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Rendre invisibles les objets moches : le MIT y travaille pour nous
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Cachez cet objet que je saurais voir

Des chercheurs du MIT sont parvenus à mettre au point un nouvel algorithme de camouflage qui permet de rendre certains objets invisibles.

Sébastien  Guenneau

Sébastien Guenneau

Sébastien Guenneau est physicien, chargé de recherche à l'Institut Fresnel de Marseille (CNRS / Université d'Aix-Marseille / Centrale Marseille).
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Atlantico : Des chercheurs du MIT sont parvenus à mettre au point un nouvel algorithme de camouflage permettant à n'importe quel objet de reproduire l'apparence de son environnement. Ce générateur d'invisibilité a été conçu pour cacher des éléments susceptibles de gâcher un décor, à l'image des poubelles publiques. Quel procédé les chercheurs ont-ils employé ? Peut-on parler de révolution ?

Sébastien Guenneau : Le procédé employé est basé sur le concept de tapis d'invisibilité introduit par Jensen Li (Université de Birmingham) et John Pendry (Imperial College de Londres) en 2008 : on peut cacher un objet devant un miroir en habillant l'objet avec un métamatériau qui fait en sorte que la lumière incidente soit réfléchie comme s'il n'y avait que le miroir. Le premier tapis d'invisibilité pour la lumière visible a été publié par les équipes de Londres et Birmingham en 2011 avec un matériau biréfringent appelé calcite. En mettant deux prismes de calcite bout à bout, les chercheurs on rendu invisible un cylindre de taille centimétrique sur tout le spectre visible. Ce que font les chercheurs du MIT est très similaire avec un jeu de miroirs qui dévient la trajectoire des rayons lumineux autour de l'objet à cacher. Cela peut rendre des objets de taille humaine invisibles, mais seulement suivant une direction : si l'observateur change de point de vue (il se déplace), il verra apparaître la poubelle ou autre. Il ne s'agit pas d'une révolution, mais plutôt d'une application intéressante des concepts d'optique de transformation introduits par John Pendry en 2006, sans faire appel aux métamatériaux, donc sans utiliser de nanotechnologie.

Quels sont les différentes manières de rendre invisible des objets ?

On peut utiliser la furtivité comme font les militaires depuis les années soixante (un avion furtif est conçu pour ne pas laisser d'écho radar, c'est-à-dire que toute onde radar envoyée sur l'avion rebondit sur sa structure de telle sorte qu'elle n'ait pas réémise dans la direction où se trouve le radar, donc l'avion n'a pas de signature radar). On peut simplement faire des objets transparents, par exemple, on peut penser au fil ou au scotch invisible.

Quelle est la différence entre l'imaginaire collectif véhiculé par les films et la réalité scientifique ?

La réalité, c'est que l'on ne peut aujourd'hui faire une cape d'invisibilité parfaite (l'observateur peut se déplacer autour de la cape et l'objet, et il ne les verra jamais) que pour des petits objets et une fréquence (une couleur). Donc on est loin de cacher Harry-Potter, il faudra encore quelques années pour y arriver.

Quel pourrait être l'utilité de ces techniques dans le civile ? A quels coûts ?

Pour le civil, on peut envisager notamment des capes d'invisibilité pour se protéger des ondes délétères: si je mets un casque d'invisibilité pour les fréquences de mon téléphone portable, je me protégerais de ces ondes. Les capes d'invisibilité se déclinent aussi pour d'autres types d'ondes: une cape sismique a été testée par l'Institut Fresnel (CNRS/Aix-Marseille Université/Centrale Marseille) et l'entreprise Ménard en 2012.

A quoi pourrait servir l'invisibilité dans le futur ?

Si on est très optimiste, on peut envisager de faire des métamatériaux qui singent le comportement des trous de ver de la théorie d'Einstein. Ces tunnels invisibles permettraient d'aller d'un point A à un point B sans être détecté.

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