans un recueil intitulé « Spectacle dans un fauteuil ». Ses amours tumultueuses avec George Sand, rencontrée alors qu’il n’est âgé que de 23 ans, lui inspirent des œuvres aussi célèbres que « Lorenzaccio", « Fantasio » ou "On en badine pas avec l’amour » suivies quelques années plus tard des « Proverbes », oeuvre à laquelle appartient cette délicieuse pièce en un acte, d’une durée de 50 minutes, écrite en 1834, et qui n’avait plus été jouée depuis 1980.
THEME
Comme chaque semaine, le Comte se rend chez la Marquise qui tient salon. D’habitude, il y a foule et les tête-à-tête sont rarement possibles mais ce jour-là, il est, (hasard? manigance?) seul face à la maîtresse de maison. L’occasion pour ce séducteur, à qui l’on prête de nombreuses maitresses, de badiner puis d’échanger plus intimement avec son hôtesse -veuve de son état- sur les choses de l’amour.
Leurs joutes oratoires, tour à tour ironiques ou amères, se feront progressivement plus sincères et les deux amants finiront par s’accorder.
Après quelques concessions de part et d’autre, la porte alors se refermera sur le couple nouvellement formé.
POINTS FORTS
L’excellence des comédiens. Le tandem formée par l‘acteur confirmé qu’est Christian Gonin, entré à la Comédie française il y a presque vingt ans, et la toute fraîche Jennifer Decker, que l’on a pu voir récemment dans le rôle d’Olga dans "Les Damnés de Luchino Visconti », fait des étincelles, des merveilles.
Entre l’homme d’âge mûr rompu aux jeux de la conquête et la jeune femme qui refuse les faux-semblants, se noue le cœur de la relation amoureuse. L’un et l’autre finiront par lâcher prise et se donner entièrement.
POINTS FAIBLES
Une mise en scène volontairement dépouillée: quelques coussins, un éclairage sommaire, une caisse en bois, une statue en cours de modelage , des costumes modernes ( la Marquise est en tee-shirt en en jean, le Comte en costume foncé et manteau) . Une volonté d’épure qui contraint le regard et l’attention du spectateur à se porter sur le seul texte. Mais quel texte! Un petit bijou d’une modernité folle! Chaque mot -ou presque- pourrait avoir été écrit aujourd’hui et résonne intensément.
EN DEUX MOTS
Quelle part intime de nous mêmes devons-nous abandonner pour laisser place à l’amour? Lorsqu’on a aimé une fois ( la Marquise a été mariée, le comte a connu bien des femmes…) peut-on à nouveau faire confiance, surmonter doutes et appréhensions pour se réengager sans réserve?
Loin des conventions et des usages de l’époque, Alfred de Musset invoque non pas le mariage de raison mais l’amour total qui conduira la Marquise à s’unir sans réticence au Comte, d’un rang pourtant inférieur au sien. A cet égard, l’expression « ouvrir la porte » prend tout son sens. Y compris sexuel;
UN EXTRAIT
« Je commence à avoir trente ans, et je perds le talent de vivre »
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