Adjani dans "Kinship" : un retour sans flamme sur les planches <!-- --> | Atlantico.fr
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Quel dommage que pour son retour à la scène Isabelle Adjani n'est trouvé qu'un texte aussi convenu !
Quel dommage que pour son retour à la scène Isabelle Adjani n'est trouvé qu'un texte aussi convenu !
©Musée d'Orsay

Atlanti-culture

Le retour sur scène d'Isabelle Adjani, après huit ans d'absence, ne suffit pas à faire de "Kinship" une pièce passionnante.

Jacques  Paugam

Jacques Paugam

Jacques Paugam est un écrivain et journaliste français. Très impliqué dans le domaine de la culture, il a produit et animé de nombreuses émissions et chroniques pour la télévision, la radio et la presse écrite. Il est le cofondateur du site Culture Tops, partenaire d'Atlantico.

 

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L'auteur

Carey Perloff est une figure notable du monde du spectacle aux Etats-Unis, ayant déjà derrière elle une solide carrière. Mais, pourquoi ne pas le dire, elle sert surtout, en l'occurrence, de prétexte au retour sur scène d' Isabelle Adjani, huit ans après "La dernière nuit pour Marie Stuart".

Thème

Le cadre : l'univers de la presse locale, aux Etats-Unis.

Le noeud de l'histoire : du danger qu'il y a, pour une femme d'âge mûr, à tomber passionnément amoureuse d'un jeune et beau garçon; qui plus est, assez compliqué. Et ce, sans savoir qu'il est le fils d'une amie très proche, mère particulièrement protectrice et possessive.

Points forts

1 / Le point de départ : imaginez ce qu'aurait pu en faire un Feydeau ou, pour parler du théâtre de boulevard actuel, un Eric Assous...

2/ L'utilisation très évocatrice de la video sur le fond de décor.

3/ La musique, plus prenante que l'histoire et qui, à la fin, a un petit air de Bach, version excellent piano bar.

4/ Les trois comédiens font bien leur travail. Mention spéciale, plus encore qu'à Isabelle Adjani, à Vittoria Scognamiglio, très drôle dans le rôle, certes le plus vrai, de la mère.

Points faibles

1/ Le "pitch" est donc excellent mais la pièce, construite en scènettes très courtes, ne décolle jamais.

2/ C'est plus un texte de journaliste que de dramaturge.

3/ Ce texte est convenu et grevé de quelques platitudes bien senties.

4 / C'est froid, souvent scolaire dans l'expression des sentiments, avec quelques moments de mélo trop facile, qui ne touchent pas, sauf, peut-être, durant la dernière scène, très courte.

5 On attend les 3/4 de la pièce le moment qui, en principe, devrait lui permettre de prendre vraiment corps : les retrouvailles des deux femmes, chacune sachant que l'autre "sait". Mais ça ne s'envolera pas...

6/ L'ensemble n'échappe pas à une certaine prétention que le niveau du texte ne justifie pas, y compris dans l'allusion au "Phèdre" de Racine.

7/ Les acteurs, le plus souvent par deux, sont perdus dans un espace scénique trop vaste.

8/ L'acoustique de la salle, dans cet aménagement de la scène, fait que pas mal de répliques se perdent dans les cintres.

En deux mots...

Quel dommage que pour son retour à la scène Isabelle Adjani n'est trouvé qu'un texte aussi convenu ! Ceux qui la découvriront là pour la première fois au théâtre auront du mal à imaginer la très grande comédienne qu'elle a pu être sur scène, de ses débuts époustouflants à la Comédie Française, mais aussi à Reims - les "anciens" s'en souviennent encore avec émotion - jusqu'à son triomphe, il y a huit ans, dans "La dernière nuit pour Marie Stuart".

Mais rien n'est perdu... Pourquoi ne pas faire quelque chose avec de grands metteurs en scène français d'aujourd'hui ?

Je pense, en particulier, à deux d'entre eux, sensibles, respectueux des autres, créatifs, et de grande culture : Alain Françon et Nicolas Briançon. Imaginez Adjani dans Tchekov, dirigée par Françon ou Adjani dans Shakespeare, dirigée par Briançon: ça aurait de la gueule !

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