Et si on imprimait Wikipédia ? Le projet qui veut nous faire visualiser la profondeur réelle du web<!-- --> | Atlantico.fr
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Voici à quoi ressemblent une toute petite partie de Wikipédia en livres
Voici à quoi ressemblent une toute petite partie de Wikipédia en livres
©Michael Mandiberg

Encyclopédie hors-ligne

Un professeur et artiste américain s'est mis en tête d'imprimer sur papier une infime fraction de l'encyclopédie en ligne, avec un résultat déjà gigantesque.

En se lançant dans leur incroyable projet d'Encyclopédie, Diderot et de D’Alembert n'avaient probablement pas conscience de la révolution que le genre allait connaître 250 ans plus tard. Car si leur ouvrage de 17 tomes et 74.000 articles (de "A" à "Zzuéné") a impressionné leurs contemporains par sa taille, elle reste bien minuscule par rapport au mastodonte en ligne dénommé Wikipédia. "Aujourd’hui, Wikipédia est un des dix premiers sites en ligne au monde et apparaît largement en tête des résultats de bien des requêtes des internautes en s'imposant comme une source d’informations souvent immédiate" rappelle Valérie Schafer, spécialiste au CNRS d’histoire des télécommunications et de l’informatique et co-auteur de "Wikipédia, objet scientifique non identifié."

Il faut dire que les chiffres donnent le tournis : 1.635.000 articles en français, quatre fois en plus en anglais et des millions de contributeurs dans le monde. Il faudrait 79 étagères de trois mètres de haut pour accueillir les 15.634 volumes de l'encyclopédie en ligne. Et ce n'est qu'un début car le site est en mouvement permanent. En cliquant sur cette page, il est possible de réaliser la taille actuelle des données.



Michael Mandiberg, professeur de digital media à l'université de New York et artiste à ses heures perdues, a voulu matérialiser cet énorme volume de donnés. Son idée ? Imprimer Wikipédia. Ou plutôt juste une fraction. Car son œuvre intitulée “From Aaaaa! to ZZZap!” est déjà gigantesque. En passant par un site d'édition de livres, il a commencé à charger "seulement" 106 volumes de 700 pages chacun. Une goutte d'eau… Pourtant rien que l'upload pourrait durer jusqu'à 11 jours ! Interrogé par Atlantico, Michael Mandiberg reconnaît sa fascination pour Wikipédia. "Ce qui m'intéresse, c'est que la plupart des gens sont de bonne foi, et étonnamment ceux qui ne le sont pas ne semblent pas pouvoir la détruire" s'amuse-t-il. Le mouvement est si vaste qu'il s'impose de lui-même.


La taille de Wikipédia. En bas à gauche, trois encyclopédies "classiques"

Et son entreprise hors-norme va ainsi donner une idée de ce que représente une petite partie seulement de l'encyclopédie : une salle entière où sont rangés de gros volumes. Une façon de prendre conscience de l'importance du projet mais aussi de sa fragilité car c'est une simple connexion internet qui nous relie à toutes ces connaissances. "Comme nous devenons de plus en plus dépendants de l'information, je voulais interroger sur cette accessibilité relative à tant d'immensité" affirme Michael Mandiberg. Et une autre façon de s'en rendre compte est de jeter un coup d'œil au coût d'un tel projet : 500.000 dollars. Alors que nous accédons tous à Wikipédia de façon gratuite, son impression sur papier coûterait pas moins d'un demi-million de dollars.



"Ce qui est intéressant dans cette initiative, c'est qu'elle fixe sur papier un contenu en mouvement permanent" analyse Valérie Schafer." Elle cherche paradoxalement à rendre palpable le volume d’informations en prenant, pour mètre-étalon d’un contenu en ligne, le livre." Le livre est figé mais le site continue de grossir. Depuis le début de ses travaux en avril dernier, Wikipédia n'est déjà plus la même et sa version, qu'il exposera dans une galerie new yorkaise, est déjà obsolète.

Et s'il fallait aller au bout de l'idée ? En mars dernier, deux étudiants de l'université de Leicester ont ainsi tenté de calculer le nombre de pages nécessaires pour imprimer Wikipédia. Et le résultat est tombé : 70 millions de feuilles A4. Et qu'en est-il d'internet ? 136 milliards de pages. Il faudrait utiliser 20% des arbres plantés en France chaque année pour y arriver. Le coût serait astronomique et c'est bien la leçon de l'histoire. La connaissance "matérielle" est bonne pour les musées. Place, définitivement, au nuage de données.

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