Atlanti-culture
Un "Avare" comme vous ne l'avez jamais vu
La mise en scène de Jean-Louis Martinelli et le jeu de Jacques Weber font de cette nouvelle version de "L'Avare" une création remarquable.
Philippe Jousserand pour Culture-Tops
Est chroniqueur pour Culture-Tops.
L’auteur
Ecrite en cinq actes et en prose, L’Avare est la vingt-deuxième pièce de Molière. C’est lui-même qui créa le personnage d’Harpagon au Palais-Royal en 1668. Boudée à sa création, la pièce est devenue l’une des plus populaires de son auteur.
Thème
Harpagon, veuf et père de deux grands enfants, ne vit que pour son argent, qu’il cache jalousement et qu’il s’abstient de dépenser, quitte à rendre malheureuse toute sa maisonnée. Mais le jour où il décide de convoler avec une toute jeune fille aimée de son propre fils, sa fortune va être gravement menacée.
Points forts
1) Jean-Louis Martinelli, l’un des grands noms de la mise en scène actuels, a surtout travaillé dans le théâtre public. Longtemps il a présidé aux destinées du Théâtre des Amandiers à Nanterre. Il signe ici une très belle mise en scène de ce grand classique. Grâce à lui, on entend la pièce comme jamais.
2) Quelle bonne idée d’avoir confié le rôle d’Harpagon à Jacques Weber. Avec sa haute stature et sa puissance naturelle, il réinvente le rôle si souvent confié à des petits nerveux, recroquevillés sur eux-mêmes. Du coup, son rapport aux autres personnages est modifié. Ce Harpagon version Weber est encore plus effrayant, encore plus terrible et, paradoxalement, encore plus pitoyable.
3) Le décor de Gilles Taschet représente une grande salle à vivre recouverte de boiserie chocolat. Pas de bibelot, pas de décoration, un fauteuil seulement. Ici, on ne dépense pas. Des portes fermées, des volets à persiennes bien clos. Cette maison est une prison. Tout est dit.
4) On n’oubliera pas la dernière image du spectacle. Alors que ses enfants l’ont fui pour aimer et être heureux, Harpagon referme méthodiquement chaque porte, chaque volet, et se replie dans sa solitude, serrant sur son cœur son argent caché dans un hideux sac poubelle. Pas d’espoir pour les passions stériles.
Points faibles
Je n’en vois pas...
Une phrase
« Le seigneur Harpagon est de tous les humains, l'humain le moins humain. »
En deux mots
Un classique passionnant et très lisible qui plaira aux jeunes et aux moins jeunes. Jacques Weber est remarquable.
Recommandation
Excellent
Infos et réservations
L’Avare, de Molière. Mise en scène : Jean-Louis Martinelli. Avec Jacques Weber, Christine Citti, Alban Guyon, Marion Harlez Citti, Rémi Bichet, Jacques Verzier ou Gilles Vajou, Sophie Rodrigues, Vincent Debost, Paul Minthe, Azize Kabouche.
Théâtre Déjazet, 41 Boulevard du Temple, 75003 Paris. Réservation: 01 48 87 52 55 (www. dejazet.com). Jusqu’au 2 janvier 2016.
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