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"Petit pays" : bon mais ne mérite pas le Goncourt
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Atlanti-culture

En cette période de Prix littéraires, on parle beaucoup de Gaël Faye. Certes le premier roman du rappeur est bon mais il n'y a pas de quoi s'extasier comme le font certains.

Serge Bressan pour Culture-Tops

Serge Bressan est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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Livre

"Petit pays"

de Gaël Faye

Ed. Grasset

224 pages

17 €

L'auteur

Né d’une mère rwandaise et d’un père français en 1982 au Burundi, Gaël Faye est chanteur, rappeur, auteur-compositeur-interprète et écrivain. A 13 ans, fuyant la guerre civile et le génocide des Tutsi au Rwanda, il arrive en France et va passer son adolescence à Versailles où il découvre le rap. Après des études dans une école de commerce et un master de finance, il travaille pendant deux ans à Londres pour un fonds d’investissement. Il revient en France pour se consacrer à la musique et l’écriture, crée un groupe (Milk, Coffee and Sugar) qui sort un album en 2009. En 2013, Gaël Faye se lance dans l’aventure solo avec l’album "Pili Pili sur un croissant au beurre". Un ado écoute l’album en boucle, sa mère éditrice chez Grasset est touchée par les mots du chanteur, le contacte et l’incite à écrire. Ce sera "Petit pays", le premier roman de Gaël Faye. à peine paru et déjà vendu dans plus de vingt pays…

Thème

En note d’intention, évoquant ce premier roman, Gaël Faye précise : "J’ai écrit ce roman pour faire surgir un monde oublié, pour dire nos instants joyeux, discrets comme des filles de bonnes familles". Alors, même si dès l’incipit le narrateur précise : "Je ne sais pas comment cette histoire a commencé", au fil des pages il va évoquer ce temps d’avant au petit pays, au Burundi : le parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des bougainvilliers, les siestes l’après-midi derrière les moustiquaires trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les termites les jours d’orages...

Le temps d’avant, le temps du bonheur, le temps des quatre cents coups avec les copains dans ce bout d’Afrique qu’était le Burundi. Et puis, les parents se séparent. La guerre civile se profile- ensuite, il y aura le drame chez le voisin, le Rwanda… Dans le quartier où vit Gabriel le narrateur (gamin de 10 ans), la violence monte, monte : il se croyait enfant, il se découvre métis avec une mère tutsie, un père français. Le voilà plongé dans un petit pays brutalement malmené par l’Histoire… 

« Je ne sais pas comment cette histoire a commencé » et pourtant, quelques années plus tard, Gabriel le narrateur décide de faire revivre cet hier, ce paradis à jamais perdu. C’était le temps de l’enfance au petit pays…

Points forts

-Un premier roman marqué par un sens fin et pointu du romanesque.

-L’élégance d’une écriture pour évoquer, pour raconter la vie simple, l’ennui, les petits bonheurs et les gens de peu.

-Un récit à hauteur d’homme, plus précisément à hauteur d’enfant, qui sait séduire et charmer le lecteur.

-Pour conter l’histoire d’un peuple meurtri et d’un petit pays qui tente de panser ses plaies, Gaël Faye écrit comme il chante, faisant résonner les mots…

Points faibles

- Le syndrome du premier roman : certains passages sont surécrits, surexposés et cherchent fortement à séduire alors que la simplicité aurait suffi à la description.

- Le flou permanent entretenu par l’auteur entre la fiction et l’autofiction.

En deux mots

C'était l'un des romans les plus attendus de l’été-automne 2016. Le drame, donc, d’un petit pays, le Burundi, raconté par un gamin de 10 ans. Bilan: un texte bon et tout à fait fréquentable pour un premier roman, mais qui ne mérite pas tout l’enthousiasme survolté de la critique et les promesses d’un grand Prix littéraire…

Une phrase

Qui seront deux:

- « Certains soirs, le bruit des armes se confondait avec le chant des oiseaux ou l’appel du muezzin, et il m’arrivait de trouver beau cet étrange univers sonore, oubliant complètement qui j’étais ».

- « Dans ce petit pays où tout le monde se connaissait, seul le cabaret permettait de libérer sa parole, d'être en accord avec soi. On y avait la même liberté que dans un isoloir. Et pour un peuple qui n'avait jamais voté, donner sa voix avait son importance ».

Recommandation

BonBon

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