Art basel : internationalisation ou dispersion ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'événement culturel Art Basel semble se disperser.
L'événement culturel Art Basel semble se disperser.
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Art contemporain mondialisé

Créé en 1970 par trois galeristes bâlois, Art Basel a immédiatement séduit par sa qualité et ses innovations artistiques. Mais avec désormais environ 300 galeries venues de 35 pays à Bâle, et après l'ouverture de succursales en Asie et aux USA, l'événement culturel semble se disperser.

François-Xavier  Trancart avec Artsper

François-Xavier Trancart avec Artsper

François-Xavier Trancart est le co-fondateur d'Artsper.com, site web spécialisée dans la vente et l'actualité de l'art contemporain .

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"Trop de foires, trop d’art. Il faudrait tout arrêter pendant deux ans et remettre les compteurs à zéro" plaide Jean-Jacques Aillagon, l’ancien ministre de la Culture l’une des personnes les plus influentes du monde de l’art en France (Classement de "L’Œil" en 2011).

Car la Art Basel des années 70-80 n’est pas la même que celle des années 2010. En quelques années, le marché de l’art s’est métamorphosé et sa physionomie a changé. La mondialisation aidant, près de 500 foires ont vu le jour, se battant bec et ongles pour créer une niche de galeries et de collectionneurs.

Jean-Jacques Aillagon n’est pas le seul à exprimer son désarroi face à cet émiettement de l’offre artistique. "Je reçois 300 invitations par an et plus de 35 cartes VIP, cela devient ridicule", lance la courtière parisienne Laurence Dreyfus. Emiettement, atomisation, éparpillement…  Pour les galeries qui n’avaient pas anticipé la mutation du paysage artistique, la sanction est dure, et certaines illustres galeries, comme celle de Jérôme de Noirmont, ont fini par mettre la clé sous la porte.

Mais quelle est la stratégie de la plus célèbre foire d’art dans cet environnement mercantile déchaîné? Art Basel n’a en tout cas pas l’intention de se laisser distancer par une foire plus jeune et plus dynamique. Non. Et pour s’assurer que cela n’arrive pas, Art Basel a agrandi son espace d’exposition, multiplié les évènements "off" et ouvert deux nouvelles foires : Art Basel Miami en 2002 et Art Basel Hong-Kong en 2013. Ainsi, le nom d’Art Basel résonne dans l’esprit des collectionneurs comme la Mecque de l’art contemporain, un lieu merveilleux où le meilleur de l’offre artistique se concentre en un même endroit le temps d’un week-end… "Par sa force de frappe médiatique, c'est une vraie machine de guerre", affirme le conseiller et courtier Jean-Marc Decrop !

Pari gagné pour Marc Spiegler, le directeur d’Art Basel, puisqu’il a su asseoir sa domination non seulement en Europe, mais aussi aux Etats-Unis et en Asie. Alors qu’en Amérique, la FRIEZE et l’Armory Show rivalisent encore avec Art Basel Miami ; à Hong-Kong, elle a su éclipser toutes ses concurrentes asiatiques dont l’aura est trop local, tant Art Stage Singapore que Shanghai Contemporary Art Fair.

Et si certains galeristes et marchands se plaignent de cet éparpillement de l’offre artistique à Art Basel, poussant certains d’entre eux à snober la foire (souvent à la suite d’un rejet, car one ne « snobe » pas une foire où l’on réalise 60% de son chiffre d’affaire), on ne peut généralement être qu’admiratif de la qualité des œuvres proposées. A Bâle, sur quelques 1200 galeries candidates (la plupart n’essayant même pas), seulement les 300 meilleures sont soigneusement retenues.

Aussi, parler de « dispersion » est sans doute excessif, car il s’agit sans doute plus de "diversification". La foire a en effet ouvert ces dernières années des espaces dédiés à la performance, aux sculptures monumentales, aux débats, etc.  Et quant à son internationalisation, elle cherche avant tout à s’adapter à son public avec une offre plus adaptée au marché asiatique à Hong-Kong, et une offre plus universelle à Miami, tout en ne gardant que le meilleur de l’art contemporain.

La mondialisation du marché de l’art n’implique donc pas nécessairement sa dilution. S’il est vrai que les foires sont une géographie de la nouvelle richesse mondialisée, elles sont également une géographie des nouvelles régions bouillonnantes de créativité. Et Marc Spiegler, le directeur d’Art Basel, conscient de ce défi, insistait récemment sur la nécessité de "ne pas perdre l’histoire de l’art européen dans la globalisation du monde  de l’art, car il est important que chaque foire ait sa saveur, et que d’autre côté les ponts soient ouverts".

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