Atlanti-culture
"Fin de Partie" : un théâtre qui bouscule, qui dérange... mais beau
La pièce de Samuel Beckett,"Fin de Partie", n'est pas gaie du tout, mais c'est du grand théâtre.
L'AUTEUR
Samuel Barclay Beckett (Dublin, 13 avril 1906 - Paris, 22 décembre 1989) est un écrivain, poète et dramaturge irlandais d'expression française et anglaise, prix Nobel de littérature en 1969. Il écrivit "Fin de Partie" en français, entre 1955 et 1957.
THEME
Au cour d'une interminable fin de vie, Hamm, vieil homme infirme et aveugle, ne peut se passer de son domestique, Clov, qu'il tyrannise. Une journée s'étire, comédie désespérée cent fois répétée, sans issue ni réel espoir d'en finir, sous le regard des parents de Hamm qui terminent leur existence dans des poubelles.
POINTS FORTS
- La pièce bien sûr ! S. Beckett met en scène une situation figée ainsi que des personnages enfermés dans leurs corps infirmes comme dans leurs habitudes. Qu'attendre sinon la mort ? On tourne du début à la fin en rond autour du fauteuil de l'infirme comme dans leur quotidien devenu inhumain. Chacun rabâche sa partition usée dont les propos désabusés ne servent qu'à dénoncer, non sans drôlerie, l'absurdité de la vie et tenter ainsi d'abolir le temps.
- Une magistrale et sobre interprétation des acteurs.
Hamm et Clov, Philippe Catoire et Gérard Cheylus, emplissent tout l'espace de la scène, l'un de sa forte et fascinante immobilité, l'autre par ses douloureuses gesticulations. Philippe Catoire est impressionnant (son visage en particulier) par sa traduction de la douleur contenue dans un corps rivé à un siège d'infirme.
Gérard Cheylus, en domestique tourmenté par son maître, est bouleversant d'impuissance. Oscillant entre asservissement consenti et rébellion avortée, il confère au personnage de Clov, le mal aimé, une densité et un tragique palpables.
Un duo de talents qui joue sans fioritures, servi par de belles voix.
Les vieux parents de Hamm, Marie Heuriau et Jérome Keen, sont parfaits, ressassant le passé, misérables et attendrissants.
- Une mise en scène crue et sobre à l'extrême, à l'unisson du texte. Belles lumières et, pour seule musique, toutefois essentielle, le vacarme des ustensiles de la maison qui s'entrechoquent.
POINTS FAIBLES
Je n'en vois pas.
EN DEUX MOTS...
Samuel Beckett dérange et captive. On entre au plus sombre des vies, mises à nu, et c'est prenant jusqu'à l'insupportable. Mais admirable.
Une pièce libératoire et des acteurs qui la servent avec brio.
N'ayez pas peur d'y aller et laisser la fascination opérer.
RECOMMANDATION
EN PRIORITE
THEATRE
Fin de Partie
de Samuel Beckett,
Mise en scène: Jean-Claude Sachot
Avec Philippe Catoire, Gérard Cheylus, marie Heuriau, Jérome Keen
INFORMATIONS
Théâtre Essaion
6 rue Pierre au Lard
75004 Paris
jusqu'au 4 avril 2015
les jeudi, vendredi, samedi à 21h30
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