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Ce discret lavage de cerveau par lesquels les géants de la Silicon Valley tentent de vous convaincre des bienfaits des découvertes en matière d’intelligence artificielle et de robotique
©Allociné / Universal Pictures International France

IA

Plateformes cloud, supermarché Amazon... L'intelligence artificielle est de plus en plus présente autour de nous. Pourtant, le développement de cette technologie n'en est qu'aux balbutiements...

Laurent Alexandre

Laurent Alexandre

Chirurgien de formation, également diplômé de Science Po, d'Hec et de l'Ena, Laurent Alexandre a fondé dans les années 1990 le site d’information Doctissimo. Il le revend en 2008 et développe DNA Vision, entreprise spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La mort de la mort paru en 2011, Laurent Alexandre est un expert des bouleversements que va connaître l'humanité grâce aux progrès de la biotechnologie. 

Vous pouvez suivre Laurent Alexandre sur son compe Twitter : @dr_l_alexandre

 
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Atlantico : Alors que les GAFA occupent de plus en plus l'espace médiatique pour chaque nouveau produit ou service, l'une des grandes tendances de l'année est l'intelligence artificielle (AI). Pourquoi entend-on de plus en plus parler de ces nouvelles technologies selon vous ? Sont-elles vraiment de plus en plus présentes dans notre quotidien ?

Laurent Alexandre : L’homme se construit sur ses limites, ses faiblesses et l’inéluctabilité de la mort. A l’opposé, les transhumanistes veulent supprimer toutes les limites de l’humanité grâce aux technologies NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives). La mort de la mort, l’augmentation des capacités humaines, la création de la vie en éprouvette et la colonisation du cosmos sont les premiers objectifs de ce mouvement qui promeut l’homme 2.0, ou homme­dieu.

Le 20 septembre dernier, Microsoft a présenté un plan pour vaincre le cancer avant 2026. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a annoncé, le 21 septembre, un premier financement de 3 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros) pour éradiquer la totalité des maladies avant 2100, grâce à des outils révolutionnaires. Et Google veut toujours euthanasier la mort pour nous rendre immortels.

Tous ses projets démiurgiques nécessitent beaucoup d’Intelligence Artificielle (IA)…

Bien plus qu’une révolution économique, la volonté de doter l’homme de pouvoirs démiurgiques vertigineux grâce à l’IA organise un changement de civilisation. Et nos sociétés ne sont pas préparées au déferlement de l’IA. La gouvernance et la régulation des géants du numérique sont des enjeux politiques cruciaux.

Tout ce bruit autour de l'intelligence artificielle n'est-il pas aussi un moyen également d'occuper l'espace médiatique pour vendre d'autres produits et mettre en valeur sa société ?

En réalité, tous les produits informatiques vont être à base d’IA. En 2025, Powerpoint par exemple sera intelligent et nous proposera en analysant notre emploi du temps et notre activité du moment des diaporamas sur mesure sans que nous l’ayons même demandé. Le patron de Google expliquait récemment que nous passons d’un monde mobile first à un univers Artificial Intelligence first. En réalité, l’IA va représenter 100% de l’informatique.

Les développeurs qui travaillent sur l'intelligence artificielle ne sont pas nombreux. Cette nouvelle tendance autour de l'IA peut-elle constituer un moyen de draguer les développeurs pour qu'ils s'intéressent à ce sujet ?

Microsoft annonçait en septembre dernier la création d’une unité géante de recherche sur l’intelligence artificielle riche de 5 000 chercheurs et ingénieurs. Baidu, le Google chinois, réunit 1600 chercheurs autour d’Andrew Ng, le génie de l’IA.

Les besoins en petits prodiges de l’IA sont énormes. La communication sur le sujet fait office d’aimant pour la jeune génération de développeurs.

Mais attention… dans 15 ans l’IA écrira des programmes informatiques. Le règne des spécialistes de l’IA pourrait ne pas durer.

L'intelligence artificielle suscite la défiance depuis de nombreuses années, tant dans la culture populaire avec des films comme "Terminator" que dans la communauté scientifique avec les récentes mises en garde de Stephen Hawking. Dans un tel climat de défiance, quel doit être la stratégie des entreprises pour vendre ces technologies tout en rassurant le public ?

D’abord, il faut préciser qu'il existe en fait deux types d’IA. L’IA forte serait capable de produire un comportement intelligent, d’éprouver une impression d’une réelle conscience de soi, de sentiments, et une compréhension de ses raisonnements. L’IA faible, elle, vise à construire des systèmes autonomes, des algorithmes capables de résoudre des problèmes techniques en simulant l’intelligence. Nous ne sommes pas certains de disposer d’une IA forte d’ici à 2050, mais l’IA faible est déjà capable de réaliser beaucoup de tâches humaines mieux que des cerveaux biologiques, ce que les scientifiques n’avaient pas imaginé ! Dans Le Second Âge des machines, Brynjolfsson et McAfee ont montré à quelle vitesse l’IA faible fusionnée avec les robots bouleverse l’économie mondiale. L’IA faible est révolutionnaire : la Google Car conduit de façon plus sûre que n’importe quel humain ; les robots chirurgicaux opéreront mieux que n’importe quel chirurgien en 2030. De plus en plus de tâches sont mieux effectuées par l’IA faible que par nous, ce qui va paniquer la population.

Les géants du numérique ont commencé à réagir pour rassurer et éduquer l’opinion publique. La création le 27 septembre 2016 de Partnership on Artificial Intelligence, qui réunit les géants américains du numérique (à la notable exception d’Apple) pour favoriser l’acceptation de l’intelligence artificielle par le grand public, en est une illustration.

Dans les années qui viennent, les géants du numérique Gafami (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft et IBM) ainsi que les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), les concurrents chinois de la Silicon Valley, vont dépenser beaucoup d’argent pour réduire les craintes populaires sur l’IA… de peur que le législateur ne bloque ces technologies.

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