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"Je dirai malgré tout que cette vie fut belle" : au plaisir de Jean
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Son dernier livre le confirme brillamment : Jean d'Ormesson a toujours adoré la vie et su en tirer le maximum. Et la vie le lui a bien rendu...

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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L'auteur

Doit-on encore présenter celui qui, depuis près d’un an, est entré de son vivant dans la Pléiade ? Un pétulant jeune homme de 90 printemps qui se définit lui-même comme « le dernier des Mohicans. Un chef-d’œuvre en péril. Une fin de dynastie. Une espèce de dinosaure menacé d’extinction. ».

Si l’espèce est en péril, disons qu’elle se porte comme le Pont Neuf. Derrière lui, une œuvre protéiforme où romans et essais se suivent sans jamais se ressembler. Avec ce quarante-et-unième livre, Jean d’Ormesson surprend, fascine, déconcerte en jouant à cache-cache avec les morts et les vivants. 

Un an après la parution de La gloire de l’empire qui lui vaudra en 1972 le grand prix du roman de l’Académie Française, il entra à quarante-huit ans dans le Saint des Saints du quai Conti le 18 octobre 1973. Depuis ses débuts, sa vie, sa carrière, ses personnages ont l’extravagance d’une Venise où Canaletto croiserait Jeff Koons et dînerait au Harry’s Bar avec Ava Gardner. L’incontournable auteur d’Au Plaisir de Dieu et de La Douane de Mer allie l’imprévisibilité à l’érudition en se jouant des siècles avec la maestria d’un accro du poker.

Thème

Un procès. La comparution de l’auteur devant un tribunal composé d’un seul juge : lui-même, surveillant ses excès, ses faiblesses, ramenant à la raison l’enfant gâté qu’il a pu être ou l’inclassable homme de plume et de pouvoir, faux dilettante,  vrai lettré et amoureux inconditionnel de la vie.

Points forts

Dès les premières lignes, la plume est alerte et se moque du sérieux. La vie n’a que faire des donneurs de leçons. D’un bout à l’autre du globe, le récit gambade et le lecteur ravi enjambe les frontières : celles du langage, de l’Histoire et d’un destin qui a l’aplomb et la fantaisie d’une œuvre de Kandinsky. Mots et images déroulent sous nos yeux le ruban magique et incandescent d’un destin que tous rêveraient d’avoir. Le lecteur, qui croyait ouvrir un livre, surplombe un paysage vu du ciel qui s’offre avec l’infinie profusion d’une mère nourricière. Dans ce cheminement de la mémoire, la jeunesse demeure, éternelle, impérieuse, insolente et meurtrière.

Points faibles

Le faux procès qu’il se fait est un artifice dont le lecteur se serait passé. Au fil des pages, cette mise en scène n’ajoute rien à la distance voulue et au regard sans complaisance (ou presque) que l’auteur porte sur lui-même.

En deux mots

Une ode à l’art de vivre, non pas à celui qui a disparu mais à celui que chacun de nous sait se créer au fil du temps. Avec ce qu’il y faut de drames, de passions, de plaisirs et de désespoirs pour qu’aucune journée ne soit le calque d’une autre. Villes traversées, fleuves, lieux peuplés de souvenirs vécus ou lus. La guerre, le manège du monde, l’histoire du temps, les femmes, les rencontres et l’alcool du désir bu sans modération. Tout est là dans cette coupe où la musique de la vie remplit les cœurs et les âmes. Et l’on aimerait retenir chaque mot, chaque image de cette leçon d’intemporalité aussi vive que charnelle.

Une phrase

« Je me souviens du passé avec désinvolture. Je prépare l’avenir avec une sorte de nonchalance. Je ne vis que dans le présent ». Page 26

Recommandation

Excellent Excellent

Livre

"Je dirai malgré tout que cette vie fut belle" de Jean d'Ormesson 

Ed. Gallimard , 452 pages

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