"La colère du Tigre" : Clémenceau, Monet et les nymphéas dans un huis clos magnifique<!-- --> | Atlantico.fr
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La "Colère du Tigre" se joue au théâtre Montparnasse.
La "Colère du Tigre" se joue au théâtre Montparnasse.
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La pièce de Philippe Mardal, qui met en scène une brouille entre les deux célèbres amis Georges Clémence et Claude Monet, marque la rentrée théâtrale de la saison.

Marianne  Niermans pour culture-tops

Marianne Niermans pour culture-tops

Marianne Niermans est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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L’auteur

Docteur en histoire, attaché au CNRS, metteur en scène, auteur dramatique, Philippe Madral, a écrit "La colère du Tigre" en 2012.

Le thème

Au crépuscule de sa vie, Clémenceau, l’homme fort de la guerre de 14, que l’on nommait le "Tigre", vit retiré avec Clotilde sa gouvernante et Marguerite son dernier amour dans une modeste maison de pécheur, à Saint Vincent sur Jard, en Vendée. Il continue à se battre pour que Claude Monet, son ami d’enfance, achève les Nymphéas, œuvre monumentale pour laquelle il a obtenu de la Direction des Beaux-Arts d’aménager à grands frais le futur Musée de L’Orangerie. Monet se sent devenir aveugle. Et n’ose annoncer à son ami qu’il renonce à son œuvre. Pour temporiser, il refuse toutes les dates d’inauguration. D’interminables tergiversations finissent par provoquer la colère du Tigre, atterré lorsque qu’il apprend la destruction des peintures par son ami.

Points forts

1. Le texte. La pièce fait revivre deux monstres sacrés de la politique et de l’art à travers une sorte de huis clos. Au soir de leurs vies les deux hommes "vident leur sac" et s’affrontent autour des grands thèmes de l’amitié, la morale, l’honneur, le sens de la vie, la vieillesse… et aussi l’amour. Les formules sont brillantes à l’image des deux géants. Les mots claquent, la pensée et l’humour sont robustes. Fidèle à l’Histoire, la pièce évoque l'amitié indéflectible de ces hommes intransigeants, sourds à toute concession de fortune ou de gloire. Une belle leçon d’intégrité et de cou­rage.

2. L’interprétation. Difficile d’incarner des personnages historiques. Que ce soit Claude Brasseur (Clémenceau) ou Michel Aumont (Monet), ou encore Sophie Broustal (Marguerite Baldensperger, le dernier amour du Tigre) et Marie-Christine Danèle (Clotilde, sa gouvernante), chaque comédien exprime remarquablement les sentiments qui l’animent, entre désespoir, révolte, amitié, admiration et amour. Avec simplicité et intériorité.

3. La mise en scène. La direction artistique de Christophe Lidon est d’une grande sobriété. Tout est conçu pour que les personnages nous entraînent sur le chemin de leur vie. Sur fond d'un décor poétique, signé Catherien Bluwal, qui évoque en filigrane l’œuvre de Monet. Le temps du pouvoir est passé. Les deux hommes se racontent avec leurs faiblesses, leurs regrets, les espoirs et les désespoirs qui les animent. Le grand âge comme thème universel.

4. En prime : un grand moment d’émotion. Lorsque Claude Monet regarde au loin l’océan et le déchiffre en couleur, blanc de zinc, bleu azurin, cobalt clair… On rentre dans l’intimité de la vision du peintre. Magnifique !

Points faibles

Il n’y en a pas ou peu. On peut regretter peut être le jeu un peu en retrait de Michel Aumont, face à un Claude Brasseur flamboyant. Et encore ? Monet, a demi-aveugle, ne traversait-il pas une des plus grandes épreuves de sa vie ?

En deux mots

Un spectacle touchant, applaudi généreusement par le public qui se trompe rarement. La "Colère du Tigre" marque la rentrée théatrale de la saison.

Recommandation

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Informations

"La colère du Tigre" de Philippe Mardal. Mise en scène : Christophe Lidon avec Claude Brasseur, Michel Aumont, Sophie Broustal, Marie Christine Danède.Théâtre Montparnasse, 31 rue de la Gaîté, 75014 Paris.

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