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Peut-on encore porter des jupes ?
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Pire que la burqa ?

Entre l'angoisse de Chantal Jouanno et la sagesse de Michèle Alliot-Marie, comment s'y retrouver ?

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre est spécialiste de la communication publique et des medias.

 
 
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Chantal Jouanno, bien que championne de karaté, n'ose plus se mettre en jupe pour aller travailler. MAM dans le JDD lui fait la leçon : oui, on peut mettre une jupe, ou un pantalon, peu importe, les femmes sont libres de mettre ce qu'elles veulent, et les commentateurs multiples sont priés d'aller se rhabiller.

Notre ministre des Sports a cependant mis le doigt sur un fait incontournable : au quotidien, la porteuse de jupe contemporaine, évoluant en milieu urbain et au sein d'univers professionnels masculins doit, avant de sortir dans la rue ou pire, sortir le soir, déployer dix fois plus d'énergie que la porteuse de pantalon et cent fois plus que la porteuse de burqa.

Étudions la journée type d'une porteuse de jupe. Tout d'abord, alors qu'elle se dirige vers sa penderie, la porteuse de jupe doit dépasser un conditionnement qui remonte à sa plus tendre enfance. Elle s'entend encore narrer, assise sur les genoux de son aïeule, l'histoire horrifique du Petit Chaperon Rouge, conte destiné à formater utilement son esprit contre toute velléité de fantaisie. Les commandements cachés de cette histoire résonnent encore dans ses oreilles : point le mâle par une tenue provocante n'excitera, point de jupe trop courte ne portera, à carreau te tiendra sinon le Loup te mangera.

Ayant atteint la porte de son placard, la porteuse de jupe, telle Aretha Franklin, réfléchit à sa tenue tout en faisant sa prière du matin. Cette phase de concentration intense peut entrainer une immobilité de plusieurs dizaine de minutes devant les portes grandes ouvertes du placard. Car l'alchimie du choix dépend non seulement de la météo, mais aussi de l'humeur, des rencontres ou des rendez vous prévus, de l'envie que l'on a de plaire ou de se plaire, du nombre de paires de chaussures en stock, bref d'une telle conjugaison aléatoire de données que la décision finale est le fruit d'une dynamique impossible à modéliser scientifiquement.

Une fois sortie dans la rue ou arrivée au bureau, la porteuse de jupe doit se résoudre, selon la longueur du tissu, à être cataloguée comme plutôt salope ou plutôt soumise, et devra être prête à affronter regards salaces ou propos graveleux. Mais, un propos graveleux n'est-il pas que le signe d'un désir frustré, et qui le restera? Il n'y a pas mort d'homme, et ce n'est pas en troquant la jupe contre un pantalon qu'on l'évitera : une femme sexy ne l'est elle pas autant en jupe qu'en pantalon ?

Écoutons donc la sagesse de MAM. La femme porteuse d'une jupe ou d'un pantalon, ou même, si elle en a envie, d'un short ras les fesses, émet des ondes qui renseignent utilement le mâle qui songerait éventuellement à dépasser les limites. Il suffit de bien régler l'émetteur. Cette fréquence est exactement calée sur l'image que l'on a de soi, et l'idée que l'on se fait de sa liberté. Comme le dit MAM, on se fait respecter sur le seul critère professionnel, en jupe ou non, que l'on soit blonde ou pas. Pas besoin donc de passer une burqa pour éviter les ennuis.

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