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Troublante découverte au fond de la fosse des Mariannes
©cc Flickr

Atlantico Green

Dans la fosse des Mariannes, au point le plus profond des océans, tous les organismes étudiés ont ingéré des particules de micro-plastique. Preuve que la pollution a atteint le moindre endroit sur Terre.

Atlantico : Pendant dix ans, un scientifique de l'Université de Newcastle a envoyé des véhicules au fond de l'océan pour étudier les formes de vie qui s'y trouvent. Que nous apprend cette expérience ? 

François Galgani : On savait déjà qu'il y a des plastiques dans les fonds marins et même à des profondeurs très importantes. On savait également qu'il y a plusieurs centaines d'espèces qui ingèrent des plastiques. La nouveauté, c'est que l'on a découvert qu'il y a aussi des espèces de très petites tailles évoluant dans les profondeurs de l'océan qui ingèrent ces plastiques. Dans ce cas précis il s'agit d'espèces vivant au plus profond de la fosse des Mariannes, soit à 11 000 mètres. 

L'équipe de scientifiques a retrouvé des morceaux de fibres au fond de la fosse des Mariannes, qu'est-ce que cela implique ?

Ce n'est pas spectaculaire, mais cela confirme que certains maillons de la chaîne alimentaire sont touchés, notamment les plus profonds. Après, en terme de gestion, il est difficile d'apporter quelque chose. On voit mal comment on pourrait limiter les arrivées vers le fond et protéger ces espèces qui sont difficilement accessible. On est donc au bout du chemin, on ne peut pas aller plus loin. On pourrait imaginer que des espèces encore plus petites sont touchées, mais on pourra difficilement aller vérifier au vue de la profondeur.

Qu'est-ce que cela implique pour l'environnement ? L'expérience nous donne-t-elle une nouvelle perception de la globalité du phénomène ?

On a déjà des informations sur la contaminations des zones arctiques, notamment des zones profondes. Par exemple, on a montré que dans certaines fosses au-delà du cercle polaire il y avait des accumulations significatives. Dans ce cas précis, c'est plus diffus, plus profond. Ces découvertes démystifient quelque peu le milieu profond.

Existe-t-il une solution pour lutter efficacement contre ces pollutions plastiques ?

C'est à la source qu'il faut agir. L'agenda politique s'en est d'ores et déjà chargé. Il y a de plus en plus de mesures, certains pays interdisent les sacs plastiques tandis que d'autres - comme l'Union européenne et la France - limitent les plastiques à usage unique. Le problème, c'est qu'on ne verra pas les effets tout de suite. Il existe encore une certain inertie. Mais la prévention et l'amélioration du traitement des eaux peut avoir un impact important, notamment dans les pays asiatiques (dans la région de la fosse des Mariannes).

Peut-on trouver de la pertinence à la multiplication des initiative chez nous alors que la majorité des grands pollueurs sont asiatiques ? 

Cela reste important. Par exemple, l'UE a voté une directive contre les plastiques à usage unique qui est la directive la plus rapide. Cela montre bien le besoin et l’intérêt politique et social de telles mesures. Il y a une demande de plus en plus forte, les travaux  -comme celui dont on parle ici- se multiplient, la réaction est donc assez radicale. Parce que ce sont des problèmes d'environnement globaux, les mesures ne peuvent pas être prises en deux jours. Il y a encore une certaine inertie et certains pays auraient dû réagir depuis bien longtemps mais les initiatives prises actuellement sont positives. Dans les initiatives globales, l'aide envers ces pays-là (pour le traitement des eaux notamment) se multiplie. 

La pollution des grands fonds par les plastiques est immense, mais étant donné que les débris sont infimes, peut-on réellement rattraper nos erreurs ?

Je ne pense pas. On ne va pas chercher les nodules polymétalliques au fond de la mer, alors qu'ils sont d'une richesse considérables (en minéraux notamment). On voit donc mal comment on pourrait aller chercher des plastiques qui ont été d'abord été abandonnés à terre. Ce qu'il faut savoir, c'est que les plastiques en mer sont dégradés, très hétérogènes et ainsi quasiment pas recyclables. Il n'y a donc aucun intérêt économique à aller les rechercher, hormis patrimonial. Or, à part des initiatives ponctuelles, les individus se sentent généralement peu concernés. L'impact doit être fait au niveau de la prévention. 

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