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Britney Spears est à nouveau au top avec l'album "Glory" : gloire à elle !
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THE DAILY BEAST

Tirez de l'armoire votre body à paillettes : notre star qui chante en playback est à nouveau en piste. Le nouvel album de Britney Spears, "Glory", tout juste sorti, constitue son meilleur depuis plus de 10 ans.

Kevin Fallon

Kevin Fallon

Kevin Fallon est journaliste pour The Daily Beast.

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.Kevin Fallon - The Daily Beast

La sortie d'un nouvel album de Britney Spears est en général terrifiante. Britney Spears est adorée. Elle est, bon Dieu, une "survivante". Ce surnom populaire est honteux parce qu'il se moque et juge la maladie mentale et la façon dont nous traitons les femmes célèbres...mais, yeessss, c'est aussi très vrai.

Si Britney Spears a pu survivre à 2007, alors, nous pouvons nous aussi survivre à ce jour. Les gars, Britney Spears est une inspiration. Britney Spears est aussi la plus grande star de sa génération,  et nous l'affirmons avec certitude alors qu'elle navigue sur la seconde décennie du millénaire, ayant résisté à de nombreuses rumeurs ordurières ces seize dernières années.

Est-elle un auteur? Non. Mais elle a "croassé", "lilté" et "auto-tuné'"son chemin à travers les chansons pop les plus représentatives et musicalement saines des vingt dernières années, au moins, en donnant des performances scéniques  d'un zèle et d'une présence qui auguraient de son couronnement comme la nouvelle Madonna.

La "mignonitude" de Britney Jean Spears originaire de Kentwood, en Louisiane, contrastait brutalement avec la Lolita sexy qui nous suppliait de la "frapper, bébé, encore une fois". Et le body à paillettes. Et le strip-tease des Rolling Stones, le serpent, et plus tard, ces jams super bons :  Piece of Me, Circus, Work Bitch. C'est de cette Britney que nous parlons. C'est cette Britney que nous soutenons. Parce que vraiment, nous sommes fans. Nous l'avons soutenue à travers sa dépression, sa mise sous tutelle, cette trop longue période où il y avait quelque chose de mort dans son regard, et pendant la période où il semblait qu'elle détestait être en scène, totalement.

Durant cette période, sa musique était plutôt mauvaise. En 2003, quand Britney a lancé son album In the Zone, considéré par beaucoup comme son meilleur, un album cohérent, dans son temps, qui déplaçait les lignes de la pop au moment où Britney elle aussi était à son apogée. En. 2007, elle a sorti  Blackout, une aventure musicale conçue pour les clubs, éclipsé par ses problèmes personnels, et défini par une performance de Gimme Morelors des MTV Video Music Awards que l'on peut traiter de "trash heap".

Cela fait donc presque dix ans que Britney n'a pas sorti un album de qualité. Alors, on a peur. On a peur chaque fois qu'un nouvel album est annoncé. (Circus et Femme Fatale  étaient bons. Enfin, pas mal.) Nous prenons peur chaque fois qu'elle fait la promo d'un album et qu'elle affirme qu'il s'agit là de “l'album le plus personnel que j'ai jamais fait” et “produit par Will.I.Am.” (Britney Jean, pour l'amour du ciel !) Nous frissonnons quand elle mentionne une collaboration avec Iggy Azalea, et nous nous demandons comment il va être possible qu'un nouvel opus mérite un titre pareil, Glory. La longue attente s'achève. Britney est au top à nouveau. Glory soit à Dieu-ney.

Ce qui est frappant, c'est que Glory fait penser aux anciens albums de Britney. Bien sûr, elle s'est appropriée un bon nombre des tendances pop actuelles. Ce truc de percussions que tout le monde fait en ce moment est derrière l'irrésistible Clumsy. Ces rôts electro-soniques (terme technique)  que tous les chanteurs de pop utilisent, apparemment pour souligner une influence dance music, jaillissent partout sur Glory, surtout dans Better et le single promotionnel Make Me (Ooh..).

Elle saute aussi dans le train du reggae-light avec Slumber Party et Love Me Down, et fait la preuve de ses compétences en répétitions murmurées à la Selena Gomez/Fifth Harmony dans  Just Luv Me et Private Show.

Même si elle présente ses respects au paysage actuel de la pop, elle n'en est pas prisonnière, et, pour la première fois depuis longtemps, elle ne racole pas avec ça. Il n'y a pas de fausse courtisanerie à un urban sound ou un autre, ou une dépendance trop grande à n'importe quelle cacophonie sortie de la dance music.

Pour emprunter sans complexe les paroles d'une chanson britannique, elle n'est plus esclave d'un producteur qui la tiraille dans différentes directions. En effet, le son le plus présent dans Glory est celui de Britney.  Assez littéralement : ses paroles reviennent au premier plan, plus qu'elles ne l'ont fait en plus d'une décennie. Bien entendu, elles sont toujours sucrées et trafiquées, mais elles ne sont plus robotisées au-delà de toute vraisemblance, comme dans Britney Jean, Femme Fatale, ou Circus.  Son interprétation dans Glory a en fait de la personnalité, du caractère et de l'émotion. What You Need, avec ses cuivres qui évoquent Motown,  permet à Britney d'attaquer les paroles avec énergie, férocité et - est-ce que ça pourrait être ça, vraiment ? -  du pur fun. Elle débite les couplets de Liar comme si c'était un karaoké de Katy Perry ou Carrie Underwood (et en fait, c'est vraiment ça).

Bien entendu, il ne s'agit pas ici d'Adèle ou de Beyoncé. Mais Britney a émergé grâce à sa voix unique, et par sa façon de la contorsionner avec talent, et parfois nasalement, pour faire éclater la bulle de chewing-gum du rythme, jusqu'à ce que vous ayiez envie de lui administrer des gouttes pour le nez ou bien un autre disque d'or. Elle est plus joueuse qu'elle ne l'a jamais été dans Private Show.  Au moment où sa voix arrive, vous êtes presque joyeux  “Elle l'a fait, vous pensez.Cette fille l'a vraiment fait.” Elle est à nouveau une pop-star. De bien des façons, Glory ressemble à l'enfant que Blackout et In The Zone auraient eu ensemble, élevé par Oops!...I Did It Again. Il n'y a rien de prétentieux ici. Il n'y a pas de réinvention, d'évolution, de nouvelle musicalité, d'audace artistique. Il n'y a pas les choses que nous ne voulons plus de Britney.  

Comme le succès de ses concerts en résidence à Las Vegas l'atteste, et l'orgasme collectif de nostalgie que nous avons eu lors de son meddley Greatest Hits lors des Billboard Music Awards, nous voulons une Britney qui reste familière. Et donc, nous avons quelques indulgences pour elle. Bien sûr, son playback a atteint de telles proportions qu'elle a même chanté en playback au cours d'un Carpool Karaoke avec James Corden. (Vous entendez ça, elle a chanté en playback pour un karaoke…). Mais on ne lui en veut pas. Voici Britney, notre survivante, avec un look sexy d'enfer, qui s'agite vaguement, comme sur la scène de toute façon, assise à côté de Corden sur le siège avant d'une voiture, et avec l'air de quelqu'un qui est vraiment content d'être là.

On lui pardonne certaines choses dans Glory, aussi. A part la convaincante lenteur des deux premiers morceaux, Invitation, séduisant et bien nommé, dans lequel une Britney sur le bord du roucoulement est presque méconnaissable, et le presque érotiquement spirituel Make MeGlory est un album de dance de la fin des années 1990 ou du début des années 2000, de la catégorie pop. Il n'est pas particulièrement sophistiqué, ou branché sur un son dance hall underground ; en fait, il est parfois un peu nunuche.  Man on the Moon est l'apogée des paroles de l'album, bourrées de clichés : “Houston, je sais qu'il y a un problème, ce doit être un trou dans l'atmosphère”. Elle commence à parler français au milieu d'un interlude à la Disney soutenu par une montée orchestrale sentimentale, et vous vous dites  “Sérieusement ?”  ; et puis aussi : Hell yes, Clumsy, et Private Show sont presque idiots d'une façon invétéré. Si ce n'était pour quelque chose d'un peu grivois, je les comparerais à Lucky et Oops!...I Did It Again.

Il se pourrait qu'il ne soit pas souvent joué dans mon club. Mais ils seront joués lors de mes dance parties de deux heures du matin dans mon salon, ça, c'est sûr et certain. Les choeurs sur Clumsy sont, littéralement,  “Whoa oh oh (oh oh) / Oh oh oh (ohhh) / Whoa oh oh (oh oh) / Oh oh oh… / Oops!

Ou peut-être les choeurs sont en fait juste l'enchainement du beat drop, et alors ils ne sont  que les pré-choeurs. En termes de contenus lyriques, Glory ne correspond pas moins qu'à dessons et des clichés constamment répétés.  Et c'est très bien comme ça parce que pour la plus grande partie, c'est bien plaisant.  

Est-ce que l'un de nous se passe un morceau de Britney Spears parce que nous voulons qu'il nous dise quelque chose ? Elle a bâti une carrière en étant la meilleure des teaseuses. Elle a tout révélé, naturellement. Et en même temps, elle n'a rien révélé du tout. C'est ce qui rend le décryptage des motivations de Britney si déroutant. Il ne révèle rien d'intéresant sur qui est Britney en tant que personne...mais est-ce que nous voulions ça, ou attendions  ça ? Ce qui ne signifie pas qu'elle n'a aucune substance. Glory maitrise l'extase de la liberté sexuelle, du désir, de la puissance, d'être acteur de sa vie, des thèmes qui sont d'autant plus intéressants quand on les examine avec le point de vue d'une artiste qui a été objectifiée dans sa carrière, à la sexualité exploitée, attaquée sur ces deux points alors qu'elle devient une mère toujours très sexuée. Tout cela est très bien et profond, et tout, et tout , mais Glory est merveilleux parce qu'il est si simple.

Britney a beaucoup dit dernièrement qu'elle était une maman de 34 ans qui aime les salades Caesar, les garçons, et je suppose que la raison pour laquelle tous ces morceaux ont été choisis pour Glory n'est pas plus compliquée que ça : elle pensait juste qu'ils étaient bons et qu'ils lui donnaient envie de danser. Si vous regardez If I’m Dancing, l'avant-dernier morceau de l'album, comme la véritable conclusion de l'album  (parce que Coupure Électronique est en fait la dernière plage de l'album, et encore une fois, je n'arrive pas à comprendre, merde, ce qui ne va pas avec les Français), les paroles résument assez bien tout cela :  “If I’m dancing / I know the music’s good”, chante-t-elle ("Si je dance, je sais que la musique est bonne"). A plus tard sur la piste de danse, Britney.

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