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Vous pensiez que la révolution digitale se limitait aux smartphones et aux réseaux sociaux ? Vous aviez tout faux…
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Bonnes feuilles

Alors que la révolution digitale ne fait que commencer, les entreprises traditionnelles et les institutions publiques paraissent n'avoir qu'une vague compréhension des bouleversements qu'elles vont devoir amorcer pour rester compétitives. Beaucoup envisagent à tort cette métamorphose comme une adaptation progressive et douce. Or, les règles ont radicalement changé. Extrait de "Transformation digitale : l'avènement des plateformes" de Gilles Babinet, aux Editions Le Passeur (1/2).

Gilles Babinet

Gilles Babinet

Gilles Babinet est entrepreneur, co-président du Conseil national du numérique et conseiller à l’Institut Montaigne sur les questions numériques. Son dernier ouvrage est « Refonder les politiques publiques avec le numérique » . 



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Demandez autour de vous ce qui caractérise principalement la révolution digitale. À moins de vous adresser à un spécialiste aguerri, vous serez surpris de constater l’homogénéité des réactions : pour une majorité d’entre nous, les réseaux sociaux et les smartphones sont les éléments les plus visibles et les plus importants de la révolution digitale. Or, c’est faux. Certes, elle a réussi à mobiliser une part importante de notre temps en nous rendant dépendants au point que nous passions désormais en moyenne, en Europe, 2 h 30 par jour sur les réseaux sociaux.

Mais la révolution digitale concerne tous les secteurs d’activité, et cette révolution pourrait avoir un impact sur l’organisation de nos sociétés plus important que celui des deux précédentes révolutions industrielles, qui ont vidé nos campagnes de leurs habitants pour créer de grands ensembles urbains.

En réalité, trois dynamiques fondamentales structurent la révolution digitale : la multitude, soit le fait que nous soyons désormais des centaines de millions à utiliser Internet et donc à interagir ; la loi de Moore, qui a vu la puissance des microprocesseurs croître fortement et régulièrement au cours des quarante dernières années ; les data et l’explosion qu’elles ont permise en matière d’analyse de données et d’utilisation d’algorithmes en tous genres – ce que l’on appelle généralement l’algorithmie et les Big Data.

La multitude

Innombrables sont désormais les exemples qui mettent en oeuvre la multitude. De la concrétisation d’oeuvres collectives comme Wikipédia, où sa participation est incontestable, à la traînée de poudre qu’a représentée le printemps arabe, où des États policiers ont été ébranlés et se sont parfois effondrés. Ce constat n’est d’ailleurs pas nouveau : dès 2007, Mwai Kibaki, candidat à sa réélection à la présidence kenyane, en fit les frais lorsque son opposant, Raila Odinga, contesta le résultat. L’ensemble du pays ne mit pas longtemps avant de s’embraser, conduisant à huit mois d’insurrection civile, à la mort de près de 1 500 personnes et au déplacement d’environ 300 000 Kenyans. L’État de droit n’était plus assuré, les arrestations arbitraires et les disparitions pouvant concerner quiconque se trouvait à la mauvaise place au mauvais moment.

La police ainsi que les émeutiers se mirent à installer des barrages itinérants, dans le but d’arrêter et parfois d’éliminer leurs opposants. C’est dans ce contexte dramatique qu’est née la plateforme Ushahidi, initialement développée par des blogueurs locaux.

Accessible depuis un mobile ou par Internet, ce service permet de prévenir et de prendre connaissance des lieux qu’il est préférable d’éviter. Son succès fut immédiat, et il permit de restaurer partiellement la sécurité dans de nombreux endroits. Il gagna rapidement une réputation de fiabilité pour la qualité de ses informations, et de grands médias, comme CNN et CNBC, achevèrent sa consécration. Dès 2009, le site accéda à une notoriété mondiale et aujourd’hui, des millions d’Africains, d’Asiatiques et d’habitants de zones de conflits l’utilisent couramment, ce qui a contribué à sécuriser leurs déplacements et à diminuer sensiblement toutes sortes de crimes.

Ce qui est remarquable dans ce système, c’est la collaboration qu’il implique de la part des utilisateurs. Chaque utilisateur – et donc bénéficiaire du service – peut en devenir contributeur en signalant, en temps réel, un risque d’agression qu’il aurait constaté. Par l’utilisation de ce service, c’est donc la communauté des utilisateurs qui crée l’information, et non plus une équipe de spécialistes ou de journalistes, comme c’était le cas avec la radio ou la télévision. L’expertise de spécialistes est supplantée par celle de la multitude : de simples passants sont capables d’annoncer l’existence d’un risque plus vite et plus précisément que ce que les médias faisaient auparavant. 

Extrait de "Transformation digitale : l'avènement des plateformes" de Gilles Babinet, aux Editions Le Passeur - Editeur.

Date de sortie : 1er décembre

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