La France périphérique de Christophe Guilluy : la fin des classes moyennes en France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Essai/La France périphérique de Christophe Guilluy. Ed. Flammarion.
Essai/La France périphérique de Christophe Guilluy. Ed. Flammarion.
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Le livre de Christophe Guilluy tire la sonnette d'alarme : la disparition progressive des classes moyennes dans les grandes villes met en danger le modèle républicain français.

Thomas Boespflug pour Culture-Tops

Thomas Boespflug est chroniqueur pour le site Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.). 
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L'auteur

Christophe Guilluy est géographe. Il est l’auteur de plusieurs essais dont le remarqué Fractures françaises (2013). Cet ouvrage servira de « point de départ » à un documentaire choc de Jean Robert Viallet : La France en face.

Thème

En France les métropoles produisent 2/3 du PIB national, elles concentrent 80% de la population nationale, ce sont les vitrines de la mondialisation, une mondialisation heureuse profitant à ceux qui sont proches de territoires « dynamiques ». Dans ces grandes villes on retrouve une « inégalité sociale et culturelle sans précédent », que le marché de l’emploi relègue au rang d’épiphénomène : dans ces métropoles multiculturelles, l’inégalité fonctionne et notre vieux modèle républicain n’a presque plus cours. Ces pôles, où naissent un communautarisme plus ou moins dense, concentrent des populations clivées entre une surreprésentation de classes supérieures et une catégorie précaire, « essentiellement issue de l’immigration ». Aujourd’hui, la classe moyenne n’est plus qu’un mythe entretenu par les partis politiques dominants pour légitimer leurs choix; la moyennisation de la société française a pris fin et de « nouvelles catégories populaires nées de la ruine de la classe moyenne » nourrissent les rangs de la délaissée France périphérique. Une France composée de classes populaires extrêmement fragiles socialement, qui ne croit plus au discours des partis traditionnels de gauche et de droite comme le montre la montée du vote FN. En somme, Christophe Guilluy dresse le portrait d’une nouvelle France, un société qui se dessine à la périphérie des pôles économiques dynamiques, une contre-société sédentaire, porteuse d’un futur « modèle politique alternatif ».

Points forts

• Au niveau de la construction : Une lecture rapide, un plan simple, des chapitres courts parsemés de chapôs thématiques ; toutes les conditions sont réunies pour suivre sans difficultés la réflexion de l’auteur.

• Les pieds dans le plat : Guilluy à le mérite de ne pas faire dans le politiquement correct particulièrement lorsqu’il pointe du doigt : la crise du « modèle dominant » qui va devoir faire face à un grand mouvement de relocalisation ; la vision irénique des élites auxquels ces derniers ne participent évidemment pas puisqu’ils ont les moyens d’échapper au « vivre véritablement ensemble » ; quand il parle de « stratégie d’évitement » des classes populaires qui s’éloigne des lieux ou l’immigration est majoritaire ; ou des « classes dominantes, singulièrement à gauche » qui – ayant rejoint les rangs de la bourgeoisie traditionnelle – usent à l’envie de l’image de classes populaires infantiles et incultes, « manipulées par les forces obscures du populisme ». La liste est loin d’être exhaustive…

Points faibles

• La représentation traditionnelle opposant la ville à la campagne étant caduque, Christophe Guilluy propose une nouvelle lecture entre des territoires « intégrés économiquement » et ceux qui ne le sont pas, mais peut-on tout expliquer à la lumière de la « géographie sociale » proposé par l’auteur ?

En deux mots...

Un livre saisissant ! Une lecture qui ne peut pas laisser indifférent tant le travail de Christophe Guilluy donne à voir un miroir de la France, ou de deux France, dont l’une est totalement oubliée et qui ne nous rappelle que trop les errances d’un « modus vivendi » bien inégalitaire. La France périphérique est le constat de l’échec d’un modèle, une analyse sur laquelle il serait sage de méditer sérieusement.

Une phrase

Il y en aurait beaucoup à citer … Prenons en deux : - “Aveuglés par la thématique du ‘’gettho’’ et par les tensions inhérentes à la société multiculturelle, on oublie souvent que les rares ascencions sociales en milieu populaire sont aujourd’hui le fait de jeunes issus de l’immigration.” - “Les categories populaires ont joué le jeu […] porté l’adaptation de la société française à l’économie-monde. De la même manière, elles n’ont pas une peur irrationelle du multiculturalisme, ce sont elles qui ont pratiqué dans le réel les échanges avec l’autre […]. Elles en ont tiré un bilan, calme et rationnel. La résurgence du « village » apparaît comme une réponse concrète des catégories modestes à l’insécurité sociale et culturelle. »

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Informations

Essai/La France périphérique de Christophe Guilluy. Ed. Flammarion.

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