Le destin a donné raison à Daniel Balavoine qui disait : "Je veux que les gens n’aient pas à voir un chanteur qui a mal vieilli"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Le destin a donné raison à Daniel Balavoine qui disait : "Je veux que les gens n’aient pas à voir un chanteur qui a mal vieilli"
©

Bonnes feuilles

Porte-parole de toute une jeunesse, Daniel Balavoine est un symbole de la variété française des années 1980. Le rêve de ce rebelle au grand cœur s'est achevé brutalement à l'âge de 33 ans, le 14 janvier 1986, lors d'un funeste Paris-Dakar. Trente ans après la mort du chanteur, Fabien Lecœuvre raconte sa carrière et livre les secrets confiés par Balavoine lors d'une interview réalisée en 1978 et restée inédite. À la pointe de tous les combats, celui qui affirmait, vingt-six jours avant le drame : "Il est toujours trop tôt pour mourir", est entré dans la légende. Extrait de "Balavoine - La véritable histoire" de Fabien Lecœuvre, aux éditions du Rocher 2/2

Fabien  Lecœuvre

Fabien Lecœuvre

Fabien Lecœuvre, spécialiste de la chanson française est depuis neuf ans aux cotés de Patrick Sébastien dans Les années bonheur sur France 2. Il anime également tous les dimanches à partir de 13h30 Les grands destins de la chanson sur France Bleu. Il est l'auteur d'une cinquantaine d'ouvrages sur la chanson française dont il connaît tous les secrets.

Voir la bio »

Quelques jours plus tard, l’Eurocoptère AS350, un Écureuil blanc, décolle avec cinq personnes à bord. Thierry Sabine, Nathaly Odent, la journaliste du Journal du Dimanche, François-Xavier Bagnoud, le pilote, Jean-Paul Le Fur, le technicien radio de RTL et bien sûr Daniel Balavoine. Au départ, le journaliste Patrick Chêne, le présentateur Patrick Poivre d’Arvor qui réalise un reportage pour le Journal du Dimanche et le pilote Jean Luc Roy devaient embarquer à bord de cet Eurocoptère. Mais préférant prendre l’avion, ils cèdent leurs places quelques minutes avant le décollage.

Il est 17 h 15, la lumière du jour baisse. Les conditions météorologiques sont détestables. Pourtant l’opération continue. La mission consiste à remonter le fleuve Niger, un repère facile à suivre. L’hélicoptère se pose une première fois à Gossi, il est 18 h 30. Il faut repartir rapidement car l’appareil n’est pas équipé pour voler la nuit. À vingt kilomètres de l’étape finale du jour, Gourma-Rharous, l’hélicoptère se pose à côté de la piste du rallye. Le pilote se fait discret. Il a peur de se faire retirer sa licence, il s’est déjà fait contrôler plusieurs fois par le service de sécurité de la course.

Il est environ 20 heures, aussi, le pilote choisit de redécoller et de suivre une voiture 4 X 4 Mitsubishi Pajero blanche numéro 347 qui est conduit par Charles Belvèze et Jacky Giraud, des concurrents originaires de Nice. Volant à basse altitude, le pilote de l’hélicoptère se repère grâce aux feux rouges arrière de la voiture. À un moment précis, le 4 X 4 ralentit car la piste dévie légèrement sur la gauche. Malheureusement, l’hélicoptère reste sur son axe et percute une dune de sable. Sur le coup, les conducteurs du véhicule pensent que le pilote de l’hélicoptère leur a envoyé une fusée pour leur montrer le chemin. Hélas, en ce 14 janvier 1986, il n’y aura aucun survivant.

La disparition de Daniel Balavoine est un événement. À l’annonce du drame, l’attachée de presse Geneviève Salama et l’avocat Maître Sylvain Jaraud prennent le contrôle de la situation. Avec beaucoup de courage, ils répondent aux médias et protègent Corinne, enceinte de trois mois. Le soir même, Michel Berger et Jean-Jacques Goldman témoignent ensemble dans une émission sur RTL.

L’émotion est grande. La colère s’installe alors. Tout le monde s’interroge sur les conditions de vol. Une enquête est ouverte. Malgré les vents de sable, on découvre à l’endroit où l’hélicoptère s’était posé, des flacons vides d’anti-venin, des pansements et du coton. Les rumeurs circulent. L’un des occupants aurait-il été mordu par un serpent ? Cette raison aurait-elle été suffisante pour motiver les risques pris par le pilote ? Beaucoup de questions resteront, hélas, sans réponse. La France entière pleure son aventurier. On a brisé le rêve de celui qui refusait tant d’injustice et tant de misère dans ce monde.

Son corps est rapatrié en France. Le samedi suivant, des milliers de personnes se rendent au funérarium du mont Valérien à Nanterre pour se recueillir une dernière fois. Deux jours plus tard, ses obsèques sont célébrées en l’église Sainte-Eugénie. Les yeux rougis par le chagrin, de nombreuses personnalités assistent à cette cérémonie. En fin de journée, un dîner est improvisé dans un restaurant de l’aéroport. Tous évoquent la mémoire d’un homme juste et bien. Daniel Balavoine repose désormais au cimetière de Sabaou à Biarritz.

Sa fille Joana naît le 1er juin 1986.

Balavoine avait dit un jour : Je suis parfaitement conscient qu’un jour, tout cela aura une fin. Le jour où je ne ferai plus de chansons, si j’ai encore envie de chanter, je m’en ferai écrire par les autres, ou je ferai du cinéma, ou des bouquins, ou bien rien si j’en ai les moyens… Quoi qu’ il arrive, je ne chanterai pas à l’Olympia pendant vingt ans. Je tâcherai de faire une première sortie en haut des hit-parades. Je veux que les gens n’aient pas à voir un chanteur qui a mal vieilli.

Le destin, hélas, lui permettra de réaliser sa pensée !

À tout jamais, Daniel Balavoine reste parmi nous, ce jeune rebelle des années quatre-vingt que la jeunesse des années 2000 redécouvre grâce à ses chansons éternelles, reprises régulièrement par les élèves de la « Star Academy », les participants à « La Nouvelle Star » ou les lauréats de « The Voice ». Et bien sûr, par les Enfoirés des Restos du Coeur.

Extrait de "Balavoine - La véritable histoire" de Fabien Lecœuvre, publié aux éditions du Rocher, 2016.  Pour acheter ce livre, cliquez ici

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !