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A quoi croit-on quand on a cru mourir ?
©Reuters

Bonnes feuilles

Pour l'écrivain Christian Combaz, ignorer l'au-delà est un aveu de faiblesse philosophique. Et deux mots doivent particulièrement nous interpeller : l'amour et la morale. Extraits de "Tous les hommes naissent et meurent le même jour", aux éditions du Cerf (2/2).

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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La plupart des gens qui reviennent de l’autre versant de la réalité disent qu’en "mourant", ils ont eu l’impression de rentrer à la maison et de connaître un soulagement de fils prodigue. Pour la totalité de ceux qui ne croyaient à rien, le Royaume représente, dès les premières heures un port d’attache qui leur manque. Il réoriente la plupart de leurs comportements jusqu’à les obliger à manifester, dans leur existence quotidienne, tous les symptômes de la révélation.

Vous observerez que je n’ai pas employé le mot de conversion. Aucun d’entre les rescapés ne ressent le besoin de se convertir en pèlerin ni en prophète pour le compte d’une religion. Ceux dont la foi brandissait une bannière et qui aimaient leur drapeau confessent, sobrement, que la réalité est "plus compliquée que cela". Ils ne disent pas pour autant qu’il est inutile de s’accrocher à un emblème. Mais ils n’en ont plus besoin. La réalité est plus vaste et plus indulgente que le système disciplinaire auquel les religions ont adhéré en ces temps où la référence à Dieu était la première garante de l’ordre public.

C’est là qu’il convient de désigner la clé de voûte, ce fameux mot amour dont les rescapés du royaume de la morale font grand cas et dont on ne peut plus percevoir le sens profond aujourd’hui, tant sa version light a tout envahi. L’amour light, c’est la préférence, c’est l’inclination pour une personne ou pour une famille, c’est un simple penchant, frivole et passager, qui est du domaine du plaisir. À ce mot, on pourrait donc préférer celui de bonté, de bonté suprême, de bonté divine. La bonté n’est pas sans rapport avec l’amour light. Il s’agit du même élément, mais dans un cas c’est un océan, dans l’autre une goutte de rosée. Avec la bonté, nous ne sommes plus dans le règne du plaisir mais dans celui de la joie.

Quand je parle de Royaume de la Morale, ce n’est pas une référence aux bonnes moeurs. Pour la Morale majuscule, il n’existe pas de mauvaises moeurs. Il n’y a que de mauvaises pensées. La morale au sens philosophique est le continent de l’esprit où la valeur des choses s’établit naturellement, où le bien et le mal trouvent leur frontière et où l’on ressent une bonté qui n’est plus une simple inclination.

Extraits de "Tous les hommes naissent et meurent le même jour" de Christian Combaz aux éditions du Cerf, 2015

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