Nouvelle alerte sur les salades en sachet (et, cette fois, il n’est pas question de la façon dont elles sont lavées)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les ouvriers agricoles espagnols ramassent les salades vertes dans des conditions de travail insalubres.
Les ouvriers agricoles espagnols ramassent les salades vertes dans des conditions de travail insalubres.
©DR

Légumes sous-traités

Cette fois-ci, il s'agit des salades vertes. Et on ne parle plus de la façon dont elles sont lavées mais des ouvriers agricoles espagnols qui les ramassent dans des conditions de travail insalubres.

 Yann  Queinnec

Yann Queinnec

Yann Queinnec est directeur général d'Affectio Mutandi, une agence spécialisée dans les stratégies de responsabilité sociétale et leur impact sur les populations.

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Atlantico : Après les conditions de travail des ouvriers de la tomate, une enquête de Channel 4 a révélé récemment que les supermarchés britanniques faisaient appel à des sous-traitants qui employaient des ouvriers agricole travaillant et vivant dans conditions d'insalubrité totales. En quoi leurs conditions de travail sont-elle déplorables? Fait-on face à la même situation en France ?

Yann Queinnec : Leurs conditions de travail sont déplorables, en ce que l'ensemble des heures pendant lesquelles ils travaillent ne sont pas payées, les terrains sur lesquels ils travaillent sont insalubres (absence de toilette par exemple)... On note donc de nombreux éléments qui relèvent de l'insalubrité voire même des problèmes sanitaires (ils ne disposent pas même de savon ou d'eau pour se laver les mains). Les conditions de travail qu'ils endurent ne sont pas légales, ils sont, entre autre, quotidiennement exposés à des produits chimiques (ils sont régulièrement contaminés par les pesticides qu'ils utilisent dans les champs).

La France fait probablement face à la même situation puisqu'une partie des fruits et légumes qui y sont vendus proviennent également d'Espagne. De plus, les grandes surfaces françaises s'approvisionnent aux mêmes endroits que les grandes surfaces anglaises. Nos grands donneurs d'ordre ont donc aussi affaire à ces problématiques.

Quelle est l'ampleur du phénomène en France ? Quels sont les produits les plus touchés ?

La plupart des légumes sont touchés. Il n'y a pas de spécificité par espèce, puisque bien des légumes proviennent d'Espagne. Les donneurs d'ordre qu'ils soient français ou anglais rencontrent les mêmes problèmes. Bien qu'ils soient de plus en plus vigilants, il reste d'énormes progrès à faire.

Prétendre ignorer l'origine du travail de ses sous-traitants -hormis celui du sous-traitant de référence (le premier dans la chaine)- n'est plus possible. On ne peut plus ignorer les conditions dans lesquelles travaillent les ouvriers de ses autres sous-traitants. Lorsque le sous-traitant fait appel à un autre sous-traitant il doit en informer le donneur d'ordre, si il ne le fait pas, il viole le contrat. Pourtant, nombreux sont les sous-traitants qui prennent délibéremment le risque de ne pas en informer le donneur d'ordre notamment lorsqu'ils manquent de temps pour mener à bien une commande. On retrouve ces mêmes problèmes dans le domaine du textile. On est confronté à un réel problème économique.

Où se situe le vrai problème? Comment et à quel niveau se trouvent les solutions ?

Lorsque ces problèmes prennent des tournures systématiques cela signifie qu'il y a carrence des autorités locales qui ne repsectent pas les textes de loi en vigueur. On constate un manque de moyens nécessaires à exercer les contrôles qui s'imposent.

Il y a beaucoup de textes de lois, notamment au niveau de l'Union Européenne, qui imposent aux donneurs d'ordres de fournir des documents qui attestent qu'ils sont bien au courant des méthodes employées par le sous traitant. Mais les problêmes persistent, il y a donc un certain manque de moyens, la responsabilité ne pèse donc pas exclusivement sur le donneur d'ordre mais aussi sur les états. Les donneurs d'ordres doivent s'améliorer, mais ils ne pourront jamais maîtriser complètement leur chaines, d'où le rôle des autorités publiques.

Quelle est la difficulté pour la grande distribution de contrôler les sous-traitants ? 

On en revient à l'impératif d'une identification fine des risques dans la chaîne d'approviosionnement. Il faut établir une cartographie des risque : définir qui travaille et avoir une vision précise des opérateurs et des sous-traitants. Il faut identifier les risques préalablement avant de confier une commande ou à un contrat à un sous-traitant quelconque. Il faut savoir avec qui ces producteurs travaillent, comment ces agences travaillent. Le donneur d'ordre doit avoir en ses mains la totalité des informations. L'identification des risques permet de différencier les bons des mauvais.

Ensuite, il est nécessaire de mettre en place un contrôle permanent. Le contrat qui lie le donneur d'ordre avec le sous-traitant est tout aussi important. Un contrat durable entre les deux partis, permet au donneur d'ordre de bien connaître son sous-traitant, et de se savoir dans une relation pérenne. Ceci lui permet d'être sûr de à qui il a affaire. Le contrat est un vrai outil qui permet, par exemple, de distinguer une relation pérenne d'un one shot (un accord entre donneur d'ordre et sous-traitant qui n'aura lieu qu'une fois). Or, c'est souvent en cas de one shot que le sous-traitant commet des erreurs. Un autre outil, peut être d'avoir sur place des partenariats avec des organisations locale (associations, ONG) qui ont une connaissance du terrain et peuvent alerter le donneur d'ordre en cas de sous-traitant qui userait de méthodes illégales. Tous ces outils, sont des outils de vigilance.

En France, les acteurs de la grande distribution commence à relocaliser, re-térritorialiser l'approvosionnement. Dans un premier temps ça ne permet pas de remplacer pas l'offre actuelle dans son intégralité, mais cela permet de s'assurer de bonnes conditions de production.

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