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"Imitation Game" : un tapage exagéré
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Certes, le film de Morten Tyldum est intéressant, mais il ne mérite ni l'avalanche d'hommages qu'il reçoit ni celle des honneurs qu'on lui prédit.

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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LE REALISATEUR

Morten Tyldum est norvégien. Né en 1967, il est dans le cinéma depuis une quinzaine d'années, au cours desquelles il a réalisé 6 films et 3 séries pour la télévision. Avec "Headhunt", sorti en 2011, il a obtenu le prix du jury au festival du film policier à Beaune en 2012. Cette relative discrétion arrive sans doute à son terme aujourd'hui avec la sortie d'"Imitation Game", huit fois nommé pour l'attribution des Oscars 2015, notamment dans la catégorie meilleur film et celle du meilleur acteur.

THEME

Le scénario de Graham Moore ne rend pas totalement justice à cet immense mathématicien qu'était Alan Turing, dans la mesure où il ne nous fait revivre qu'une partie de ses apports à la science. La biographie d' Alan Turing, ce génie qui a décrypté les codes secrets nazis et inventé l'ordinateur, biographie signée Andrew Hodges et  dont le film est tiré, en dit visiblement beaucoup plus sur celui qui a été un véritable visionnaire. Mais au moins le film a-t-il le mérite de nous révéler l'existence de cet inconnu du grand public et de nous faire découvrir une partie significative de ses travaux; en l'occurrence, le décryptage des messages codés de l'état major allemand à ses sous-marins qui quadrillent l'Atlantique pendant la seconde guerre mondiale. Il nous raconte aussi l'enfance perturbée du héros et sa fin tragique après sa condamnation pour "outrage aux bonnes mœurs", en fait pour homosexualité.

POINTS FORTS

- Un personnage complexe de surdoué obsessionnel, bien servi par le scénario qui lui fait la part belle, et par son interprète, Benedict Cumberbracht.

- Une réalisation solide et bien ficelée, même si elle ne révolutionnera pas l'histoire du cinéma.

- Une construction originale en forme de puzzle qui mêle à la fois l'analyse du personnage depuis son enfance, le travail de décryptage proprement dit et la chute irrémédiable qui fait  pendant à ce travail .

POINTS FAIBLES

- Dommage que le titre du film conduise le spectateur sur une fausse piste. Imitation Game n'est autre que le test de Turing destiné à identifier une intelligence artificielle et n'a donc rien à voir avec le décryptage.

- Même si les mœurs et les lois des années 40 et 50 n'étaient pas ce qu'elles sont aujourd'hui, on peine à croire que l'homosexualité ait été la seule raison de la chute de Turing. Le film ne fait qu'effleurer l'hypothèse, très vraisemblable, d'une élimination, directe ou indirecte, par les services secrets qui ne souhaitaient pas que soit divulguée l'utilisation faite du décryptage.

- Sans entrer dans des explications techniques trop complexes pour le spectateur, on aurait aimé en savoir plus sur le chemin qui a conduit Turing et son équipe au décryptage d'un système, Enigma, réputé inviolable.

- Trop de concessions factices et hors sujet aux idées d'aujourd'hui (droit à la différence, féminisme). 

EN DEUX MOTS...

On se demande si Morten Tylden et Graham Moore ne se sont pas noyés dans ce scénario-puzzle qui embrasse tout à la fois l'enfance perturbée du héros, sa vie de scientifique obsessionnel et sa chute tragique. A vouloir trop en dire sur tous ces sujets, à trop se disperser, à ignorer les secrets d'Etat qui se cachent très vraisemblablement derrière l'accusation d'une homosexualité pourtant discrète, ils ne contribuent pas à  sa réhabilitation médiatique. C'est bien dommage pour ce personnage qui méritait sans doute mieux; mieux même que les excuses tardives du Premier Ministre, en 2009, et la grâce de la Reine, en 2012. Mais il faut avouer qu'on se laisse volontiers prendre au jeu tout au long de la projection et qu'on y prend même un certain plaisir.

RECOMMANDATION

BON Bon

A vrai dire: Bon sur le moment, mais manque de longueur en bouche...

CINEMA

IMITATION GAME

De Morten Tyldum avec Benedict Cumberbatch, Keira Knightley

Sortie le 28 janvier

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