"Madama Butterfly" : quand l'Opéra de Paris joue la carte de la sobriété <!-- --> | Atlantico.fr
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"Madama Butterfly", Opéra de Paris, place de la Bastille, Paris 11e.
"Madama Butterfly", Opéra de Paris, place de la Bastille, Paris 11e.
©Reuters

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La version proposée, à l'Opéra Bastille, de "Madama Butterfly" constitue un remarquable exemple de ce que peut donner le respect sobre et créatif d'un chef-d’œuvre.

Le compositeur

Giacomo Puccini est né en décembre 1858 à Lucques, dans le Grand-duché de Toscane. Issu d’une famille de longue tradition musicale dans laquelle cinq générations de musiciens se sont succédées, il est considéré comme l’un des plus grands compositeurs de la fin du XIXe siècle et du début du XXe.

Ses plus grands succès - Manon Lescaut, La Bohème, Tosca, Madama Butterfly, Turandot - illustrent une maîtrise de l’orchestration exceptionnelle, aux multiples innovations harmoniques, et un langage théâtral profondément original. Madama Butterfly, opéra inspiré d’une pièce de théâtre de Bélasco, elle-même tirée d’une nouvelle de John Luther Long, a été créée en 1904, à La Scala de Milan.

Thème

L’action se déroule au Japon. Pinkerton, un officier américain, épouse une geisha de 15 ans, Cio-Cio San (ce qui signifie en japonais madame Papillon). Simple divertissement exotique pour lui, le mariage est pris très au sérieux par la jeune japonaise, tombée passionnément amoureuse, au point de renier, pour lui, sa famille et sa religion. Les années passent, Pinkerton, qui est rentré aux Etats-Unis et a refait sa vie dans son pays, ne donne aucune nouvelle. Ciao-Cio San, espérant son retour, lui reste fidèle et refuse de nombreuses propositions de mariage, persuadée que l’officier viendra la retrouver et découvrir l’enfant qu’elle a eu de lui.

Trois ans plus tard, Pinkerton revient au Japon avec sa nouvelle épouse américaine. Quand Cio-Cio San comprend la situation, elle leur abandonne son enfant et se donne la mort avec le sabre de son père, sur lequel sont gravés ces mots : "celui qui ne peut vivre dans l’honneur meurt avec honneur".

Points forts

- Drame de l’amour et de l’attente, Madama Butterfly est un des opéras les plus populaires du répertoire, au sein duquel il occupe une place particulière : à la passion dévorante de la plupart, Butterfly oppose ses silences et un chant déchirant, d’une pudeur surnaturelle. C’est le lent poème de l’âme. "Ma Butterfly reste l’opéra le plus sincère et le plus expressif que j’ai jamais conçu", disait Puccini

- La production épurée de Bob Wilson, qui date de 1993, traduit parfaitement l’univers de cette oeuvre. L’éclairage est impeccable, le plateau est baigné d’une inquiétante atmosphère teintée de poésie, avec une sorte de continuo visuel projeté en fondu enchaîné sur grand écran, rendant tout décor superflu. Les costumes sont sophistiqués mais stylisés à l’extrême. Les accessoires sont rares. La gestuelle "Wilsonienne", le ralenti sont particulièrement adaptés pour rendre l’atmosphère du pays du soleil levant. Cette mise en scène sensible et pudique n’a pas pris une ride.

- La distribution est à la hauteur : Oksana Dyka est une Butterfly peut-être un peu trop solide au début quand elle doit apparaître comme une timide geisha, mais sa présence et sa sobriété en font une Cio-Cio San émouvante. Piero Pietri est un ténor raffiné. Annalisa Stoppa, malgré sa petite taille, parvient à faire du duo des fleurs avec Butterfly un moment privilégié. Nicolas Pamio est un Goro de qualité.

- Danièle Rustoni, directeur musical nouvellement nommé à l’Opéra de Paris, âgé de 32 ans seulement, joue la tempérance et parvient à maintenir l’équilibre entre voix et orchestre.

Points faibles

Il n’y en a pas vraiment. C'est un opéra difficile à monter car doit s'établir un bon équilibre entre la musique et la mise en scène. Cet équilibre, ici respecté, donne un résultat de qualité.

En deux mots

Madama Butterfly est un opéra subtile. La rencontre inattendue du système wilsonien, système dont le dépouillement et la lenteur sont les clés, avec, au contraire, une oeuvre luxuriante par son excès de sonorités et son lyrisme immodéré est une réussite. Ce mariage de la "glace wilsonienne et du feu Puccinien" est excellent. Commencer la saison avec cette production bien distribuée est une occasion qu'il ne faut pas laisser passer. Si on le peut...

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Informations

"Madama Butterfly", Opéra de Paris, place de la Bastille, Paris 11e.

Jusqu’au 13 octobre.

Réservation : opéradeparis.fr ou 08 92 89 90 90 ; sans oublier des places de dernière minute sur boursechange.operadeparis.fr.

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